INNSBRUCK, Autriche - "Monsieur Brodeur, vous devez passer au contrôle sur le dopage, merci."

- Euh... d'accord, répond le gardien Martin Brodeur.

Mais, avait-il des doutes?

- Je n'étais pas très à l'aise, répond-il.

Quoi?

En guise d'explication, Brodeur raconte un événement qui s'est produit tout juste avant le début de la troisième période. Il se dirigeait vers son filet quand un joueur de l'équipe de la Lettonie lui a remis une bouteille d'eau. Sur le moment, il a saisi la bouteille et l'a déposée sur le filet.

C'est pourquoi le doute s'est installé lorsqu'un homme lui a demandé de subir un test de dopage. Et si cette bouteille...

Une fois le test terminé, Brodeur a déposé un rapport détaillé sur l'intrigante bouteille afin de s'assurer que tout était dans l'ordre et que si jamais, si jamais, répétait-il, "il arrive quelque chose, il faudra enquêter sur le contenu de ladite bouteille."

Comme le veut le règlement de la Fédération internationale de hockey sur glace, et comme dans tout événement sportif, l'athlète est choisi au hasard pour subir le test de dépistage. Brodeur, lui, avait sa théorie quant au choix du comité.

"Ils m'ont vu accorder quatre buts et vu la façon dont je me suis comporté sur les quatre buts... je ne peux pas les blâmer de m'avoir choisi pour le test."

Aux dernières nouvelles, Brodeur était toujours en attente des résultats.

Pas le vrai Brodeur

C'est vrai que Brodeur n'a pas été trop alerte sur certaines séquences. Est-ce la rouille d'une longue inactivité? Est-ce une question de conditionnement physique? Est-ce le fait que son équipe, même si elle a marqué six buts, dont quatre en supériorité numérique, n'affichait pas une cohésion qui, habituellement, démarque le groupe? Est-ce parce que sa défensive cafouillait, malgré le talent limité des Lettons?

Un peu de tout. On ressent toujours les effets d'une longue inactivité. Le temps de réaction n'est pas le même. En termes de conditionnement physique, Brodeur soulignait qu'il devait gravir une trentaine de marches et emprunter un long corridor avant d'arriver sur la surface de jeu, le vestiaire de l'équipe canadienne étant pratiquement situé au sous-sol.

"Quand tu transportes une cinquantaine de livres d'équipement..."

Et quand on n'est pas tout à fait au sommet de sa forme, le souffle est plus court, les jambes sont moins fortes et les déplacements ne sont plus aussi explosifs.

Par ailleurs, les erreurs commises par le Canada en défense l'ont placé dans des situations auxquelles il est rarement confronté, et ça devient un peu plus compliqué quand on n'a pas joué depuis plus de six mois. Mais Brodeur avait un message pour les entraîneurs de l'équipe canadienne qui, en coulisses, affichaient une mine inquiète.

Il leur a dit de ne pas trop s'énerver avec le résultat de ce premier match. Le Canada connaît presque toujours des ennuis en début de compétition. Graduellement, les a-t-il rassurés, l'équipe montrera une belle chimie; elle compte sur un personnel talentueux et surtout très motivé.

Des entraîneurs perplexes

Cette équipe, malgré l'absence de plusieurs joueurs de premier plan, ne soulevait pas trop d'inquiétudes lors des matchs préparatoires, sauf que ses dirigeants ne savaient pas comment la défense allait réagir sur une plus grande surface de jeu. Le premier match n'a pas été sans laisser les entraîneur perplexes...

C'est sans doute pour cette raison que Brodeur tenait à rassurer Habscheid.

Habituellement, le gardien des Devils parvient à corriger lui-même les lacunes défensives de ses coéquipiers. Ses prouesses font en sorte que les arrières jouent avec plus d'assurance. Mais ce n'est pas dans la nature de Brodeur de s'inquiéter.

Bien au contraire.

À 32 ans, leader incontesté de son équipe, Brodeur a analysé attentivement le potentiel de la formation et il n'a aucun doute sur l'issue du tournoi.