Il est plutôt rafraîchissant d'entendre des employés de soutien lever le ton et donner à entendre à leur syndicat que, eux aussi, paient une cotisation et qu'ils ont le droit de gagner leur vie.

Rafraîchissant d'entendre Pierre Dagenais plaidant la cause des joueurs de troisième et de quatrième trios. Refraîchissant aussi de lire les propos de Mike Commodore qui souligne que le comité exécutif de l'Association des joueurs est formé de membres qui ont gagné plus de $30 millions en carrière dans la Ligue nationale et que si le conflit se prolonge, ça ne les dérange pas du tout.

Ce qui n'est pas le cas pour des joueurs marginaux.

Mardi, à Toronto, les 30 représentants des équipes rencontreront Bob Goodenow, Ted Saskin et les membres du comité exécutif présidé par Trevor Linden. Une rencontre pour dresser un bilan de la situation et surtout pour élaborer sur la prochaine stratégie.

Y aura-t-il des représentants qui vont brasser la cage? J'en doute. J'espère cependant qu'on questionnera Goodenow sur les agissements de plusieurs membres du syndicat. Si Goodenow est le si grand leader qu'on veut bien le laisser croire, comment explique-t-il que le syndicat qu'il dirige accepte que 20% des membres évoluent dans des ligues européennes, enlevant ainsi des emplois à plusieurs joueurs moins talentueux, admettons-le, et acceptant des salaires de $250,000 comme c'est le cas pour Joe Thornton.

Le salaire de Thornton

L'AJLNH, qui représente Thornton, n'est-elle pas ce syndicat qui refuse carrément un plafond salarial? Il n'y a pas si longtemps, Chris Pronger, Mike Modano et Tony Amonte acceptaient d'endosser leur uniforme de la Ligue nationale lors d'un tournage pour la compagnie Reebok? Ne devrait-on pas éviter tout lien direct ou indirect avec les propriétaires?

Je comprends très bien que les joueurs de la Ligue nationale veulent garder les acquis, qu'ils ne veulent pas céder devant le plan des propriétaires. Je les comprends parce que tout syndicat doit chercher à protéger ce qu'il a gagné au fil des ans. Qui plus est, dans ce dossier, Gary Bettman s'est comporté comme un administrateur qui tenait absolument à décréter un arrêt de travail refusant le moindre dialogue.l

Cependant, quand on se bat pour des principes, on doit faire aussi preuve de rigueur. Les joueurs ont effectué une levée de boucliers face à des propriétaires qui veulent imposer un plafond salarial. Par contre, presque 250 des 700 membres du syndicat vont jouer pour des salaires parfois 10 fois inférieur à ce qu'ils gagnaient la saison dernière.

On sent une certaine frustration chez certains syndiqués parce que, depuis le début du conflit, on a vu le vrai visage de l'AJLNH, il s'agit d'un syndicat qui se concentre surtout à protéger les gros salariés. Les autres? Bah, si on doit sacrifier des emplois pour éviter le plafond salarial, qu'il en soit ainsi, semble être le slogan de l'AJLNH.

Perdre son boulot

Perte d'emplois veut dire plus de boulot dans la LNH pour Commodore et Dagenais et les joueurs de ce statut. Et, il y a un autre point sur lequel on devrait s'arrêter chez les 30 représentants des équipes. Si le but de l'AJLNH est de ne pas céder trop de terrain aux propriétaires afin de protéger les joueurs de la prochaine décennie, sont-ils bien conscients qu'à la reprise des activités, le conflit aura laissé des séquelles, que les revenus des propriétaires s'amenuiseront, que les salaires chuteront, que les emplois seront abolis.

L'important n'est-il pas de sauver immédiatement le hockey. Il ne s'agit plus de laisser un héritage aux plus jeunes. Il s'agit de sauver un produit, une entreprise, une ligue.

Et surtout de sauver un sport malade…

Lecavalier et Richards

Je faisais allusion, un peu plus haut, à l'exode des joueurs vers l'Europe. Deux des patineurs les plus talentueux de la Ligue nationale - Vincent Lecavalier et Brad Richards - étudient présentement une offre de $300,000 (devises américaines) par mois, oui, oui, par mois, de la formation Ar Bars Kazan. Cette formation, surnommée les Rangers de New York de la Russie, s'apprêterait aussi à faire une offre mirobolante à Nikolai Khabibulin, quelque chose comme $ 6 million s'il veut bien passer une saison complète là-bas.

De quoi ajouter à la frustration des joueurs marginaux de l'AJLNH.