QUEBEC (PC) - Ne reculant devant aucune controverse, l'avocat Guy Bertrand a suggéré jeudi qu'une "Equipe Québec" puisse représenter tout le Canada au championnat mondial de hockey en 2008.

Le flamboyant juriste aux convictions constitutionnelles variables ne se laisse pas démonter par le refus net que lui a déjà signifié Hockey Canada. Selon lui, la création d'une équipe du Québec est "une affaire politique" qui doit être défendue en haut lieu auprès du gouvernement fédéral par le premier ministre Jean Charest.

Si le fédéral a consenti au Québec une place au sein de la délégation canadienne à l'Unesco, il peut certainement permettre aux hockeyeurs québécois de représenter "une nation de facto" et "un pays inachevé" sur la scène mondiale, a souligné l'avocat en conférence de presse dans son cabinet de Québec.

Bien sûr, convient Me Bertrand, le Québec n'est pas souverain et ne peut, en vertu des règlements de Hockey Canada, aligner une équipe nationale aux côtés de celle du Canada.

Qu'à cela ne tienne, l'avocat propose une formule inédite. Il suggère qu'une formation composée de joueurs québécois soit opposée à une autre formée de joueurs du reste du Canada dans un tournoi hors concours à l'issu duquel l'équipe gagnante représenterait le pays en entier au championnat du monde de 2008.

Autrement dit, en cas de victoire sur l'équipe du ROC (Rest of Canada), Equipe-Québec aurait la tâche de défendre les couleurs du Canada au tournoi international qui se tiendra à Halifax et à Québec en 2008.

Me Bertrand n'y voit aucun problème, si ce n'est que des Canadiens pourraient, admet-il, être "heurtés" de voir une équipe québécoise représenter tout le Canada.

N'empêche, estime le procureur, un tel geste de générosité des autorités canadiennes du hockey serait un beau "cadeau" à offrir à la ville de Québec pour son 400e anniversaire de fondation en 2008.

"Si le Québec ne peut pas jouer au hockey avec les grands de ce monde lors des compétitions internationales simplement parce qu'il n'est pas souverain, que croyez-vous qu'il nous reste à faire? Nous écraser ou nous libérer?" a-t-il lancé avec son éloquence habituelle.

La plaidoirie de Me Bertrand n'a cependant pas ému le gouvernement Charest. Opposer le Canada au Québec serait jouer le jeu des souverainistes, a fait comprendre le ministre du Sport, Jean-Marc Fournier.

"Je pense qu'il est souverainiste", a noté le ministre au sujet de Me Bertrand, qui est effectivement "redevenu" souverainiste après avoir défendu avec acharnement le fédéralisme pur et dur au lendemain du référendum de 1995.

"Si on laissait le sport au sport et qu'on s'apercevait qu'il rassemble les gens, pourquoi serions-nous contre ça? Sortons la politique du sport", a tranché le ministre Fournier.

Néanmoins, Me Bertrand ne baisse pas les bras. A l'appui de sa requête, il brandit les résultats d'un sondage Léger Marketing démontrant que 72 pour cent des Québécois sont favorables au projet d'équipe du Québec.

Ce sont là "cinq millions de personnes", a-t-il insisté.

De toute façon, les organisateurs du championnat n'ont guère le choix, selon lui. La compétition, a-t-il prédit, sera "un fiasco" à Québec si une équipe québécoise n'y est pas engagée. A son avis, les Québécois bouderont le championnat s'ils ne peuvent s'identifier à une équipe bien à eux.