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RÉSULTATS

Jouer le cadran chez le Canadien

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MONTRÉAL – Gigantesques et ultra-performants, les écrans géants surplombant les patinoires du Centre Bell et des 31 autres amphithéâtres de la LNH hypnotisent les amateurs par la qualité des images qu'ils projettent et la quantité d'informations qu'ils proposent.

Mais ces écrans servent d'abord et avant tout à afficher le temps qu'il reste à écouler à la période en cours.

Kyle Connor savait que la deuxième période achevait lorsqu'il a hérité de la rondelle en zone neutre. « Il restait cinq ou six secondes à faire lorsque j'ai levé les yeux. C'était assez de temps pour tirer au fond de la patinoire et me rendre dans l'enclave pour espérer y recevoir la rondelle », que l'as marqueur des Jets a expliqué après la victoire.

Et c'est exactement ce qui est arrivé.

Parce que Connor a joué le cadran, parce que son coéquipier David Gustafsson l'a fait tout autant en fonçant droit dans le coin de la patinoire pour y récupérer la rondelle et la ramener devant Samuel Montembeault qui n'a ensuite jamais pu réagir face au tir de Connor, les Jets ont marqué avec un peu moins d'une seconde à faire à la période médiane.

Tous les buts encaissés en fin de période font mal. Mais le deuxième marqué par Connor aux dépens du Canadien, mardi, a fait particulièrement mal parce qu'il permettait aux Jets de prendre les devants 3-1. Et il a fait plus mal encore parce que le Canadien aurait facilement pu l'éviter si les cinq joueurs envoyés sur la patinoire avaient été aussi allumés que leurs rivaux sur la séquence.

« Nos gars n'ont pas joué le cadran et cela a fait mal », a reconnu Martin St-Louis.

Manque de conviction

Ça sautait aux yeux en temps réel. Les reprises l'ont démontré avec plus de réalisme encore...

On peut bien saluer la présence d'esprit de Connor de tirer dans le coin avant de foncer vers l'enclave. On peut bien louanger la conviction affichée par Gustafsson pour aller récupérer la rondelle dans le coin et récolter sa troisième passe de la saison sur le 29e but de son coéquipier.

Mais Gustafsson n'aurait jamais récupéré cette rondelle si Kaiden Guhle et Lane Hutson avaient affiché autant de conviction que le joueur de soutien des Jets.

Les deux arrières semblaient plus occupés à déterminer qui des deux devait aller se battre pour la rondelle. La reprise montre que Hutson se sort d'abord complètement du jeu avant d'aller rejoindre Guhle. Gustafsson gagne malgré tout cette bataille qui aurait pourtant dû être inégale à l'avantage du Canadien.

Mais il y a pire.

Il y a Christian Dvorak et Michael Pezzetta qui se transforment en spectateurs dans l'enclave. Ils regardent bêtement dans le coin de la patinoire en attendant le son de la sirène mettant fin à la période au lieu de se préoccuper de Connor et des autres Jets qui, derrière eux, sont prêts à sauter sur la rondelle des fois que...

Avec le résultat qu'on connaît.

Pourquoi Pezzetta?

Le manque de communication ou de hargne – ou un malheureux mélange des deux – de Hutson et Guhle n'a pas aidé. Mais la présence des deux jeunes défenseurs en fin de période peut difficilement être remise en question.

Hutson a besoin de ce genre de présences pour acquérir de l'expérience.

Guhle? Il est déjà un pilier de la brigade défensive du Tricolore. Au fait : on ne peut que lui souhaiter d'avoir évité le pire et s'écrasant le genou droit dans la bande après une vilaine chute. Sa réaction et la douleur qui semblait l'accabler n'annonçaient rien de bon lorsqu'il a quitté la patinoire. Le jeune défenseur a été foudroyé plus souvent qu'à son tour par les blessures depuis son arrivée avec le grand club. Sa sortie du match nous a rappelé qu'il a raté quelques mois d'activités il y a deux ans justement en raison d'une blessure au genou gauche.

Mais bon! On va attendre le bilan médical pour cette blessure au bas du corps... 

Si les présences de Guhle et Hutson étaient justifiées et qu'on peut facilement comprendre celles de Gallagher et Dvorak, on peut toutefois se demander pourquoi Michael Pezzetta complétait le quintette en fin de période médiane.

