L'appel du Canadien de Montréal était trop fort pour Claude Julien
Canadiens mercredi, 15 févr. 2017. 12:16 jeudi, 12 déc. 2024. 06:46MONTRÉAL – Il fallait vraiment que la situation soit idéale pour que Claude Julien mette fin abruptement à un repos bien mérité après une décennie à la barre des Bruins de Boston. Mais la tentation de revenir diriger le Canadien était tout simplement trop forte.
Pourtant, Julien se retrouvait en position de force pour négocier et choisir la meilleure occasion. Plusieurs équipes convoitaient déjà ses services et il trouvait que le moment était parfait pour revenir à Montréal où il avait connu son baptême comme entraîneur-chef dans la LNH en 2002-2003.
« Pour être honnête, j’avais l’intention d’attendre au printemps avant de prendre une décision », a admis Julien dans une conférence téléphonique durant laquelle il a démontré une grande générosité de son temps surtout dans les circonstances actuelles.
« Ça arrive vite, je ne vais pas mentir. J’avais dit que je patienterais à moins que ce soit quelque chose que je ne pouvais pas refuser », a-t-il ajouté.
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Ce plan a justement pris le bord – si on peut le dire ainsi – lorsque Marc Bergevin l’a contacté pendant ses vacances au Vermont. Les négociations ont finalement mené à un contrat de cinq ans en plus de la conclusion de la saison 2016-2017. Selon Pierre LeBrun, Julien touchera cinq millions $ par année au cours de cette entente.
« J’ai travaillé avec lui à la Coupe du monde et j’ai eu une belle connexion avec Marc. C’est un bon directeur général et une bonne personne. C’est important pour moi de travailler pour des bonnes personnes », a expliqué Julien qui a pu parler à Geoff Molson également.
« Pour retourner rapidement, il fallait que ce soit une situation idéale et elle l’était pour moi. Ç’aurait peut-être été plus facile dans un marché moins axé sur le hockey, mais j’aime ces défis », a révélé l’homme de 56 ans qui se rapproche de sa famille.
Au moment de remplacer Michel Therrien pour une première fois, Julien découvrait la LNH dans le rôle d’entraîneur. Son expérience a été de courte durée alors qu’il a été congédié après 159 parties régulières aux commandes du CH.
Julien préfère ne pas utiliser le mot leçon pour décrire les apprentissages de son premier séjour à Montréal, mais il sonne comme un entraîneur mieux outillé pour ce mandat.
« Je ne dirais pas une leçon, c’est plus à propos de l’expérience acquise. Je n’ai jamais été amer par rapport à ce qui est arrivé. C’était mon premier emploi et mon premier congédiement également.
« Ça m’excite de revenir à Montréal et ce n’est certainement pas avec un manque d’expérience cette fois-ci », a affirmé Julien avec un message clair.
Pas de grands changements à court terme
Grâce à son curriculum vitae bien garni, Julien a déterminé que ce ne serait pas avantageux de provoquer un bouleversement au sein du Canadien. Ainsi, il a décidé de conserver tous ses adjoints pour compléter le calendrier en vigueur.
« Rien ne va changer et je les connais tous d’ailleurs. Si je fais des changements, ce ne sera pas cette année et je ne veux pas dire par là que je vais nécessairement en faire », a précisé l’entraîneur qui dirigera son premier entraînement vendredi en fin d’après-midi.
Quant à ce qui se déroule sur la patinoire, Julien va évidemment ajouter sa touche, mais avec une certaine retenue.
« Je n’ai pas encore eu le temps de poser des questions aux autres entraîneurs et je veux en apprendre davantage. Avec ce que j’ai vu et ce qu’ils vont me dire, je vais faire des ajustements qui seront convenables et qui vont aider l’équipe à retrouver le chemin de la victoire », a répondu celui qui a été récipiendaire du trophée Jack-Adams en 2008-2009.
« Au niveau du système, on ne peut pas tout changer en arrivant à ce moment de la saison. Il ne faut pas changer trop de choses au point que ça finirait par nous nuire », a-t-il poursuivi.
