Michel Therrien, le Canadien et ses fans au grand complet n’ont pas aimé la mise en échec qui a envoyé Max Pacioretty tête première dans la bande avant de l’envoyer à l’hôpital.

C’est normal. Un coach, une équipe et son armée de partisans ne veulent pas perdre leur meilleur joueur. De fait, le commentaire de David Desharnais qui a convenu après la rencontre que le Canadien avait un brin ou deux perdu le match en perdant les services de Pacioretty est assez éloquent merci.

Une chance qu’il n’est pas blessé pour longtemps. Du moins, c’est ce qu’on laisse entendre dans le camp du Canadien. Pacioretty n’est pas sur la patinoire avec ses coéquipiers vendredi. Mais la blessure au haut du corps – commotion ou épaule amochée? À vous de choisir – ne serait pas trop grave.

J’espère pour le Canadien et ses fans. Je l’espère aussi pour Pacioretty qui est en voie de connaître une autre bonne saison et surtout de se hisser au rang de meilleur leader de son groupe. Un leader qui prend une sérieuse option sur le titre de capitaine.

Je n’ai pas aimé la mise en échec. Sans être tardive, sans être complètement par derrière, sans être susceptible d’entraîner des mesures disciplinaires supplémentaires de la part de la LNH, cette mise en échec représentait à mes yeux un cas évident d’avoir donné de la bande.

Loin de moi l’intention de pousser les hauts cris de complot et d’injustice comme le font trop de partisans dès qu’un des leurs se retrouve les quatre fers en l’air, mais je suis d’avis qu’une pénalité de deux minutes imposée à Stoner en fin de rencontre aurait été justifiée.

Elle n’est pas venue.

N’attendez pas de mesure disciplinaire supplémentaire non plus. Le bureau de la sécurité des joueurs a confirmé ce matin qu’il n’y en aurait pas. Pourquoi? Parce que le coup ne le justifiait pas. Point final. Oui Pacioretty est mal tombé, mais cette chute, et surtout ses conséquences, sont le résultat du fait que Pacioretty était en déséquilibre après avoir remis la rondelle vers la ligne bleue et surtout qu’il était à la pire distance qui soit de la bande. La distance maudite qui fait que la bande, au lieu d’amortir l’impact comme cela aurait été le cas si Pacioretty avait été appuyé contre elle, s’est retrouvé tête – ou épaule – première dans la bande.

C’est plate de même, mais c’est comme ça.

Pénalités coûteuses

Est-ce que cette décision de ne pas sévir aux dépens de Stoner explique à elle seule la défaite honorable de 2-1 aux mains des puissants Ducks d’Anaheim?

Pas du tout.

Oui le Canadien a profité de la pénalité qui a suivi ce geste demeuré impuni pour niveler les chances 1-1 en début de troisième, mais P.K. Subban a offert la chance aux Ducks de reprendre les devants avec ses deux pénalités écopées au dernier tiers.

Je cherche toujours à comprendre pourquoi les arbitres l’ont chassé la deuxième fois. Mais la première était évidente. P.K. cherchait noise à tous les canards qui passaient dans son coin et il s’est clairement rendu coupable d’obstruction en empêchant Devante Smith-Pelly de poursuivre sa progression en territoire du Canadien.

P.K. est un joueur visé par les arbitres. C’est évident. Il joue sur la corde raide dans tous les aspects du jeu. Il le fait parce qu’il a le talent pour le faire et parce qu’en un jeu, un tir, un tour de magie, il peut faire oublier dans la tête des partisans les nombreuses erreurs commises avant ce coup de maître.

Mais ces erreurs laissent des traces difficiles à effacer dans la tête des entraîneurs et de ceux qui ne se laissent pas aveugler par les tours de magie. Même chose avec les arbitres : P.K. étire l’élastique à l’extrême limite avec eux et il lui arrive maintenant très souvent, trop même, de le voir lui casser au visage.

Est-ce que les arbitres sont justes à son égard?

Parfois non. Je suis d’accord. Mais quand tu sais que tu es dans l’œil du dragon, tu dois prendre les moyens pour ne pas t’offrir en pâture trop facilement. Du moins, il me semble…

Retour en force

Bien que P.K. n’ait pas aidé la cause de son équipe en fin de match avec ses deux autres pénalités mineures – en passant, il partage le deuxième rang de la LNH avec Evgeni Malkin puisque tous deux ont écopé 19 pénalités mineures, 5 de moins que Dion Phaneuf et Steve Downie –, le Canadien a disputé un bon match contre la meilleure équipe de la Ligue.

Bon! La partie a plutôt mal commencé.

Le quatrième trio – Bournival, Malhotra, Tangradi – et les défenseurs Gilbert et Beaulieu ont passé trois minutes dans leur zone, incapables de sortir la rondelle de leur territoire autrement qu’en effectuant des dégagements refusés.

