Le CH bousille l'entrée grandiose de Demidov
MONTRÉAL - Ivan Demidov a fait sa part. Et comment! Samuel Montembeault l'a fait lui aussi.
Les partisans du Canadien l'ont fait tout autant en ovationnant à tout rompre l'entrée en scène de leur nouveau héros, en solo, dès le début de la période d'échauffement. Un échauffement qui s'est non seulement déroulé devant des gradins presque tous occupés, mais qui s'est déroulé devant des partisans qui sont restés debout pour ne rien manquer des premiers coups de patin d'Ivan Demidov.
Il y avait d'ailleurs un petit quelque chose de solennel dans cet accueil.
Loin de s'éteindre, les partisans ont maintenu le rythme tout au long de la rencontre en scandant plus fort encore le nom de famille de leur nouveau favori lorsqu'il a récolté une passe sur le premier but du match, un but qu'il a offert à Alex Newhook dès sa troisième présence, le but qu'il a marqué quelques minutes plus tard et les jeux impressionnants qu'il a multipliés au fil des 21 présences effectuées au cours de son tout premier match dans la LNH.
Il est juste dommage et même déplorable que les coéquipiers d'Ivan Demidov aient bousillé et même gâché l'entrée grandiose du nouveau héros du Tricolore. Une entrée historique alors que rarement – est-ce qu'on peut se permettre d'écrire jamais? – l'arrivée d'un joueur du Canadien, aussi talentueux soit-il, aussi brillant soit son avenir, aussi grands soient les espoirs fondés en lui avaient suscité autant d'engouement, de frénésie, de douce folie.
Une entrée qui aurait davantage marqué la déjà très riche histoire du Canadien de Montréal si les nouveaux coéquipiers de Demidov ne s'étaient pas bêtement laissé battre par les Blackhawks de Chicago.
Des Blackhawks qui sont 31e au classement général de la LNH est-il besoin de le rappeler. Des Hawks qui ont signé lundi soir leur 24e victoire de la saison, leur neuvième seulement en territoire ennemi.
Des Blackhawks qui se sont rapidement retrouvés avec un déficit de 0-2 à combler. Des Hawks qui, loin de s'écraser comme on aurait facilement pu croire qu'ils le feraient, ont ensuite dicté le rythme du jeu bien plus souvent qu'ils se le sont fait imposer; qui ont emprisonné le Canadien dans son territoire; fait avorter des dizaines de relances en plus de pousser le Tricolore vers des revirements en cascade, tout ça en raison d'un échec-avant efficace et soutenu dont les joueurs du Canadien ont été prisonniers bien trop souvent pour pouvoir gagner.
Un gros point, loin d'être mérité
Oui le Canadien a nivelé les chances en fin de troisième période pour pousser le match en prolongation.
Mais il l'a fait sur un but chanceux alors que la rondelle a dévié accidentellement à deux reprises avant de se retrouver derrière le gardien Arvid Soderblom. Un but marqué lors d'une attaque massive généreusement accordée par les officiels qui ont chassé le grand et gros défenseur Connor Murphy pour un accrochage bien anodin.
Oui le Canadien a finalement soutiré un point en s'inclinant en tirs de barrage. Un gros point comme l'ont répété souvent Martin St-Louis et les joueurs de son équipe.
Un point qu'Ivan Demidov méritait pleinement. Samuel Montembeault aussi. Tout comme les partisans.
Mais ce point, le reste de l'équipe ne le méritait pas vraiment, voire pas du tout!
Vrai que Lane Hutson a récolté sa 59e passe de la saison. Il a du coup établi un nouveau record d'équipe (65 points) pour un défenseur recru avec le Canadien. Mais le petit défenseur n'a pas offert un match à la hauteur de ce qu'il nous offre habituellement en matière d'efficacité.
À son âge c'est bien normal cela dit!
Le Canadien ne méritait donc pas la confirmation d'une place en séries éliminatoires qui était associée à une victoire. Une confirmation qui devra attendre encore un peu. À moins que le Tricolore et ses partisans ne soient finalement condamnés à l'attendre tout l'été!
Car oui cela pourrait arriver.
Mais pour venir chasser le Canadien des séries, les Blue Jackets de Columbus doivent battre les Flyers, à Philadelphie, mardi soir. Ils doivent aussi gagner, jeudi, à domicile, contre les Islanders de Patrick Roy. Et attention : ils doivent gagner ces deux matchs en temps réglementaire.
Mais ces victoires ne compteront pas si le Canadien récolte ne serait-ce qu'on point mercredi soir alors que les Hurricanes de la Caroline feront leur dernière visite au Centre Bell cette saison... à moins que les deux clubs ne se croisent plus tard en séries!
Cela dit, si le Canadien est aussi brouillon en matière d'exécution mercredi contre les « Canes » qu'il ne l'a été lundi soir face aux Blackhawks, les partisans du Tricolore sont mieux de commencer dès maintenant à envoyer des ondes négatives en direction des Jackets...
« Rien de facile »
Martin St-Louis affichait un air sévère lorsqu'il s'est présenté devant les journalistes après le match.
On l'a senti un brin ou deux résigné lorsqu'il a convenu qu'il n'y avait « rien de facile » en ce moment pour son équipe qui vient de perdre trois matchs de suite après une séquence de six gains consécutifs.
L'entraîneur du Canadien n'a pas mis en cause l'effort déployé par ses joueurs. Il l'a même louangé.
Mais il a vu ce que les 21 000 spectateurs entassés dans les gradins et la quinzaine de dépisteurs professionnels dépêchés au Centre Bell venaient d'être témoins.
Il a vu une équipe qui a bien mal travaillé.
