Le match s’est terminé comme il avait commencé : les bras au ciel.

Après avoir levé les bras au ciel pour tantôt saluer les images de son mari défilant à l’écran géant, tantôt remercier les partisans qui ovationnaient le grand Jean Béliveau dans le cadre de la cérémonie chargée d’émotions qui a précédé le match, Élise Béliveau les a encore levés lorsque Max Pacioretty a marqué à l’avant-dernière seconde du match pour couronner la victoire de 3-1 du Canadien aux dépens des Canucks venus de Vancouver.

Une victoire importante, bien sûr, car elle stoppait à trois la série de revers consécutifs du Tricolore.

Une victoire essentielle surtout pour couronner comme il se devait la soirée en l’honneur de Jean Béliveau.

Affichant une force, un courage et un respect digne de son illustre mari, Élise Béliveau s’est levée d’un trait pour célébrer cette victoire avec les partisans du Canadien. Comme elle le faisait lorsque son mari multipliait les buts pour multiplier les victoires durant les années de gloire du Canadien, Élise Béliveau a brandi deux ou trois fois ses poings fermés en signe de victoire avant de souffler quelques baisers aux joueurs du Tricolore qui saluaient la foule comme ils le font après chaque gain.

Une fois sorti de la patinoire, Thomas Plekanec, couronné première étoile de rencontre en vertu de son but gagnant enfilé avec moins de cinq minutes à faire au dernier tiers, a remis la rondelle du match au médecin de l’équipe, David Mulder. Ce dernier a franchi quelques rangées de bancs pour se rendre jusqu’à l’épouse de Jean Béliveau à qui il a fait cadeau de ce précieux souvenir. Debout, dans les marches voisines du siège #4 qui est demeuré inoccupé et illuminé tout au long du match, Mme Béliveau et le Doc Mulder ont échangé une longue étreinte qui mettait un terme à une soirée forte en émotions.

« Je tenais à ce que Madame Béliveau reçoive cette rondelle », a ensuite expliqué Plekanec lors d’une entrevue accordée avant de retraiter au vestiaire.

Quoi dire de la cérémonie réservée à Jean Béliveau avant la rencontre? Qu’elle était parfaite. Sobre, sincère, vraie, avec la bonne dose d’émotion associée aux images et à la musique choisie, une émotion qui a fait monter les larmes aux yeux sur la glace, dans les gradins, sur la galerie de presse et sans doute dans bien des salons, la cérémonie a frappé droit au cœur.

Fort de cette victoire, le Canadien peut maintenant se tourner vers la dernière étape des cérémonies associées au décès de Jean Béliveau : des funérailles nationales qui seront célébrées en la Cathédrale Marie-Reine-du-Monde.

Galchenyuk se démarque

Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, le match était bien secondaire mardi. Oui, la victoire comptait ne serait-ce que pour honorer la mémoire de Monsieur Béliveau, mais la manière ne comptait pas vraiment.

C’est pour cette raison que je ne me suis pas offusqué outre mesure du début de rencontre un brin sur les talons du Canadien qui a profité d’un arrêt du désespoir de Carey Price pour priver les Canucks de prendre le contrôle de la rencontre.

Mais après ce début un peu lent – les Canucks n’étaient pas beaucoup plus rapides ce qui était somme toute normal considérant l’émotion saisissante de la cérémonie – le Canadien a été le meilleur club sur la glace. Et de loin.

Il a décoché 69 tirs en direction de Ryan Miller dont 25 ont frappé la cible. Les Canucks se sont contentés de 30 tirs dont 16 seulement ont atteint le filet défendu par Carey Price.

N’eût été les arrêts du vétéran gardien qui connaît traditionnellement de forts matchs contre le Canadien – sa fiche en carrière est maintenant de 26 victoires (3 par jeux blancs) 12 revers et six défaites en prolongation ou fusillade contre Montréal – et des 26 tirs bloqués en défensive, l’issue de la rencontre aurait été réglée bien avant le but marqué par Plekanec en fin de rencontre.

Dans cette victoire, deux jeunes se sont particulièrement distingués : Alex Galchenyuk et Sven Andrighetto.

