L'air de Boston n'a pas changé Steve Bégin. C'est un homme authentique et très émotif que notre collègue Renaud Lavoie a rencontré à la veille du premier affrontement de la saison entre les Bruins et le Canadien.

Après avoir, de son propre aveu, atteint le fond du baril à la fin de son association avec le Canadien, Bégin flotte sur un nuage avec l'équipe qui l'a accueilli à bras ouverts au cours de l'été.

"Ici, on me fait confiance. Je m'en vais à l'aréna et je sais qu'on va me confier des tâches à accomplir, que j'aurai la chance de jouer. Et jusqu'à présent, je crois que je saisis cette chance", a confié Bégin, qui passe environ 14 minutes par match sur la glace et qui revendique six points en 14 rencontres.

En l'espace de quelques mois, le combatif attaquant est passé de l'enfer au paradis. Celui qu'on disait incapable de suivre le rythme de la Ligue nationale à Montréal est redevenu un joueur à qui on n'hésite pas à confier des missions importantes dans les moments cruciaux.

"On m'a dit que j'étais rendu vieux, que je n'étais plus capable de suivre la game comme quand j'avais 20 ans, se remémore difficilement Bégin. Quand tu te fais dire ça, tu encaisses une vraie claque en plein visage. Tu frappes un mur. Je me suis assis et je me suis posé des questions."

"Mais en ce moment, je n'ai rien d'autre à penser que de me pointer à l'aréna et de faire mon travail, poursuit-il, l'air libéré. Je n'ai pas à me demander si je vais jouer, je n'ai pas à m'inquiéter de ma place au sein de l'équipe si je fais une erreur. Je m'amuse. L'ambiance est totalement différente pour moi."

Des jours difficiles

Devant notre caméra, Steve Bégin a accepté de se rappeler des souvenirs douloureux. Des souvenirs d'une période brève, mais qui l'a visiblement ébranlé.

"Quand je suis arrivé à Dallas, j'étais abattu, affirme Bégin sans avoir peur des mots. Je n'avais plus de motivation. C'était difficile. Présentement, quand je vais à l'aréna, je ne vais pas travailler. Je m'en vais jouer au hockey, je vais m'amuser! Mais l'année passée, c'était beaucoup plus difficile. C'est niaiseux, parce que le hockey demeure un jeu, mais j'ai toujours pris ça sérieusement, j'ai toujours voulu gagner. Et l'an passé j'en étais arrivé à un point où j'espérais seulement être capable de passer à travers la journée."

"Je n'avais jamais eu de problème pour me motiver, je n'ai pas besoin de personne pour me pousser. Mais j'en étais rendu là. Quand je suis arrivé à Dallas, je voulais simplement me rebâtir une confiance. J'avais besoin d'encouragement. Ce n'est pas bon signe pour moi! Mais là, je n'ai plus besoin de ça", raconte Bégin, au bord des larmes.

L'ancienne petite peste du Canadien a également la voix plus fragile quand il parle de sa femme Amélie, qui l'a toujours réconforté dans les moments plus difficiles.

"Elle était toujours là... elle est toujours plus forte que moi! Elle appelait mes amis, elle leur disait de me sortir, de m'aider à me changer les idées! Aujourd'hui, c'est fini. La famille est heureuse, les enfants adorent ça ici. C'est le fun."

Affronter le Canadien

Dans moins de 24 heures, Bégin affrontera son ancienne équipe pour la première fois depuis qu'il porte l'uniforme noir et or de l'ennemi juré.

"C'est sûr que ça va être spécial. L'an passé, je venais d'être échangé à Dallas. Je ne réalisais peut-être pas complètement que j'étais dans une autre équipe. C'était bizarre, mais cette année, ça prend une envergure complètement différente. Je serai dans l'uniforme des Bruins, les plus grands rivaux du Canadien. J'ai hâte, mais il ne faut pas trop que je m'énerve avec ça. Il ne faut pas que j'essaie d'en faire trop."

Et dans un mois, le 4 décembre, ce sera le retour à la maison alors que les Bruins seront de passage au Centre Bell.

"J'ai hâte de voir si j'aurai le même accueil que les autres, dit Bégin en riant. Je suis prêt à n'importe quoi! J'ai toujours eu des bons supporteurs à Montréal, j'ai toujours dit que c'était la meilleure foule. Ça va être spécial, quelque chose de gros, mais je serai prêt à faire face à la musique."