Andrew Shaw a fait dérailler le repêchage
Canadiens samedi, 25 juin 2016. 16:32 mercredi, 20 nov. 2024. 03:10BUFFALO - Andrew Shaw apportera agressivité et caractère au Canadien la saison prochaine. Mais les deux choix de deuxième ronde que Marc Bergevin a cédés aux Blackhawks pour l’obtenir ont empêché le Tricolore mettre la main sur deux Québécois que les recruteurs avaient à l’œil. Des Québécois qu’ils aimaient beaucoup.
Tenus au silence en deuxième ronde samedi, Trevor Timmins et les membres de son équipe ont d’abord regardé Pascal Laberge prendre la direction de Philadelphie. Cette sélection n’a pas trop fait mal parce que les Flyers l’ont sélectionné au 36e rang, trois sélections avant celle que le Tricolore a cédée aux Hawks vendredi.
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Les recruteurs ont toutefois eu un pincement au cœur lorsque Samuel Girard a enfilé un chandail des Predators de Nashville qui ont profité de la 47e sélection pour mettre la main sur le talentueux arrière des Cataractes de Shawinigan. Aux yeux de plusieurs recruteurs québécois, Girard était l’un des meilleurs défenseurs disponibles à Buffalo en raison de son talent, de son coup de patin et de ses aptitudes. N’eût été son gabarit – 5’9’’ et 160 livres – Girard aurait été sélectionné en première ronde.
«Les transactions effectuées hier ont fait dérailler nos plans. Nous avions des joueurs dans la mire. Des gars à qui nous tenions vraiment. Mais Marc a effectué une très bonne transaction qui va aider l’équipe à gagner l’an prochain. Il était tout à fait normal de la compléter même si cette transaction a eu des conséquences sur notre repêchage», a admis Trevor Timmins.
Le recruteur-chef du Canadien n’a jamais nommé Samuel Girard. Il n’a pas nommé non plus Pascal Laberge. Mais il était très clair que le défenseur des Cataractes était le prospect dont le Canadien a dû se priver pour obtenir Shaw.
Remarquez que le Canadien aurait pu transiger pour s’assurer de mettre la main sur Samuel Girard. Plusieurs clubs l’ont fait au cours de la fin de semaine en inversant des choix avec d’autres formations. Avec deux choix de deuxième ronde la saison prochain et trois en 2018, le Canadien avait des munitions qui auraient pu lui permettre de tenter le coup.
Il ne l’a pas fait.
«Une fois au repêchage, les équipes tiennent à leurs choix. Surtout ceux des premières rondes. On a regardé la liste. On a dressé des scénarios. Mais il n’y avait rien qui nous permettait d’aller à la table d’une autre formation et de lui faire une offre qu’elle ne pourrait refuser», a commenté Timmins.
Les choix que nous avons en banque seront très utiles dans le futur assure le recruteur-chef. Et pas seulement lors des prochains repêchages. Les choix de deuxième ronde sont maintenant le prix à payer pour les joueurs de location à la date limite des transactions. Si nous sommes en bonne posture à l’aube des séries l’an prochain et que Marc (Bergevin) décide d’améliorer l’équipe à la date limite des transactions. Il sera en mesure d’intéresser d’autres clubs avec ces choix de deuxième ronde. Et il nous en restera pour le repêchage. On a écopé aujourd’hui. C’est un fait. Mais on s’est amélioré avec Andrew Shaw et on a des choix en banque. Pour l’organisation, c’est positif», a plusieurs fois répété Trevor Timmins.
Banque de défenseurs
S’il a dû faire une croix sur Samuel Girard, Trevor Timmins s’est repris en quatrième et cinquième rondes en sélectionnant des défenseurs taillés dans le moule de Samuel Girard. Victor Mete, qui a joué un rôle de premier plan dans la conquête de la coupe Memorial par les Knights de London, se décrit d’ailleurs comme «le Samuel Girard de la Ligue de l’Ontario».
Casey Staum, un Américain qui évoluera avec l’Université du Nebraska à Ohama l’an prochain, est aussi un arrière au petit gabarit.
«Nous avons sélectionné des défenseurs en fonction de leur vitesse, de leur capacité à récupérer rapidement les rondelles en zone défensive et à relancer efficacement les attaques. Dans la Ligue nationale d’aujourd’hui, ces trois critères sont les plus importants à nos yeux et c’est pour cette raison que nous avons ajouté Mete et Staum à notre banque. Mete était sur la patinoire dans les situations cruciales dès l’an dernier à London. Ça montre l’éventail de ses qualités. Staum est certainement l’un des plus rapides patineurs disponibles dans le repêchage de cette année», a indiqué Timmins.
S’il n’a pu conclure une transaction en deuxième ronde afin de s’offrir Samuel Girard, Trevor Timmins a réussi à convaincre Marc Bergevin de mettre la main sur un choix de septième ronde afin de repêcher un autre défenseur. Un arrière de grand format celui-là alors que le Suédois Arvid Henrikson mesure – il y a des rapports contradictoires sur les sites de références – 6’3’’ et 176 livres.
