Le CH encore haché finement!
MONTRÉAL - Plusieurs raisons expliquent pourquoi le Canadien s'est fait planter 7-2 par les Rangers, mardi soir, au Centre Bell.
La principale : les Rangers sont des prétendants logiques à la coupe Stanley alors que le Canadien peut parler de la course aux séries tant qu'il le voudra, mais c'est la course aux meilleurs choix au repêchage dans laquelle il sera confiné encore cette année.
Tous les trios des Rangers étaient meilleurs que les trios que Martin St-Louis envoyait sur la patinoire.
Tous les duos des Rangers étaient meilleurs que les duos que Stéphane Robidas envoyait sur la patinoire.
Devant le filet? Pas sûr que Samuel Montembeault et Cayden Primeau, les deux en même temps devant la cage du Tricolore et non l'un après l'autre, auraient été en mesure de rivaliser avec Igor Shesterkin à l'autre bout de la patinoire.
Sur papier, le Canadien ne faisait donc pas le poids.
Sur la glace non plus!
Avec le résultat qu'on connaît. Un résultat qui aurait pu être bien pire alors que trois tirs des Rangers – deux d'Alexis Lafrenière – ont frappé les poteaux à la gauche et la droite des deux gardiens utilisés le CH – et cinq rondelles ont aussi frappé la barre horizontale.
«Je suis déçu» que Martin St-Louis a admis candidement après le match. Remarquez que le contraire aurait été bien surprenant!
Le coach a mis du temps avant de venir répondre aux questions des journalistes. Beaucoup de temps!
Il fallait laisser tomber le niveau de rage et de frustration qu'une telle défaite, devant ses partisans, dans le cadre d'une grande soirée au cours de laquelle le Canadien rendait hommage aux Glorieux qui ont soulevé quatre coupes Stanley consécutives à la fin des années 1970. Il fallait trouver un brin de positif à tirer de cette dégelée.
«On était prêts. On a bien amorcé le match. On a bien amorcé la deuxième période aussi. On a créé des choses dès la première séquence de match. On s'est installés à l'autre bout, mais ce sont eux qui ont marqué sur leur premier tir. Ce premier «shift» du match a bien commencé, mais il a mal fini», que St-Louis a convenu.
Cette explication peut se propager à l'ensemble de la partie. Car très souvent, trop souvent en fait, le Canadien a amorcé de bonnes séquences. Mais ces bonnes séquences n'ont rien donné, ou pas assez, alors que les Rangers ont su maximiser celles qu'ils ont créées.
Et pas seulement à cause de la générosité de Montembeault et Primeau qui ne sont pas seuls à devoir assumer le blâme, dans la défaite, ça non, mais qui n'ont pas donné à leur club une chance de gagner. Qui n'ont pas même su inspirer ne serait-ce qu'un brin de confiance chez leurs coéquipiers. Encore moins du côté des partisans…
Haché finement
Que le Canadien ne soit pas de taille face aux Rangers n'a rien de bien surprenant.
Les Blueshirts sont bâtis sur du solide. La reconstruction amorcée par Jeff Gorton est terminée.
Celle du Canadien est en cours.
Ce qui complique le travail de Martin St-Louis.
En dépit de tout le manque à gagner du Canadien en matière d'âge, d'expérience et aussi carrément de talent, l'entraîneur-chef du Tricolore devra trouver une manière de rendre son club moins vulnérable.
Surtout en défensive.
Il est intéressant depuis le début de la saison de jeter un coup d'œil du côté des dépisteurs professionnels lorsque le Canadien s'enlise dans son territoire. Lorsqu'il est haché finement par ses adversaires qui prolongent leurs présences en zone du Tricolore. Lorsqu'on jurerait qu'il se défend à quatre contre cinq alors que les deux clubs jouent à forces égales. Du moins quant au nombre de joueurs sur la glace…
Quand le Canadien s'enlise comme ça, les dépisteurs griffonnent des petites notes à relayer à leur club respectif en vue d'un duel prochain contre le Tricolore.
