Quel retour!
Par chance que c'est dans le calme de mon bureau et non dans la frénésie du Centre Bell que j'ai suivi le très enlevant duel que le Canadien a finalement gagné (5-4) en prolongation aux dépens des Rangers venus de New York.
Car si j'avais été perché sur la galerie de presse, mon cœur n'aurait peut-être pas été en mesure de suivre le rythme endiablé de cette partie et qui sait : j'aurais pu me retrouver à nouveau sur la liste des blessés à long terme où j'ai été confiné au cours des derniers mois.
Non, mais quel match!
Pas un grand match sur les plans technique, tactique ou de l'exécution. Mais sur ceux de l'intensité, de l'implication et de la résilience, d'abord et avant tout de la part du Canadien, les partisans ont été gâtés.
Très gâtés même!
Les amateurs en ont d'ailleurs fait la preuve par 1000 en amorçant une vague dans les gradins en troisième période alors que leurs favoris... tiraient pourtant de l'arrière par un but.
Ils adoraient le match. Ils adoraient le troisième tiers. Comme l'entraîneur-chef du Canadien d'ailleurs.
« On était en arrière au tableau, mais je ne trouve pas qu'ils nous battaient. J'aimais les chances qu'on se donnait en comparaison à celles qu'on accordait et c'est ce qui nous a permis de gagner en prolongation et d'aller chercher les deux gros points », a expliqué Martin St-Louis après le match.
Avec raison!
L'importance de « revenir fort »!
Victimes de sept buts consécutifs marqués par les Leafs, samedi soir, sept buts qui ont effacé une avance qui semblait pourtant suffisante de 3-0 et transformé ce qui s'annonçait comme une autre victoire aux dépens d'un gros club en revers cuisant, les joueurs du Canadien devaient rebondir. Ils devaient « revenir fort » comme le veut l'expression consacrée.
Ils l'ont fait.
Et ils l'ont fait quatre fois plutôt qu'une en répliquant aux quatre buts marqués par les Blue Shirts. Des Blue Shirts qui ne méritaient pas vraiment les quatre avances d'un but qu'ils ont obtenues au fil d'une partie au cours de laquelle le Canadien a bien plus dicté le rythme qu'il ne l'a subi.
Mais bon!
Ça explique sans doute pourquoi on a vu une vague déferler dans les gradins au dernier tiers malgré le pointage de 4-3 favorisant les Rangers.
Surtout qu'avec les récents succès de leurs favoris, les partisans avaient alors toutes les raisons au monde de croire aux chances du Canadien de non seulement revenir une fois de plus de l'arrière, mais de se sauver avec la victoire.
Ce qui est finalement arrivé!
Du hockey de séries
Le retour en force du Tricolore au lendemain d'un revers qui a fait mal et qui aurait pu laisser des traces et les quatre retours dans le duel face aux Rangers confirment aussi la place du Tricolore dans le « mix ».
« Nous voulons donner à nos partisans du hockey des séries », a assuré Brendan Gallagher lors de son entretien avec Marc Denis sur la patinoire à titre de première étoile de la rencontre.
Une première étoile grandement méritée.
Pas seulement en raison du but (son 11e) qu'il a marqué et de la passe (sa 8e) qu'il a récoltée. Mais pour la très grande qualité de sa soirée de travail.
Vrai que Gallagher a passé seulement 12 minutes et des poussières sur la patinoire dimanche soir. C'est peu en comparaison au temps passé par les Suzuki, Caufield, Matheson, Hutson qui ont eux aussi grandement mis l'épaule à la roue pour faire oublier la débâcle de samedi.
Mais c'est l'une des plus grandes transformations du Canadien au fil des dernières semaines. Les joueurs de soutien ne tirent plus le club vers le bas. Ils le poussent vers le haut. Ils ne gaspillent plus le travail des «leaders» qui, aussi bons soient-ils, ne peuvent faire gagner une équipe à eux seuls. Du moins, pas sur une base régulière.
Nick Suzuki confirme son statut de centre numéro un du Canadien.
Cole Caufield confirme son statut de franc-tireur. Tout comme Patrick Laine d'ailleurs.
On attend l'éclosion de Slafkovsky et la confirmation que Kirby Dach est bien le joueur qu'on le croit capable de devenir. Mais les deux gros bonhommes donnent des signes encourageants.
Et que dire de Lane Hutson qui est au plus fort de la course pour le titre de recrue de l'année dans la LNH? Pas juste en raison de ses statistiques, mais bien davantage en raison de la très grande qualité de son rendement dans les deux sens de la patinoire, de la maturité qu'il affiche et de sa manière de maximiser le talent dont les Dieux du hockey lui ont fait cadeau.
La magie d'Hutson et les performances des autres leaders de l'équipe y sont pour beaucoup dans la victoire de dimanche aux dépens des Rangers. Dans l'éveil du Tricolore depuis un mois.
Mais pour battre les Blue Shirts et pour gagner 12 de ses 16 derniers matchs (12-3-1), le Canadien a pu compter sur l'implication de tous ses joueurs à un moment ou un autre au fil de toutes ces parties.
De Kaiden Guhle à Alexandre Carrier, de Jake Evans à Josh Anderson, de Joel Armia à David Savard, de Samuel Montembeault à Jakub Dobès – ses deux arrêts en prolongation et la frénésie qu'ils ont soulevée ont fait oublier les quatre buts dont il a été victime dans le cadre de son baptême au Centre Bell – les joueurs de soutien ont souvent eu un impact aussi important que les leaders sur les victoires.
C'est pour ça que le Canadien joue bien. C'est pour ça que le Canadien gagne maintenant plus souvent qu'il ne perd.
Est-ce que ce sera suffisant pour offrir du hockey de séries aux partisans comme le souhaitait Brendan Gallagher après la victoire de dimanche?
Pas besoin de regarder aussi loin devant. Car Gallagher et ses coéquipiers offrent déjà du hockey de séries à leurs partisans. La vague qu'ils ont soulevée en troisième période, avant même de pouvoir célébrer la victoire, est là pour en témoigner.
Blessure du haut du corps
Comme je l'ai souligné au début du texte, c'est une blessure au haut du corps qui m'a gardé à l'écart depuis le début du mois de novembre. Différents aléas de la vie accumulés au fil des derniers mois, dont le décès de ma mère, sont venus à bout de mes réserves d'énergie. Mon cœur a servi un avertissement que mon cardiologue a pris très au sérieux. Il m'a imposé un arrêt de travail aussi nécessaire que bénéfique.
Après différents examens et le repos prescrit, j'ai obtenu le feu vert qui me permet de renouer avec vous ce matin et de replonger dans l'action pour une deuxième moitié de saison qui s'annonce aussi enlevante qu'intéressante.
Très heureux de vous retrouver.