«Notre recruteur suédois nous a suppliés et Marc a réussi à obtenir ce choix de septième ronde – le Canadien l’a acquis des Jets de Winnipeg en retour d’un choix de septième ronde l’an prochain. Une transaction plus facile à compléter qu’en deuxième ronde – pour que nous puissions sélectionner Henrikson. Il est très jeune et nous avons une projection de cinq ans en matière de développement dans son cas. Mais nous tenions à le sélectionner aujourd’hui pour éviter de le voir partir en troisième ronde l’an prochain. Je me suis rendu en Suède pour le voir jouer et nous croyons vraiment qu’il a le potentiel pour réussir. Peut-être que dans quelques années, on se demandera comment ce défenseur a pu être oublié jusqu’en septième ronde», a indiqué Trevor Timmins.
Il faut dire que les recruteurs des 30 équipes de la LNH ont quitté le First Niagara Center avec cette conviction hier. Rares sont ceux à qui l’avenir donnera raison. Mais bon. On sera patient...
Pourquoi quatre défenseurs ?
En ajoutant le premier choix Mikhail Sergachev aux Mete, Staum et Henrikson, on retrouve quatre défenseurs au sein des six joueurs repêchés par le Canadien en fin de semaine. Une surprise considérant le fait que le Tricolore soit mince en fait de relève à l’attaque? Surtout sur le flanc droit.
«C’était notre plan», a lancé Trevor Timmins. Nous voulions mettre des arrières en banque considérant le temps qu’il faut pour les développer. Nous avons en Sergachev un arrière qui a la maturité physique pour faire le saut dans la LNH. Est-ce que ce sera dès l’an prochain? On verra. Mais comme l’a dit Marc (Bergevin) hier, on voit en lui un dauphin à Andreï Markov qui a encore du très bon hockey et des tas de minutes à nous offrir. Les autres auront besoin de temps pour se développer.»
À l’attaque, le Canadien a sélectionné le Franco-ontarien William Bitten en troisième ronde et Michael Pezzetta en sixième ronde. Ces deux joueurs de centre partagent une caractéristique particulière : ils ont connu des saisons intéressantes en dépit du fait qu’ils évoluaient au sein de clubs très faibles à Flint et Sudbury dans la OHL.
Natif d’Ottawa, Bitten est de Gloucester en banlieue est de la capitale fédérale. Son père Michael et sa mère Doris Piché sont des athlètes olympiques. Ils ont défendu les couleurs du Canada en badminton aux JO de Barcelone en 1992 et d’Atlanta en 1996.
«Bitten a des qualités de marqueurs et il a un tir dévastateur. Quant à Pezzetta, c’est un gars de plus forte stature qui a du caractère et qui est efficace dans les deux sens de la patinoire.»
Aucun Québécois
Le Canadien n’a pas sélectionné de Québécois pour la quatrième fois depuis la dernière conquête de la coupe Stanley en 1993 (2001, 2008, 2010). En 2001 et 2010, le Canadien avait toutefois repêché des joueurs de la LHJMQ. Des jeunes qui n’étaient toutefois pas originaires du Québec.
Repêcher un Québécois, francophone, issu de la LHJMQ n’est pas une obligation pour le Canadien. On en convaincra tous. Ce n’est pas non plus un gage de réussite. Mais il est primordial pour le Tricolore de ne pas échapper ceux qui sont susceptibles de faire le saut dans la LNH et de maintenir la tradition du Tricolore. Même si elle se perd en raison de la baisse notable des candidats qui frappent à la porte de la LNH année après année.
Les conséquences de l’acquisition d’Andrew Shaw ont certainement compliqué la tâche du Canadien. On en conviendra tous. Et le jeu de domino que représente le repêchage a souri à d’autres clubs que le Canadien alors que Nashville a mis la main sur Samuel Girard et Frédéric Allard.
Cela dit, et quand le joueur québécois en vaut la peine, il faut parfois donner un coup de main à la chance et prendre les moyens pour l’acquérir. Les prochaines années nous diront si le Canadien aurait dû payer le prix nécessaire pour avoir Samuel Girard, Pascal Laberge, voire Julien Gauthier et même Pierre-Luc Dubois au sein de son organisation.
Mais bon, comme les grosses transactions attendues ne sont pas venues des tables des autres équipes, il est bien difficile de blâmer le Canadien. Il est important, non essentiel, de lui rappeler qu’on l’a à l’œil…
Surtout que le repêchage maintenant passé, on se tourne maintenant vers le marché des joueurs autonomes afin de permettre à Marc Bergevin de vraiment aider son équipe. Andrew Shaw c’est un coup de patin dans la bonne direction, mais ça prendra beaucoup plus pour se rendre à la coupe Stanley.
Pendant qu’une majorité d’équipe aura les yeux rivés sur Steven Stamkos, il sera intéressant de voir vers qui Marc Bergevin se tournera lors de ses emplettes du premier juillet. De voir s’il se contentera de magasiner ou s’il décidera d’acheter.
On le saura dans une semaine.