Slafkovsky a joui du bénéfice du doute sur la contestation des Islanders
MONTRÉAL - Patrick Roy semblait très sûr de son coup.
Son expérience comme gardien, son expérience comme entraîneur-chef, les quelques coups d'œil aux reprises du jeu et les observations de ses adjoints lui permettaient d'être convaincu que les responsables de la salle de contrôle de Toronto lui donneraient rapidement raison d'avoir contesté le but que les arbitres venaient d'accorder à Patrick Laine.
Un but en avantage numérique – un 14e sur les 17 qu'il revendique jusqu'ici cette saison – qui coupait à 3-2 l'avance des Islanders.
La contestation demeurait un brin risqué compte tenu du fait que le Canadien pourrait obtenir une deuxième attaque massive de suite si les responsables des opérations hockey décidaient de donner raison aux officiels sur la patinoire.
Mais pourquoi hésiter? Pourquoi douter?
Les reprises démontraient bel et bien que l'un des patins de Juraj Slafkovsky a touché à l'un des patins d'Ilya Sorokin faisait perdre l'équilibre au gardien des Islanders. Incapable de se déplacer vers sa droite, Sorokin était condamné à regarder Patrik Laine marquer dans le filet qu'il venait d'abandonner.
Pour toutes ces raisons, ce but marqué par Laine allait être refusé. Au même titre que celui marqué par Nick Suzuki, en début de période médiane, parce que le capitaine du Canadien avait devancé la rondelle en zone ennemie. Par pas grand-chose, par très peu en fait, mais il avait quand même devancé la rondelle offerte par Emil Heineman qui a réalisé une passe savante sur le jeu.
Entre le bleu et le blanc
Mais non!
Toronto a donné raison à l'arbitre. Les responsables de la salle de contrôle ont donc « favorisé » le Canadien. Ce qu'il faudra rappeler aux partisans du Tricolore qui croient toujours que la Ligue est sur le dos de leurs favoris.
Les bras au ciel, les injures généreuses – en se fiant sur une lecture sommaire des lèvres du coach – Patrick Roy n'a visiblement pas aimé la décision rendue.
Et c'est normal!
Pourquoi la LNH a donné raison à l'arbitre qui avait accordé le but sur le jeu initial et qu'elle n'a pas entériné la contestation déposée par Patrick Roy?
Parce que sur le jeu en question, les responsables de la salle de contrôle ont donné à Juraj Slafkovsky le bénéfice du doute.
Rod Pasma, qui supervisait le match du Canadien jeudi, a tout simplement mis en application la grille d'analyse qui a été présentée à tous les directeurs généraux lundi et mardi, en Floride, dans le cadre de leur grande réunion annuelle.
Est-ce que Slafkovsky a touché à Sorokin? Oui!
Mais Slafkovsky touche à Sorokin alors que le gardien des Islanders est à l'extérieur de sa zone réservée.
Colin Campbell, le grand manitou des opérations hockey, et les membres de son équipe ont passé des heures à expliquer aux directeurs généraux qu'ils donnent et donneront toujours le bénéfice du doute aux gardiens lorsqu'ils sont touchés, bousculés ou un peu gênés alors qu'ils ont les deux patins bien ancrés dans leur zone réservée.
Mais attention! Une fois hors de cette zone réservée – une fois dans le blanc et non dans le bleu comme les responsables l'ont indiqué – le gardien perd le bénéfice du doute.
Il le perd au profit de l'adversaire qui vient de nuire un brin ou deux à son travail.
Ça ne veut pas dire que les adversaires peuvent se ruer sur le gardien pour autant. Non! Ça veut simplement dire que s'il y a contact, et que rien n'indique clairement que ce contact était volontaire, le joueur responsable du contact obtient le bénéfice du doute.
Comme en a bénéficié Slafkovsky sur le but de Laine.
