Un petit point qui fait du bien pour le Canadien face aux Predators
Canadiens mercredi, 22 nov. 2017. 21:08 jeudi, 12 déc. 2024. 02:38NASHVILLE - Si Viktor Arvidsson avait marqué dans un filet désert le bilan du match contre P.K. Subban et ses Predators serait bien plus négatif. Le bilan des escales du Canadien à Dallas et Nashville le serait tout autant et plusieurs amateurs auraient rejoint les nombreux qui ont déjà fait une croix sur les chances du Tricolore d’accéder aux séries. Une croix sur la saison.
Si Viktor Arvidsson avait marqué dans un filet désert, on dénoncerait l’inertie du gros trio alors que Max Pacioretty, Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk ont offert bien plus de raisons de les critiquer que de croire en leurs chances de succès. On dénoncerait l’attaque à cinq qui n’a pas su profiter des quatre attaques massives offertes par les Predators, dont les 65 passées à cinq contre trois en début de rencontre, 65 secondes qui ont été gaspillées au lieu d’être utilisées pour déstabiliser un adversaire nettement plus fort. On dénoncerait les spécialistes du désavantage numérique qui ont permis aux Preds de marquer deux fois en quatre attaques massives. Je pense ici à Brandon Davidson et Nicolas Deslauriers qui ont tous deux perdu des batailles à un contre un derrière le filet pour ouvrir la porte au deuxième but des Preds. Un deuxième but qui aurait normalement dû être suffisant pour battre Montréal.
Mais voilà! Arvidsson a raté la cible et le Canadien en a profité pour niveler les chances avec 55,5 secondes à faire en troisième période. Joe Morrow a racheté ses lacunes défensives et même quelques vilains jeux en attaque en marquant un but que personne n’attendait au Bridgestone Arena en déjouant Pekka Rinne d’un tir de loin qui a dévié sur le culotte de Ryan Johansen.
Après une prolongation qui n’a rien donné, le Canadien s’est finalement incliné en tirs de barrage alors que l’ancien des Sénateurs Kyle Turris a marqué le seul but de la fusillade.
Dans la défaite de 3-2 qu’il a finalement encaissée, le Canadien a donc récolté un point. Je sais : ce n’est qu’un point. Un bien petit point. Mais ce petit point qui ne changera peut-être rien au compte final qui sera insuffisant pour accéder aux séries fait beaucoup de bien au Canadien. Ce petit point récolté en l’absence de Carey Price et de Shea Weber qui a dû déclarer forfait pour un deuxième match de suite devrait permettre de retarder le découragement qui aurait paralysé cette équipe déjà pas mal paralysée si Viktor Arvidsson avait marqué dans un filet désert au lieu de rater la cible.
Le hockey est un sport de résultats. Et parce que le Canadien a sauvé les meubles en évitant une quatrième défaite de suite en temps réglementaire, les petits détails positifs relevés lors de la rencontre méritent d’être soulignés. Ils le doivent même si dans les faits le Canadien rentre à la maison avec une seule victoire (1-4-2) à ses sept derniers matchs.
Mes observations en marge de cette catastrophe anticipée qui a été évitée... du moins partiellement :
- Éloges pour Niemi
- Gallagher donne le ton, mais qui suivra
- P.K. en mode destruction
- Un gros trio désintéressé
- Bonnes notes pour Petry et Jerabek
Chiffre du match : 11 – Philip Forsberg a marqué les deux buts des Preds en temps réglementaire mercredi. Ses 11 buts lui permettent de partager le 6e rang de meilleurs francs-tireurs de la LNH. Le Suédois est le joueur le plus prolifique de la cuvée 2012 du repêchage. Sélectionné 11e par les Capitals de Washington, Forsberg revendique 102 buts et 214 points en 285 matchs. C’est neuf buts et deux points de plus qu’Alex Galchenyuk – troisième sélection de la cuvée 2012 – qui a toutefois disputé 359 parties, soit 74 de plus que l’attaquant des Preds. Nail Yakupov, le tout premier choix de 2012 affiche 60 buts et 130 points en 312 parties en carrière.
Éloges pour Niemi
Si vous anticipiez une catastrophe lorsque le Claude Julien a confirmé sa décision de faire appel à Antti Niemi à Nashville hier, vous n’étiez pas seul.
À la blague, mais aussi parce que le Canadien a appris à nous fermer la trappe au fil des années avec des victoires surprises, je lançais à qui voulait bien me croire que Niemi blanchirait les Preds. Avec une moyenne de 6,67 buts alloués par partie cette année, avec une efficacité de 82 % et le fait qu’il a accordé un but sur les quatre tirs des Leafs qu’il a affrontés samedi dernier en relève à Charlie Lindgren, cette prédiction était osée. On va se le dire…
Bon! Niemi n’a pas blanchi les Preds. Mais les deux buts qu’il a accordés et surtout les 31 arrêts qu’il a effectués ont fermé le caquet à tous ceux qui étaient prêts à le condamner et à condamner Marc Bergevin de lui avait lancé un S.O.S. en le réclamant au ballottage la semaine dernière.
