Le duel Canadien-Rangers promettait une grande soirée de hockey.

Les deux meilleurs clubs dans l’Est et les deux meilleurs gardiens de la planète hockey au grand complet se croisaient dans un match qui voulait dire quelque chose. Qui se voulait même un prélude à un éventuel affrontement entre les deux équipes tard, peut-être même très tard, en séries éliminatoires le printemps prochain.

Non seulement les Rangers avaient leur revers de 3-0 encaissé au Centre Bell le 15 octobre à venger, mais ils n’affichaient qu’un revers en temps réglementaire au Madison Square Garden (10-1-1) cette saison. Trois seulement (16-3-2) après 21 matchs. Un de moins que le Canadien (16-4-2) en 22 parties. En prime, Henrik Lundqvist qui est loin d’avoir eu le dessus sur Carey Price dans ses duels avec le gardien du Canadien, avait un trône à reprendre.

De duel, il n’y a pas eu tant les Rangers n’ont pas fait le poids face au Canadien.

Bien mal protégé par une défensive que le Canadien a haché finement avec sa vitesse et son échec avant soutenu et efficace, Henrik Lundqvist a été ordinaire pour une rare fois cette saison. Pour une rare fois point. Mais s’il est le principal responsable des succès des Rangers (16-3-2, avant le match) qu’il a sauvés à plusieurs reprises, Lundqvist n’a rien fait pour racheter les erreurs de ses défenseurs. Pour sauver son club. Après avoir accordé un cinquième but sur les 24 tirs qu’il a affrontés, Lundqvist a été rappelé au banc par Alain Vigneault.

Et comme Carey Price est demeuré au vestiaire après qu’il eut été incommodé par une blessure bien semblable à celle subie le 29 octobre à Edmonton, ce sont Mike Condon et Antti Raanta qui ont complété le duel Price-Lundqvist.

Retour trop rapide?

Le Canadien a confirmé après la victoire que Price a subi la même blessure que lors de sa défaite face aux Oilers. Bien que le Canadien n’ait jamais levé le voile sur cette blessure au bas du corps, il était clair mercredi que Price s’est encore blessé à la jambe droite. À quelle hauteur? Difficile à dire. Mais on peut viser le genou. Que ce soit le genou ou non, il était très facile de voir qu’après un bizarre de déplacement sur sa droite lors d’une poussée de Ryan McDonagh qu’il peinait à effectuer des poussées avec sa jambe droite, qu’il peinait à se relever.

Pourquoi a-t-il terminé la deuxième période avant d’être gardé au vestiaire ? C’est une bonne question à laquelle je ne peux offrir d’autre réponse que Price devait se sentir en mesure de jouer.

Mais la vraie question qu’il faudra poser est : Price est-il revenu au jeu trop vite ? Il se disait prêt, je sais. Mais après quelques signes de fatigue de Mike Condon après une séquence du tonnerre en relève, Price s’est retrouvé devant son but après une seule vraie séance d’entraînement.

Ça me semblait rapide comme remise en forme. Peut-être trop. Je sais qu’il est très (trop) facile de soulever ce genre de question après les faits, mais plusieurs analystes et anciens gardiens affichaient beaucoup de scepticisme devant ce retour en accéléré de Price devant son filet.

Parce que le Canadien et les Devils se croiseront dans une série aller-retour vendredi au New Jersey et samedi au Centre Bell, il était déjà acquis que Mike Condon serait de faction vendredi.

Le fait que le Canadien ait confirmé devoir rappeler un gardien du club-école laisse croire que Price pourrait être absent samedi aussi.

On verra.

Si cette absence se prolonge encore et que les médecins confirment que Price est encore une fois frappé par la même blessure qui le tenaille depuis un bon moment, il faudra se demander si le temps n’est pas venu de prendre les grands moyens pour la guérir une fois pour toutes.

Attendons ! Pour le moment, tout n’est que spéculation.

Les remplaçants s’imposent

Dans le camp des Rangers, Henrik Lundqvist a été faible, c’est vrai. Le capitaine Ryan McDonagh s’est rendu coupable de deux des 18 revirements offerts en cadeau par les Rangers au Canadien au cours du match. Dan Girardi, Marc Staal et surtout Dan Boyle qui a connu une soirée vraiment difficile n’ont pas été meilleurs. Et bien qu’il soit évident que les meilleurs peuvent connaître une mauvaise soirée de travail de temps en temps, il serait injuste de prétendre que la débandade des Rangers soit simplement attribuable à un mauvais match dans le corps.

Ce serait injuste et malhonnête aussi.

Car bien que la blessure de Carey Price porte ombrage à la victoire convaincante du Canadien, il est primordial de souligner la grande qualité du jeu offert par le Tricolore qui a su profiter des bévues des Rangers qu’il a fait très mal paraître.

Après avoir survolté un Alex Galchenyuk qui en avait bien besoin lors du match de dimanche, Sven Andrighetto a repris là où il avait laissé au terme de son premier match à la droite du «deuxième trio». Non seulement, Andrighetto a-t-il marqué son premier but pour ouvrir le pointage dans le match, mais il a décoché six tirs et a permis à son trio d’être plusieurs fois menaçant. Jouant avec la même conviction que celle affichée dimanche, Galchenyuk  a marqué dans un deuxième match de suite. Limité à deux petits buts à ses 21 premières parties, le voilà avec deux en deux matchs.

Et que dire de Devante Smith-Pelley ?

Les plus optimistes souhaitaient que DSP n’ait simplement pas l’air trop fou en relève à Brendan Gallagher. Ils souhaitaient que Plekanec et Pacioretty se réveillent et assument une grande part du défi de pallier l’absence de ce diable de petit joueur.

Gallagher ratera six semaines d’activité. Du moins, c’est ce qui est prévu. Et il faudra attendre avant d’établir un bilan du travail de DSP en relève. Mais avec ses deux buts, on peut dire qu’il n’a pas raté sa chance de faire bonne première impression.

Grand bien lui fasse.

Surtout que Pacioretty a confirmé un peu plus une victoire déjà acquise par le Canadien en enfilant le 5^e de son équipe. Mais au-delà les trois buts du «premier trio», le trio de Plekanec s’est fait remarquer plus souvent pour les bonnes raisons que les mauvaises hier soir.

Déclassés 8-1 au total des buts marqués lors des deux premiers duels Canadien-Rangers, les Blue Shirts pourront se reprendre le 26 mars prochain au Centre Bell.

Peut-être que cette partie sera déterminante dans la lutte pour le premier rang dans l’Est.

L’avenir nous le dira.

Mais si les Rangers ne sont pas en mesure de contenir la vitesse du Canadien afin d’orchestrer de bonnes relances pour aider leur gardien au lieu d’être emboîtés comme ils l’ont été mercredi et s’ils ne sont pas plus incisifs en attaque, ils peineront à venger leurs deux premiers revers.

Ils donneront aussi raison à ceux qui croient déjà, et croiront alors davantage, que le Canadien sera aussi en mesure de faire oublier leur défaite en finale de l’Est il y a deux ans et d’éliminer les Rangers s’ils les croisent en séries.

Mais bon ! Les séries sont encore bien loin…