Julien a profité de l’occasion pour rappeler que le Canadien n’est pas une équipe de la cave du classement.
« Je prends une équipe qui est en première place (de la division Atlantique). Même s’ils ont connu des moments difficiles dernièrement, on ne peut pas oublier les bons moments en début de saison.
« Même si le club ne marque pas présentement, il a beaucoup de talent en attaque. Est-ce une question de confiance ou de style de jeu ? C’est l’une des choses qu’on va identifier et on va faire les ajustements », a pointé Julien.
Réaliste et honnête, Julien a convenu que son congédiement à Boston avait produit un effet bénéfique sur les Bruins.
« On constate qu’une nouvelle voix aide à Boston. Ça donne de l’énergie à l’équipe et j’ai l’intention de faire ça avec le Canadien », a proposé l’ancien défenseur.
Bien sûr, il aurait été étonnant qu’il dise le contraire, mais Julien a témoigné sa confiance envers l’orientation choisie par Bergevin pour bâtir la formation.
« J’aime la direction dans laquelle cette équipe s’en va et le potentiel qu’elle a. Pour moi, l’idée est de maximiser le potentiel et se donner une très bonne chance de gagner au plus haut niveau », a-t-il plaidé sans nommer la coupe Stanley.
L’influence de Carey Price et des autres piliers
En plus de revenir dans un marché qu’il connaît, Julien sera entouré de plusieurs joueurs familiers. Au fil des ans et des rendez-vous internationaux, il a appris à connaître Carey Price et Shea Weber. Il retrouvera aussi Andrei Markov et Tomas Plekanec qui étaient là lors de sa première expérience à Montréal.
Julien a mentionné l’importance de miser sur des meneurs qui peuvent propager son message. L’entraîneur francophone a précisé qu’il avait entretenu une bonne relation avec ses joueurs à Boston et il entend agir de la même manière à Montréal.
« J’ai toujours eu une bonne relation avec mes joueurs. J’ai reçu plusieurs messages de joueurs depuis mon congédiement et même de certains qui ne jouaient pas beaucoup », a spécifié Julien qui base ses relations sur l’équilibre entre le respect et l’autorité.
« Je n’ai pas l’intention de changer de style, je pense que c’est l’une des raisons qui m’a donné l’occasion de revenir à Montréal », a interprété l’entraîneur qui croisera souvent le fer avec son ancienne équipe.
Évidemment, la relation la plus importante sera celle avec Carey Price. Le gardien du Canadien a besoin de retrouver son aplomb et la nouvelle approche de Julien pourrait difficilement nuire.
« Je m’entendais très bien avec Carey. En tant qu’adjoint avec l’équipe canadienne, tu as encore plus la chance de parler avec les joueurs et j’en ai profité notamment avec lui. C’est une très bonne personne, professionnelle et respectueuse. Je vais continuer cette relation », a évoqué Julien.
« C’est le meilleur gardien au monde, je l’ai vu à son sommet. C’est normal qu’un gardien traverse des moments difficiles. Il va s’en sortir, on va l’aider notamment avec notre jeu d’équipe et je ne suis pas inquiet », a soutenu Julien en laissant sous-entendre le resserrement du jeu défensif.
Dès qu’il arrivera à Montréal, Julien multipliera les heures de préparation avec ses adjoints dont le responsable vidéo. Il se dit plus que prêt pour cette aventure malgré un bref répit.
Lorsque Julien a été congédié par l’état-major des Bruins, la décision semblait cruelle surtout qu’il s’approchait du plateau des 1000 matchs derrière un banc de la LNH. Mais la vie fait parfois bien les choses puisqu’il vivra cet accomplissement en tant qu’entraîneur du Canadien, un scénario qui semblait plus qu’improbable au moment de son congédiement.
« C’est quand même spécial. Si les gens se souviennent bien, j’ai toujours été un partisan en grandissant en Outaouais. Mon rêve s’est concrétisé quand j’ai pu diriger le Canadien et je vais maintenant atteindre mon 1000e match avec cette organisation; ça va rendre le tout encore plus spécial », a confié Julien qui a choisi cette offre pour son bien, mais aussi pour celui de sa femme et ses enfants.