Niemi n’est pas un gardien orthodoxe. Avec son masque blanc, son équipement d’une autre époque qui semble tout droit sortir d’un bazar de quartier, ses déséquilibres fréquents et la façon qu’il a de réagir à la dernière seconde devant des rondelles qu’il semble apercevoir à la dernière seconde, il est loin d’inspirer confiance. Et peut-être qu’il se fera traverser lors de sa prochaine présence devant le flet du Tricolore. Si présence il obtient.
Mais mercredi, il a sauvé le Canadien d’une défaite qui aurait été autrement plus cinglante, n’eût été les arrêts solides qu’il a multipliés.
Pas question ici de relancer une controverse des gardiens et de relancer le mouvement attiser par les détracteurs de Carey Price qui réclament son départ de Montréal.
Mais avec le retour imminent de Carey Price – je l’ai épié hier midi alors qu’il effectuait du temps supplémentaire en compagnie de Victor Mete et David Schlemko et je ne serais pas surpris qu’on nous annonce son retour au jeu samedi contre Buffalo – et attendant le retour en forme d’Al Montoya toujours incommodé par une commotion, le gardien a en Niemi un auxiliaire d’expérience.
La présence de Niemi et de Montoya permettra à Charlie Lindgren de retourner dans la Ligue américaine où il pourra peaufiner une technique et des aptitudes qui lui vaudront un jour une place régulière devant une cage de la LNH.
Gallagher donne le ton, mais qui suivra?
Antti Niemi est la raison principale qui explique le point récolté par le Canadien à Nashville mercredi. Mais pas loin derrière, on doit réserver une place à Brendan Gallagher.
La boule d’énergie du Tricolore, le leader, celui qui agit en capitaine sans en avoir le titre, a une fois encore donné le ton au match. Il s’est battu aux sens propres et figurés comme un chien dans toutes les zones, dans tous les coins, dans toutes les situations. À le voir aller dans ses duels l’opposant à P.K. Subban on pouvait difficilement ne pas se demander si ces corps à corps ne cachaient pas un mélange de respect mutuel et de règlements de compte.
Gallagher n’a pas marqué. Il n’a pas récolté de point. Mais il a donné le ton. La question maintenant est de savoir qui suivra. Combien de joueurs l’imiteront. Charles Hudon, Phillip Danault, Paul Byron pour ne nommer que ceux-là suivent l’exemple dicté par Gallagher. On a vu Jordie Benn se porter à sa défense déjà et hier, c’est Karl Alzner qui s’est rué sur le pacifique Pekka Rinne qui s’en est pris à Gallagher qui devait certainement mériter des représailles du gardien des Preds.
Mais c’est ça Gallagher. C’est de l’effort, encore de l’effort, toujours de l’effort. Et fort heureusement pour lui et le Canadien, les efforts sont récompensés de points cette année contrairement à l’an dernier. Si seulement les membres du gros trio pouvaient l’imiter ne serait-ce qu’un brin ou deux…
P.K. en mode destruction
Quand P.K. Subban a déclaré mercredi matin que le match qu’il s’apprêtait à disputer contre le Canadien n’était qu’une simple partie de hockey, je ne l’ai pas cru.
Et vous savez quoi? P.K. m’a donné raison dès les premières minutes de la rencontre.
La rondelle était à peine tombée sur la patinoire pour lancer le match que P.K. se chamaillait avec Brendan Gallagher dans le cadre de la première de plusieurs manches d’un duel qui s’est poursuivi toute la rencontre.
À la présence suivante, P.K. est sauté au visage d’Andrew Shaw avant de lui asséner un solide double-échec dans le dos.
Subban s’est aussi permis des mises en échec à la ligne bleue des Preds aux dépens de Charles Hudon une fois et Karl Alzner une autre fois.
P.K. a également tenté le grand coup lorsqu’il a pris les commandes de l’express Nashville-Montréal pour aller ramasser Paul Byron qui sortait alors du territoire du Canadien à pleine vitesse, mais la tête baissée.
Si Byron se souvient encore du match qu’il a disputé à Nashville c’est grâce à ses coéquipiers qui, voyant le train arriver, l’ont avisé de vite lever la tête pour à tout le moins mieux encaisser l’impact qui l’attendait.
S’il était en mode destruction en début de rencontre, P.K. a aussi disputé un très bon match de hockey. C’est lui qui est à l’origine de la poussée qui a mené au but qui a permis aux Preds de niveler les chances 1-1 avec moins de deux secondes à faire au premier tiers.
Avec la vitesse, la fougue et l’éclat qu’on lui connaît, P.K. a foncé en fond de territoire du Canadien, il a débordé Max Pacioretty qui s’est retrouvé sur les genoux et qui y était toujours lorsque Filip Forsberg a poussé la rondelle dans une cage désertée par Antti Niemi qui avait été attiré par la présence sur sa gauche de Ryan Johansen qui aurait pu tirer, mais qui a plutôt effectué une passe parfaite comme il en distribue tant.