Que disent ces notes?
Quelque chose comme : le Canadien est très vulnérable en zone défensive parce que les joueurs sont incapables de choisir le bon adversaire lorsqu'ils jouent un système homme à homme. Ils convergent à deux sur le même adversaire. Ils se laissent attirer et se sortent du jeu donnant ainsi trop d'espace à des rivaux qui s'amusent à leurs dépens.
«Une fois en zone ennemie, notre objectif est toujours le même : créer beaucoup de mouvement pour déstabiliser l'adversaire. Créer du chaos! Et ensuite, en profiter», a d'ailleurs reconnu le jeune défenseur Braden Schneider après le match.
Quand je lui ai souligné que ce chaos créé par les Rangers avait visiblement déstabilisé le Canadien, l'arrière de 23 ans qui a terminé sa soirée de travail avec un but, une passe et un différentiel de plus-4 – en passant Jacob Trouba a été le meilleur avec un plus-5 – a esquissé un sourire de satisfaction.
Plus diplomate, l'entraîneur-chef Peter Laviolette a indiqué que son équipe, comme tous les clubs de la LNH, tentait de mettre l'adversaire sur les talons en défensives.
«Ils nous l'ont fait à quelques occasions ce soir. On a évité le pire en bloquant des tirs qui ont ouvert la porte à des relances dont nous avons su profiter. Notre gardien était là pour racheter certaines de nos erreurs. Et on a su capitaliser à l'autre bout de la patinoire. On a de l'expérience, du talent et beaucoup de profondeur. Cela nous aide grandement», a insisté Laviolette.
Système mal compris ou mal exécuté
Comme s'ils n'étaient pas déjà assez vulnérables quand ils tentent, sans succès de suivre leurs adversaires qui virevoltent dans leur terrioire, les joueurs du Canadien – pas seulement les défenseurs – sont aussi parfois trop passifs dans la protection de leur gardien.
Une combinaison perdante, on en conviendra tous. Du moins, je l'espère.
«Les gars se contentent des fois trop de simplement être entre leur joueur et le but. Ils ne mettent pas assez de pression», que St-Louis a admis après avoir amorcé sa réponse en soulignant que ses joueurs étaient aussi parfois victimes du fait qu'ils tombent dans les pièges tendus par leurs rivaux qui font des «bloques» pour aider leurs coéquipiers à patiner en zone ennemie.
Les deux aspects du système défensif hybride sur lequel le Canadien s'appuie afin de se donner des chances de gagner sont donc mal compris, ou mal exécuté.
Voire un malheureux mélange des deux.
Privée de Kaiden Guhle, le meilleur arrière du groupe, avec Lane Hutson, Logan Mailloux, Jayden Struble, Justin Barron et Arber Xhekaj qui sont encore vert lime tant ils manquent d'expérience, la brigade défensive est donc très vulnérable.
Beaucoup plus que les projections estivales ne le laissaient entendre alors que personne, ou à peu près, ne déplorait les pertes de Jonhnathan Kovacevic et Jordan Harris.
Martin St-Louis et ses adjoints doivent donc trouver une manière d'aider ces jeunes arrière. Implanter un système qui permettra de sortir de la rondelle plus rapidement du territoire afin d'éviter que les Rangers, comme bien d'autres équipes avant eux, ne puissent établir un campement en zone du Tricolore et faire très mal paraître son équipe.
Car c'est le message qui est en train de se propager autour de la LNH alors que le plan de match des équipes qui croiseront le Canadien sera simple : mettre de la pression, laisser la défensive s'enliser dans son territoire et en profiter.
Par chance, Martin St-Louis a le reste de la semaine pour apporter quelques changements, faire de l'enseignement et souhaiter plus de cohésion défensive lors du prochain match, samedi, alors que les Blues venus de St.Louis feront leur escale annuelle au Centre Bell.