Et comme certains partisans semblaient l’avoir oublié en cours de rencontre hier, un entraîneur ne peut effectuer de changement de joueur en défense après un tel dégagement refusé.

Michel Therrien a donc dû écouler son temps d’arrêt très tôt dans la rencontre pour donner une chance à ces cinq joueurs de reprendre leur souffle. Il en a profité pour vilipender Tangradi qui a raté un, deux, trois dégagements alors que Malhotra a raté quelques passes tout en perdant la mise en jeu qui a suivi le temps d’arrêt. Une mise en jeu qui a précédé le premier but des Ducks.

Je dois donner la première étoile des commentaires entendus en marge du match à Guy Carbonneau qui, sur ce but, a déclaré que Carey Price avait laissé passer la rondelle pour s’assurer que le quatrième trio puisse enfin retourner au banc.

Tangradi a joué 5 min 34 s jeudi, dont trois minutes au cours de cette seule séquence en première période.

Une séquence au cours de laquelle il a dissipé les espoirs de ceux – je peine à croire qu’il en restait, mais bon – qui croyaient encore qu’il pouvait assumer un rôle de soutien dans la LNH.

Pas surprenant qu’il soit déjà retourné à Hamilton ce matin.

J’espère, si vous me donnez le droit d’espérer, que Sven Andrighetto sera rappelé pourvu que le Canadien ait vraiment l’intention de l’utiliser au sein de l’un des trois premiers trios.

Mais si Lars Eller confirme son retour au jeu, et que Pacioretty est en mesure de jouer samedi, le Canadien n’aura pas à rappeler d’attaquant de son club-école. Du moins pour le moment.

Après cet affreux début de rencontre, le Canadien s’est bien débrouillé. De fait, il a fait mieux que se débrouiller. Dominé 8-1 au chapitre des tirs au but tôt dans la rencontre, le Tricolore a finalement rattrapé les Ducks en fin de match (24-23).

Alex Galchenyuk a créé quelques bonnes occasions pour son club, mais David Desharnais et les membres du troisième trio (Parenteau-Prust) ont encore été les meilleurs du Tricolore hier.

Le Canadien a déployé les efforts nécessaires pour gagner. Mais contre l’une des meilleures équipes de la LNH, il s’est rivé le nez à la porte d’une prolongation.

Plaçons ce revers dans la colonne des défaites honorables, si de telles défaites existent vraiment!

Au risque de me répéter, le nouveau trio de David Desharnais est très intéressant et j’ai hâte de voir comment Michel Therrien jonglera avec ses trois premiers trios lors du retour d’Eller… et de Pacioretty.

Si Pacioretty est sur la touche, Eller pourrait le remplacer à la gauche de Galchenyuk et Gallagher.

En passant, Gallagher mérite des éloges ce matin pour le travail abattu jeudi. Dans le cadre de cette soirée hommage à Saku Koivu, Gallagher a fait honneur au chandail numéro 11. Vraiment!

On pourrait remettre Andrighetto avec Plekanec et Sekac, garder intact le trio de Desharnais et retourner Weise au sein du quatrième trio.

Mais bien d’autres scénarios se profilent aussi.

Attendons d’en savoir plus sur la nature de la blessure à Pacioretty et sur l’identité de l’attaquant rappelé avant de se donner des maux de tête en jonglant avec trop de combinaisons.

Tokarski avec les Bulldogs

Dustin Tokarski a fait le voyage vers Hamilton en compagnie de Tangradi. Mais les motifs de son renvoi sont bien différents.

Contrairement à Tangradi, Tokarski ne fera que passer par Hamilton. Parce qu’il n’a pas joué depuis le 29 novembre contre Buffalo, et qu’il ne devrait pas jouer avant un bout de temps à moins d’une blessure subie par Carey Price, Tokarski a été cédé aux Bulldogs pour une période de remise en forme qui lui permettra de disputer deux matchs en fin de semaine.

Il sera de retour à Montréal dimanche.

Et parce que ce renvoi est attribuable à une remise en forme, le gardien auxiliaire du Canadien n’a pas à être soumis au ballottage.

Le CH confirmera à 17 h – un rappel effectué après 17 h permet aux équipes de la LNH d’économiser une journée de salaire, ce qui est peut-être utile lorsqu’on compose avec une masse salariale qui flirte trop avec le plafond – qui de Joey MacDonald ou de Mike Condon sera rappelé pour épauler Carey Price.

MacDonald, s’il est rappelé, n’aura pas à être soumis au ballottage lors de son retour à Hamilton à moins qu’il ne dispute 10 matchs avec le Canadien ou qu’il passe 30 jours à Montréal. Un scénario disons improbable...