MONTRÉAL - Ce qui fait le plus mal ce n’est pas d’avoir perdu 1-0 en prolongation.

Non! Ce qui fait le plus mal c’est qu’en dépit des miracles multipliés par Carey Price lors des deux premiers matchs et de ses performances sans faille dans les matchs trois et quatre, en dépit du match collectivement parfait dans la victoire de mardi, en dépit des performances étincelantes de P.K. Subban depuis le début de la série, et de la contribution de Ginette Reno, le Canadien se retrouve à la case départ pour une course qui sera maintenant un sprint.

Un sprint qui se déroulera dans le cadre d’une série deux de trois au cours de laquelle les Bruins auront l’avantage de la patinoire. Un sprint qui ramène à l’avant-plan les doutes affichés à l’endroit du Canadien par ceux et celles qui donnaient les Bruins gagnants en six à l’aube de la série.

Méchant contraste avec la confiance qui flottait autour du Centre Bell jeudi après-midi. Une confiance qui faisait dire à plusieurs partisans que le temps était déjà venu de penser aux Penguins de Pittsburgh en finale d’Association... et même d’avoir un œil sur la finale de la coupe Stanley.

Je veux bien croire qu’il faisait beau pour une rare fois hier. Mais le soleil ne frappait assez fort pour se traduire par des insolations qui auraient expliqué pareils excès de confiance alors que la série était loin d’être jouée.

Pourquoi la défaite de jeudi et le fait de se retrouver à nouveau à égalité avec les Bruins font si mal?

Parce que le Canadien a tellement bien joué depuis le début de la série, parce que Price a tellement meilleur que Rask, qu’il mériterait vraiment d’être à une victoire d’éliminer les champions de la saison régulière.

Oui! Le Canadien peut encore éliminer les Bruins. C’est vrai. Mais ces chances sont beaucoup moins bonnes ce matin au lendemain d’une défaite qu’elles l’auraient été au lendemain d’une victoire. C’est évident.

Beaucoup plus solide, en confiance, en contrôle, en équilibre devant son filet que ne l’a été Tuukka Rask depuis le début de la série, il est bien difficile de croire que Carey Price aurait perdu trois matchs de suite pour laisser filer une avance de 3-1 dans la série. Une avance qui n’est jamais venue. Et qui ne viendra jamais.

Même s’il a perdu la rondelle sur le jeu qui lui a fait perdre le match aux dépens de Rask, Carey Price a été le meilleur des deux gardiens encore hier. Le plus chanceux aussi alors que ses poteaux lui sont venus en aide à trois occasions.

Vrai que Rask a repoussé 33 tirs pour signer son deuxième jeu blanc des séries. Mais combien de fois s’est-il fait déjouer par des rondelles qui ont passé sous ses bras, tout juste au-dessus de ses épaules? Très souvent. Pis encore, il est arrivé bien trop souvent que le gardien des Bruins regarde derrière croyant avoir échappé la rondelle sur des arrêts qui auraient normalement dû être des arrêts de routine pour un finaliste dans la course au trophée Vézina.

Et c’est pour ça que le revers d’hier fait mal. Le Canadien n’a pas été en mesure de profiter des occasions qu’il a eues de prendre le plein contrôle de la série.

Trop d’absents

L’entraîneur-chef du Canadien a louangé l’effort déployé par ses joueurs après la défaite d’hier. Je veux bien suivre Michel Therrien sur cette piste de l’effort. Et je le comprends très bien de résister à la tentation d’en varloper quelques-uns sur la place publique. Même s’ils le mériteraient.

Car au-delà des efforts, il y a les résultats qui doivent venir de temps en temps. Pas de Dale Weise ou Travis Moen, pas de Daniel Brière qui ne peut quand même ajouter des points en restant assis au banc.

Où étaient Max Pacioretty et David Desharnais encore hier.

Auteur de 39 buts cette saison, Pacioretty est englué à un depuis le début des séries. Il n’affiche que trois points. Neuf joueurs ont plus de points que lui. Sur ces neuf, on remarque la présence de Brière et de Weise, des membres du quatrième trio, de Brian Gionta qui a été critiqué tout au long de la saison, de Lars Eller qui a passé plus de temps au neutre qu’en action cet hiver.

