Le repêchage 2016 est maintenant terminé et le Canadien a été actif dès le départ alors qu’il a transigé pour laisser partir Lars Eller aux Capitals de Washington et obtenir les services d’Andrew Shaw des Blackhawks de Chicago.

Du côté d’Eller ce n’était qu’une question de temps avant qu’il quitte Montréal. Là question était de savoir comment.  L’acquisition de Shaw permet à Marc Bergevin de mettre la main sur un joueur de caractère qui, à 24 ans, a déjà remporté deux Coupes Stanley.

Shaw va amener du leadership dans la formation de Michel Therrien. Bergevin a admis qu’il y avait eu des lacunes à ce niveau, en l’absence de Carey Price, lors de la dernière saison. Avec un gars de cette stature et avec son bagage, il pense bien résoudre ce problème. Il ne faut cependant pas s’attendre à ce Shaw règle tout. C’est avant tout un joueur de caractère.

Sa meilleure saison a été une récolte de 20 buts et il faut s’attendre à cette contribution de sa part. S’il demeure le joueur qu’il a été, tout va bien aller. Si on lui en demande plus, c’est là qu’on risque d’être déçu et que lui aussi soit déçu de son passage à Montréal. S’il s’en maintient au rôle qu’il connaît, ce sera une bonne acquisition pour le Canadien.

Son départ de Chicago est sensiblement la même qui entourait Brandon Saad lorsqu’il a été échangé aux Blue Jackets de Columbus. C’est un gars de troisième trio et les Hawks ont trop de gros salaires à payer donc ils l’ont laissé aller. C’est tout de même une bonne transaction pour les Hawks alors qu’on va chercher deux choix de deuxième ronde, alors qu’on l’aurait sans doute perdu plus tard.

Si on regarde le parcours de Stan Bowman, on réalise qu'il ne s’est  pas trompé trop souvent depuis qu’il est en poste et il a eu à manipuler de gros dossiers avec des joueurs d’impact. Il a effectué de grosses transactions et il parvient à maintenir une équipe compétitive alors qu’il ne touche pas son noyau. C’est certain que Shaw était une pièce importante, mais ce n’est pas une pièce maîtresse.

Bergevin doit maintenant le mettre sous contrat, mais il ne faut pas que ça coûte trop cher. Il faudrait y aller avec un contrat à plus long terme pour ne pas qu'il coûte plus de quatre millions $ par année.

C’est le genre de transaction qui pourrait avoir des répercussions à long terme. Le Canadien a donné deux choix de deuxième ronde cette année pour Shaw, le 39^e et le 45^e. Lorsque je regarde Samuel Girard qui a été repêché au 47^e rang par les Predators de Nashville, s’il s’avère être un bon défenseur dans la LNH, le Canadien pourrait le regretter. Il aurait pu l’avoir avec leur 39^e et même leur 45^e choix, ceux échangés à Chicago. Girard est meilleur que Victor Mete qui a été sélectionné en quatrième ronde. C’est juste sur ce point que la transaction pourrait hanter le Tricolore. S’il avait réussi à donner les deux choix obtenus dans la transaction avec Eller, ceux de 2017 et 2018,  la situation serait différente. Girard peut être comparable à un Marc-André Bergeron pour son flair offensif en avantage numérique notamment, mais il a une plus forte présence défensive que Bergeron, et il a une bonne vision du jeu. Ces deux choix pourront peut-être faire mal lorsqu’on regardera ce repêchage avec du recul dans cinq ou six ans.

Dubois a modifié le plan

Pour ce qui est des autres sélections du Canadien, j’ai été surpris de celle du défenseur Mikhail Sergachev. Je pense que ce qui a commencé à mêler les cartes, c’est la sélection de Pierre-Luc Dubois devant Jesse Puljujärvi. Si l’attaquant n’avait pas été disponible, les Oilers se seraient sans doute tournés vers un défenseur comme Sergachev ou Olli Juolevi. Ils ont pris un attaquant sachant qu’ils ne pouvaient pas passer à côté de lui. La sélection de Dubois a modifié un peu la suite des événements.

Je l’avais déjà dit du côté du Canadien, c’était certain qu’ils allaient pouvoir repêcher un bon joueur au neuvième rang. La qualité du repêchage était très bonne cette année et encore plus parmi les 15 premières sélections. Bergevin semble avoir trouvé le défenseur parfait pour succéder à Andrei Markov avec Sergachev. Je pense que Nathan Beaulieu a perdu un peu de son lustre envers l’organisation. Il ne pensait peut-être pas que Beaulieu pouvait prendre la place de Markov. Il reste à voir si Markov peut être le  modèle et le parrain de Sergachev  pour une saison avec Montréal. Je crois que Markov peut encore jouer durant trois saisons. Si le Canadien garde ses services, il pourrait être son mentor, mais j’ai peur que deux ans se soit rapides pour Sergachev de percer l’alignement. L’idéal serait que Sergachev dispute sa première saison à Montréal lorsque Markov en sera à sa dernière.

La deuxième sélection du Tricolore dans ce repêchage, William Bitten, peut être une bonne révélation, mais je le compare à plusieurs Québécois qui ont essayé de se faire une place avec le grand club. Gabriel Dumont est maintenant parti et c’est ça pour moi Bitten, un gars de caractère avec environ un point par match au niveau junior. Je trouve qu’il y en a beaucoup des joueurs dans le même style que Bitten, Charles Hudon par exemple, avec les IceCaps.

J’ai peur que ce soit difficile pour lui à long terme, mais il a du talent et le Canadien mise, on le sait, sur la vitesse et le talent.

Montréal s’est tourné vers un autre défenseur en quatrième ronde en repêchant Mete. À mon avis, il peut être une belle surprise. C’est un défenseur intelligent avec un bon sens du hockey. Ce n’est pas un défenseur avec le plus gros gabarit, mais dans le hockey d’aujourd’hui, il peut se démarquer.

Il y a plusieurs projets parmi les sélections dont, Arvid Henrikson, Casey Staum. Ce dernier n’a pas joué beaucoup de matchs du côté des collèges américains. Michael Pezzetta risque d’être un joueur de la Ligue américaine qui pourrait percer un jour la formation, mais parmi les attaquants de troisième ou quatrième trio. Il y a de moins en moins de joueurs de ce rôle qui parviennent à se faire une place, mais c’est une possibilité.

Quand je regarde Staum, issu des collèges américains, je me dis que là, on aurait pu aller chercher un joueur de la LHJMQ. Encore là, ça ne veut pas dire qu’ils n’en inviteront pas.

Propos recueillis par Maxime Tousignant