Pas question ici d'imputer tout le blâme à Pezzetta sur ce but qui a fait très mal. Il avait connu une bonne présence plus tôt en deuxième alors qu'un brin plus de talent et deux brins plus de chance auraient pu lui permettre de niveler les chances lorsqu'il s'est retrouvé devant une rondelle libre, mais sautillante, et un filet des Jets abandonné par Connor Hellebuyck.

Mais Pezzetta n'a effectué que huit présences (5 minutes 15 secondes de temps d'utilisation) lors du match de mardi. Martin St-Louis l'a écarté de la formation 37 fois en 50 matchs disputés jusqu'ici cette saison.

Il doit bien y avoir des raisons à la douzaine pour justifier l'utilisation aussi parcimonieuse de Pezzetta qui est un bon travaillant et un bon gars d'équipe. Mais en fin de période, peut-être qu'il aurait été plus sage d'y aller avec un autre que lui.

« Non je ne pense pas », que Martin St-Louis m'a répondu à la fin de son point de presse.

Je sais! C'est très facile à dire et à écrire alors qu'on analyse le jeu après qu'il se soit déroulé, et non avant.

Et si Connor ne donne pas les devants 3-1 aux Jets sur la séquence, la présence de Pezzetta en fin de période, les manques de conviction et de communication affichés par Guhle et Hutson et la séance de contemplation de Dvorak et Gallagher passent totalement inaperçus.

Mais Connor a marqué!

Et sur cette séquence, le Canadien a fait ce qu'il faisait trop souvent en début de saison lorsqu'il perdait beaucoup plus qu'il ne gagnait. Lorsqu'il accordait beaucoup plus de buts qu'il en marquait : il a facilité la tâche de ses rivaux au lieu de la compliquer.

Et ça explique en grande partie pourquoi il a perdu.

Hellebuyck s'impose

Le but accordé en fin de deuxième par le Canadien a fait très mal. Mais il n'explique pas à lui seul le fait que le Canadien n'ait pu ajouter de points au classement.

Car Connor Hellebuyck a joué un rôle de premier plan pour signer son 31e gain de la saison, le 35e de son équipe.

Il s'est imposé en début de rencontre alors que le Canadien était seul sur la glace. Car oui! On doit saluer l'excellent début de rencontre du Tricolore qui méritait pleinement de prendre les devants lorsque Slafkovsky a marqué en milieu d'engagement.

Hellebuyck s'est aussi signalé en troisième. Plusieurs – moi le premier – pensaient que le match était joué. Mais sans ses arrêts aux dépens de Josh Anderson au terme d'une longue échappée, un autre face à Nick Suzuki sur un très bon tir de l'enclave et le poteau qui lui est venu en aide sur un tir de Lane Hutson, le Canadien aurait pu revenir de l'arrière et peut-être brouiller les cartes une fois encore.

« On sait qu'on peut toujours compter sur lui » que Kyle Connor et Mark Scheifele ont lancé en souriant après le match.

Comme si les deux vedettes offensives savaient qu'ils et leurs coéquipiers peuvent se permettre de tricher un peu de temps en temps en raison du rempart qui de dresse derrière eux.

Le Canadien avait décidé de réunir Mike Matheson et Alexandre Carrier pour tenter de contrer le duo Scheifele-Connor. Le premier a marqué son 29e but de la saison alors que le nouveau duo du Canadien était sur la glace. Connor a marqué son premier du match en surprenant Matheson et Montembeault qui ne lui offraient pratiquement rien en fait de temps et d'espace pour tirer.

« Ce n'est pas pour rien que Kyle est l'un des meilleurs francs-tireurs de la Ligue. Il peut tirer de n'importe où et peut dégainer sans avertissement. Je le vois aller tous les jours, mais je suis encore émerveillé par les buts qu'il marque. Nous en avons 29 tous les deux, mais il devrait être bien en avant sur moi. Ce serait une bonne chose, car ça me donnera plus de passes que de buts ce qui correspondra plus au type de joueur que je suis », a commenté Scheifele qui, ce matin, affiche un but de plus que de passes récoltées.

Parlant de Scheifele, il a prétendu ne pas avoir vraiment entendu les huées nourries que lui réservaient, encore mardi, les partisans du CH à chaque fois qu'il s'emparait de la rondelle.

Mais comme Scheifele a insisté sur le fait que l'ambiance au Centre Bell est fantastique et que l'implication de la foule était une grande source de motivation, je crois que finalement il les a bel et bien entendues ces huées...