« L'exécution faisait défaut. La nervosité associée à notre situation est bien réelle. Ça prend de l'expérience et de la maturité pour composer avec cette nervosité. Notre niveau d'urgence était moyen, mais en même temps, il faut aussi rester calmes dans un moment aussi stressant pour s'assurer de bien lire le jeu, de prendre les bonnes décisions et de bien exécuter ce que l'ont fait. Il faut être capable de jouer sous la pression », que Martin St-Louis a défilé en guise de plaidoirie visant à défendre ses joueurs.
Pourtant, le joueur le moins expérimenté du Canadien, celui qui disputait son tout premier match en carrière dans la LNH et qui avait le poids immense des attentes à son endroit à porter sur ses jeunes épaules a été le meilleur du Tricolore.
Ivan Demidov a bien patiné. Il a bien lu le jeu. Il s'est imposé dans des batailles à un contre un. Il a déjoué des opposants avec un coup de patin vif et rapide. Son talent lui a permis d'aider Alex Newhook à marquer. Ce n'est pas rien! Sa combativité lui a permis d'enfiler son premier but dès son premier match, dès sa première période dans l'uniforme tricolore. Ce n'est pas rien ça non plus.
« Il a été excellent. Il a la tête, le talent, les jambes. C'était plaisant de le voir aller », a reconnu Martin St-Louis avant de dresser une ligne entre la réalité de Demidov et celle du reste de l'équipe qui a traversé mille et une épreuves depuis le début de la saison pour se hisser jusqu'à la porte des séries.
« Il ne composait pas avec le même genre de pression. Il arrive avec la naïveté d'un jeune joueur. Il n'avait qu'à jouer », a expliqué l'entraîneur-chef du Canadien tout en ajoutant que Demidov méritait pleinement l'accueil triomphal que lui ont réservé les partisans.
Foligno encense les partisans
Des partisans qui ont été à la hauteur de leur réputation a d'ailleurs assuré le capitaine des Hawks, Nick Foligno, après la rencontre.
« Ça fait un bout de temps que je suis dans la LNH et il n'y a rien de comparable à l'atmosphère qui règne ici. Rien de comparable à la passion des amateurs d'ici. Ils sont sensationnels. Ils le sont depuis toujours. C'est exceptionnel de voir à quel point ils peuvent rapidement faire vibrer la place avec autant d'intensité », a défilé celui qui a été repêché en première ronde par les Sénateurs d'Ottawa en 2006, qui est rendu à 37 ans et complète sa 18e saison en carrière.
« Ces partisans sont très impliqués dans les matchs. Lorsqu'ils ont pris les devants 2-0, la foule était endiablée. Il aurait été facile pour nos jeunes joueurs d'être assommés par la foule. Je suis très fier de voir qu'ils sont restés bien concentrés. Qu'ils ont continué à travailler. On a joué un très fort match. Une pénalité discutable a changé le cours de la fin de la partie. Car je crois vraiment qu'on méritait non seulement de gagner, mais qu'on méritait de le faire en temps réglementaire. Ce qu'on a fait ce soir va nous aider à grandir dès l'an prochain. On a beaucoup de talent et beaucoup de jeunesse au sein de notre équipe. Il faut acquérir de l'expérience. C'est ce qu'on a fait cette année. Cela est loin d'avoir été facile, mais le match de ce soir témoigne des progrès réalisés », a expliqué celui qui a bien l'intention de guider ses jeunes coéquipiers encore l'an prochain.
Fusillade : de l'eau sur la poudre!
La séance de tirs de barrage a été marquée par un imbroglio encore jamais vu.
Premier joueur des Hawks à s'élancer vers Samuel Montembeault – Cole Caufield venait d'être stoppé par Soderblom sur le premier tir du Canadien – Frank Nazar a déjoué le gardien du Tricolore avec un très bon tir du revers.
Le hic : Nazar était le seul – en plus de quelques partisans des Hawks assis derrière le filet – à avoir vu la rondelle se coincer entre les mailles du filet et la bouteille d'eau accrochée derrière le but. Les arbitres et les juges de lignes n'ont rien vu. Les joueurs des Hawks n'ont plus.
« Je l'ai félicité pour sa belle tentative et je ne comprenais pas pourquoi il semblait fâché contre moi », a expliqué Nick Foligno en riant après la rencontre.
Les responsables de la salle de contrôle de Toronto ont confirmé le but de Nazar. Mais la communication ne s'est pas rendue aux arbitres sur la patinoire. Lorsque Patrik Laine s'est élancé à titre de deuxième joueur envoyé par Martin St-Louis, le score était toujours 0-0 aux yeux de tout le monde, bien que les Hawks étaient en avant 1-0.
Le Canadien a demandé à pouvoir reprendre le deuxième tir après la pause nécessaire pour faire la lumière sur l'imbroglio.
Une permission qui lui a été refusée.
« J'aurais pu changer l'ordre de mes joueurs avoir su que Chicago avait marqué », a plaidé St-Louis. Mais les arbitres sont demeurés de marbre.
Après avoir vu Caufield et Laine être stoppés par Soderblom, Nick Suzuki s'est à son tour buté au gardien des Hawks, confirmant ainsi la victoire de Chicago, ou la défaite du Canadien, selon l'angle d'analyse que vous préférez.
Si les Blue Jackets battent les Flyers, mardi soir, en temps réglementaire, la pression sera soudainement beaucoup plus étouffante mercredi soir au Centre Bell. Et un match qui s'annonçait comme une simple préparation aux séries, deviendra soudainement très important. Crucial même.
Il faudra donc qu'Ivan offre une deuxième impression aussi flamboyante que sa première, mais que cette fois, le jeune Russe ne soit pas abandonné par ses nouveaux coéquipiers.