Une simple partie pour P.K. que ce deuxième match contre le Canadien en carrière. Bien sûr que non. Et vous savez quoi, le troisième ne le sera pas plus…
Un gros trio désintéressé
Je soupçonne l’entraîneur-chef Claude Julien d’avoir voulu ménager les susceptibilités de Max Pacioretty, Jonathan Drouin et Alex Galchenyuk lorsqu’il a déclaré après le match que son gros trio avait été meilleur que la veille. Qu’il avait généré des occasions de marquer. Qu’il donnait des signes encourageants.
Car à mes yeux, il y avait bien plus de désespoirs que d’espoirs à relever de la performance de ce gros trio au terme d’un troisième match consécutif depuis que le Canadien a mis ses gros œufs offensifs dans un même panier.
Et vous savez quoi? Max Pacioretty était pas mal d’accord avec moi et tous ceux et celles qui ont cherché du positif sans vraiment en trouver.
« Nous avons passé beaucoup trop de temps dans notre zone. Nous sommes trop éloignés les uns des autres. Nos adversaires utilisent ces vides pour contrer nos poussées et compliquer notre travail. Ça nous prive de temps de possession de rondelle en zone offensive. On en parle. On cherche des solutions. Il va falloir les trouver, car nous devons contribuer offensivement nous aussi », a déclaré Pacioretty dans le vestiaire du Canadien.
Le capitaine a obtenu une très bonne occasion de marquer en première période. Il a décoché six tirs au total. Alex Galchenyuk a cadré cinq des huit tirs qu’il a tentés au cours du match. À ce chapitre, ce gros trio a été plus efficace qu’à Dallas où il n’a obtenu qu’un seul tir au but.
Mais il en faut plus. Beaucoup plus. Il faut des résultats et il faudrait aussi des signes d’enthousiasme de la part des trois joueurs qui semblent malheureux de se retrouver ensemble au lieu d’avoir envie d’en profiter.
Ce sentiment de désintéressement que les membres du gros trio dégagent n’a rien pour attiser la confiance et la patience des partisans à leur endroit.
Car cette attitude contribue à mettre en évidence, le manque de combativité sur certains jeux et aussi l’indiscipline qui peut parfois coûter cher.
On l’a vu en fin de première période sur la pénalité ô combien inutile écopée par Jonathan Drouin. En zone des Predators, sur un jeu sans la moindre conséquence négative possible pour le Canadien, Drouin a bêtement asséné un coup de bâton sur celui de Ryan Johansen. Ce manque de discipline, voire de jugement, a ouvert la porte à une attaque massive des Predators qui ont bien sûr marqué.
Ajouter à cette pénalité et au manque de contribution offensive de son trio, le fait que Drouin n’a remporté que deux des 13 mises en jeu qu’il a disputées (15 %) et vous comprenez pourquoi j’ai commencé cette observation en soulignant la «politesse» de Claude Julien à l’endroit de son gros trio.
Mais bon, le Canadien venait de sauver un point en perdant en tirs de barrage. Si le Canadien avait perdu, peut-être que les commentaires auraient été plus acerbes, voire cinglants…
Bonnes notes pour Petry et Jerabek
En l’absence de Shea Weber, c’est Jeff Petry qui devait prendre la relève. Petry joue du hockey affreux depuis le début de la saison. Il joue nettement en deçà des attentes et de ses capacités. Mercredi, à Nashville, Petry a été à la hauteur. En l’absence de Weber – le Canadien s’est ennuyé de son tir pendant les 65 secondes à cinq contre trois et lors des avantages et désavantages numériques – Petry a non seulement passé plus de 29 minutes sur la patinoire – le plus d’utilisation des joueurs des deux équipes – mais la majorité de ces minutes ont été de bonnes minutes de hockey.
Karl Alzner l’a bien appuyé également. Il faut le dire.
Mention plus qu’honorable également à Jakub Jerabek qui a été tiré du lit à 6 h 30 mercredi matin à Winnipeg afin de se rendre à Nashville pour y rejoindre le Canadien.
À son premier match dans la LNH, Jerabek a bien fait. Oui il y a eu des erreurs ici et là, des passes qui ont trop attendu avant d’arriver et qui ont provoqué des hors-jeu, mais dans l’ensemble, on peut dire que l’arrière tchèque n’a pas raté sa rentrée.
Les prochains matchs nous en diront davantage s’il est du calibre de la LNH, mais pour le moment il donne raison à ceux qui croient – je suis du nombre – qu’il mériterait autant sinon plus de chances que Brandon Davidson et Joe Morrow,
Mais bon!
En passant, Victor Mete a finalement sauté un match. On sentait que ça viendrait. C’est maintenant fait. Ça ne compromet pas son avenir avec le Canadien, mais ça veut peut-être dire que cet avenir passe par le Championnat du monde de hockey junior et un dernier tour dans la Ligue de l’Ontario avant de faire le grand saut dans la cour des grands.
On verra.