Oui Pacioretty a été frappé solidement par Iginla en début de rencontre. Peut-être même que la mise en échec aurait pu entraîner une pénalité qui n’est pas venue. Comme plusieurs jeudi soir il est vrai.

Mais après cette mise en échec, on n’a plus beaucoup vu Pacioretty. Et comme on ne l’a pas vu assez jusqu’ici en séries, il est normal de se poser des questions.

Des questions qu’on aurait aimé poser au principal intéressé. Mais voilà : depuis le début de la série contre Boston, Pacioretty n’a pas encore répondu aux questions. S’il n’est pas capable de se dresser devant les journalistes pour répondre de ses actes, ou de son manque d’action, comment peut-on croire qu’il puisse se dresser devant les Bruins de Boston?

S’il est blessé, qu’il le dise. Car ce n’est pas en restant silencieux dans le vestiaire comme il l’est sur la glace, que ce franc-tireur aidera la cause de son équipe.

Pacioretty n’étant pas là, David Desharnais reste dans l’ombre lui aussi. Et même Brendan Gallagher qui a passé la saison à survolter des trios qui en avaient besoin semble à court de « jus » pour relancer le premier trio du Canadien.

Que dire de Vanek? Pas de but, pas de point, pas de tir cadré, pas de tir bloqué, pas de tir tenté. Pas de tir tout court. Pas de mise en échec, par de revirement, de rondelle volée. Pas de tir bloqué. Pas même une petite mise en jeu gagnée ou perdue. En 20 présences totalisant 15 min 22 s, il ne présente aucune statistique confirmant sa présence sur la patinoire. Exception faite de deux passes complétées à Michaël Bournival qui en profité pour décocher de bons tirs, Vanek n’a rien fait encore hier. Rien de rien.

Mince consolation pour le Tricolore et ses fans, le premier trio des Bruins n’est pas meilleur. Ou est aussi pire devrais-je écrire tant ces deux trios ne fichent rien.

L’effort c’est bien. On l’a encore vu hier alors que l’effort a permis à Michaël Bournival et Lars Eller de se hisser parmi les meilleurs attaquants sur la patinoire du Centre Bell.

Mais sans rien vouloir enlever au mérite, au talent et au potentiel de Bournival et Eller, s’ils sont les deux meilleurs attaquants du Canadien dans un match, Michel Therrien et son équipe seront encore dans le pétrin samedi. Ils le seront aussi lors du sixième match qui pourrait alors être le dernier du Tricolore ce printemps.

Garder espoir

Pas question d’abdiquer si vite. Vous avez bien raison. Le premier trio peut encore se réveiller et amorcer une séquence heureuse qui pourrait propulser le Tricolore en grande finale. P.K. Subban demeure P.K. Subban. Carey Price pourra voler un autre match, peut-être deux.

Mais comme l’a dit Claude Julien après la rencontre, ses Bruins n’ont pas encore joué le hockey qu’ils sont capables de jouer. Le hockey qui leur a permis de terminer au premier rang sans jamais encaisser plus de deux revers de suite en saison régulière.

Quoi? Le Canadien a justement besoin d’en gagner deux seulement pour éliminer l’ennemi de Boston.

Je veux bien. Mais les Bruins également n’ont besoin que de deux gains. Et les Bruins sont eux aussi en droit de s’attendre à l’éveil des membres de son premier trio.

Habitué de jouer à Providence avec le club-école des Bruins, devant des foules moins nombreuses que l’attroupement de journalistes qui l’entouraient après le match, c’est Matt Fraser et non Jarome Iginla, Milan Lucic ou David Krejci qui a marqué le but de la victoire.

À l’aube du cinquième match qui sera disputé en soirée samedi au Garden, je me permets une petite prédiction : si le premier du Canadien a le dessus sur celui des Bruins d’ici la fin de la série, le Tricolore sera de la finale d’association dans l’Est. Si c’est l’inverse, il sera en vacances.

On sera fixé rapidement...