Initialement, Slafkovsky est poussé dans la zone réservée à Sorokin. Mais au lieu de s'y enraciner – ce qui lui aurait attiré les foudres des responsables de Toronto – Slafkovsky prend les moyens pour sortir de la zone interdite.
Oui il y revient un peu en voulant retourner devant le filet. Mais c'est dans le blanc, et non dans le bleu, qu'il touche à Sorokin.
D'où la décision finale.
Montembeault généreux
Cette décision de Toronto a servi de tremplin à la remontée du Canadien qui a ensuite nivelé les chances (3-3) à la suite d'une échappée offerte généreusement à Brendan Gallagher. Comment ne pas être heureux pour Gallagher qui vient de marquer dans deux matchs consécutifs l'aidant ainsi à composer avec le deuil associé au décès de sa mère.
Cette décision de Toornto aurait même pu propulser le Canadien à la victoire. Alex Newhook a mystifié Ilya Sorokin en troisième avec un tir qui a frappé la barre horizontale pour dévier vers l'extérieur du but et non au fond du filet.
Mais c'est finalement Bo Horvat, avec son deuxième de la soirée, qui a scellé l'issue de la rencontre. Horvat et les Islanders ont profité d'une perte de rondelle en zone ennemie de Lane Hutson – en compagnie de Patrik Laine – pour obtenir une descente en surnombre qui a mené au but décisif.
Le point acquis avec la remontée de deux buts en troisième période permet au Canadien de conserver la deuxième des deux places réservées aux clubs repêchés.
Il permet de se rapprocher des Sénateurs et de garder une avance de deux points devant les Islanders et les Rangers qui ont encore perdu jeudi.
Le classement demeure serré. Très! Mais le Canadien a sauvé la mise et les Islanders ont été un peu chanceux de se sauver avec la victoire. Ou très opportunistes. Je vous laisse choisir.
Les Islanders ne méritaient pas vraiment d'être en avant par un but après deux périodes.
Oui! Les deux équipes étaient bien ordinaires en fait d'exécution ou de manque d'exécution puisque c'est pas mal ce qui sautait aux yeux. Mais les Islanders étaient plus brouillons encore en zone défensive. Plus généreux aussi en rondelles offertes gentiment au Tricolore.
Jean-Gabriel Pageau a d'ailleurs redéfini le terme générosité en donnant la rondelle à Gallagher comme il l'a fait à la ligne bleue du Tricolore.
Mais comme le Canadien dominait 25-12 les tirs au but et qu'il dominait 44-30 au chapitre des tirs décochés, il était permis de stipuler que les Islanders bénéficiaient d'une bien meilleure performance d'Ilya Sorokin que celle offerte par Samuel Montembeault au Tricolore.
C'est devenu plus évident encore dès les premiers instants de la troisième période lorsque Bo Horvat a profité d'une deuxième largesse de Montembeault – il a aussi été traversé par la rondelle sur le premier but – a doublé l'avance des Islanders.
Vrai que Horvat a déployé beaucoup de conviction, de vitesse et de talent sur le jeu. Vrai aussi qu'il a réussi à décocher un bon tir malgré la présence de Mike Matheson sur son dos. Mais il est plus vrai encore que Samuel Montembeault devait stopper ce tir.
Ce qu'il n'a pas fait.
Samuel Montembeault a fait sa part dans la remontée au classement du Canadien. C'est indéniable.
Mais s'il avait été moins généreux jeudi soir – quatre buts accordés sur 25 tirs, alors que son vis-à-vis a stoppé 38 des 41 tirs du Canadien – c'est avec un point de plus que le gardien et ses coéquipiers se réveilleraient vendredi matin.
Et dans la situation où se retrouve le Canadien, un point c'est beaucoup. Ça devient même énorme quand on considère que le Tricolore sortirait perdant – en ce moment – de tout bris d'égalité l'opposant à un ou l'autre de ses rivaux directs pour la dernière place en séries.