Parce que David Desharnais a poussé à bout la patience de l’état-major de l’équipe avec des performances nettement en deçà des attentes, Alex Galchenyuk a obtenu la chance de piloter le premier trio du Canadien.

Il était temps ont clamé plusieurs amateurs et bien des observateurs.

Galchenyuk leur a donné raison.

Bien qu’il n’ait pas récolté de point, Galchenyuk a connu un fort match entre Max Pacioretty et Brendan Gallagher. Il a réalisé de bons jeux en défensive, il a réalisé de belles passes en offensive, il a remporté huit des 13 mises en jeu qu’il a disputées. Galchenyuk n’a cadré qu’un seul des sept tirs qu’il a tentés, mais le jeune joueur de 20 ans a tellement offert d’aspects positifs dans son jeu qu’il mérite pleinement d’obtenir un deuxième match complet au centre de la première unité.

Surtout que si l’état-major du Tricolore s’assure de lui offrir le temps et surtout la marge de manœuvre pour se permettre d’apprivoiser son poste et de comprendre qu’il a plus de temps à disposition qu’il ne le croit, Galchenyuk perdra moins souvent la rondelle en zone ennemie et offrira encore davantage d’occasions de marquer à ses compagnons de trio.

Ce qui pourrait devenir grandement payant pour le Canadien. Et pour le jeune Américain qui devra bientôt négocier les paramètres de son deuxième contrat avec le Tricolore.

Bravo Andrighetto

Galchenyuk, Pacioretty et Gallagher ont très bien fait. On peut en dire autant du trio de Thomas Plekanec qui était flanqué des jeunes Jiri Sekac et Sven Andrighetto.

On ne partira pas en peur avec Andrighetto bien qu’il ait marqué à son premier match et servi une passe superbe à Plekanec sur le but de la victoire.

Mais le jeune homme sait jouer au hockey. Non seulement il est rapide et habile, il est impliqué dans le jeu alors que la rondelle semble toujours être autour de lui. Des qualités que l’on peut associer à Sekac depuis qu’il s’est joint au Tricolore.

Je ne sais pas combien de temps Michel Therrien gardera ces deux trios intacts. Mais ces deux trios méritent sans l’ombre d’un doute d’amorcer la prochaine rencontre. Ils méritent aussi un brin ou deux de patience. Une patience qui devrait avoir comme conséquence de faire comprendre à David Desharnais et P.A. Parenteau qu’ils n’ont pas l’exclusivité des meilleures places au sein de l’attaque.


Employés avec Michaël Bournival qui effectuait un retour au jeu avec le grand club, Desharnais et Parenteau ont obtenu moins de 15 minutes d’utilisation et se sont retrouvés en deuxièmes vagues de l’attaque massive au lieu d’être les premiers envoyés dans la mêlée.

Des messages clairs, nets et précis.

Attaque passive

Si la cérémonie d’avant-match, les performances intéressantes des deux premiers trios, les quelques très bons arrêts de Carey Price et la victoire ont couronné une très belle soirée, il serait malhonnête de balayer du revers de la main les petits – ou pas – nuages qui ont assombri la soirée.

Non seulement l’attaque massive a été blanchie – Ryan Miller a fait de bons arrêts c’est vrai –, mais le Canadien a bousillé ses cinq attaques à cinq dont une supériorité de deux hommes d’une durée de 66 secondes.

En prime – un cadeau de Grec cela dit – le Canadien a concédé un but alors qu’il évoluait à cinq contre quatre en début de match.

Ça commence à être inquiétant. Mais si Michel Therrien confie à Galchenyuk, Gallagher et Pacioretty la première vague de l’attaque massive et que ces trois joueurs affichent la conviction qu’ils affichaient mardi soir, de passive qu’elle est depuis le début de l’année, l’attaque à cinq devrait commencer à être plus active...

L’autre nuage gris : les revirements dont le Canadien s’est rendu coupable en début de match surtout. Mais bon! Comme je vous l’écrivais plus haut, le hockey passait deuxième mardi soir. Un lointain deuxième derrière Jean Béliveau, l’importance de célébrer comme il se devait sa carrière et sa vie, l’importance plus grande encore d’honorer et d’immortaliser sa mémoire en remportant la victoire.

Sur tous ces plans, le Canadien peut dire mission accomplie!