TORONTO - Luc Robitaille va conserver un souvenir impérissable de l'équipe championne des Red Wings de Detroit en 2002.

"Je n'avais jamais fait partie d'une équipe talentueuse du genre, admet le plus prolifique ailier gauche de l'histoire de la LNH, quelques heures avant d'être admis au Temple de la renommée. Et je me rappelle du discours d'accueil que le directeur général Ken Holland et l'entraîneur Scotty Bowman avait tenu, à l'ouverture du camp d'entraînement.

"'Nous sommes ici pour gagner la coupe Stanley et nous commençons à nous y préparer dès maintenant', qu'ils avaient dit à tour de rôle.

"La stratégie était déjà toute planifiée vers l'atteinte de l'objectif. Ça m'avait renversé comme attitude. On réalisait rapidement qu'on était très sérieux à Detroit. C'était la coupe ou rien. J'avais réellement été impressionné."

Les Red Wings étaient pratiquement une équipe étoile, avec les Igor Larionov, Steve Yzerman, Sergei Fedorov, Brett Hull, Dominik Hasek, Brendan Shanahan, Chris Chelios, Nicklas Lidstrom, Pavel Datsyuk et Robitaille, évidemment.

"À l'époque, on disait déjà que cette équipe passerait à l'histoire comme une des meilleures. On calculait qu'il pourrait y avoir jusqu'à 11 futurs membres du Temple de la renommée, ce qui est beaucoup. Je ne crois pas qu'on va revoir ça.

"C'était une équipe extraordinaire, a-t-il repris. La beauté de notre réussite, c'est que tout le monde a fait passer les succès de l'équipe devant ses propres succès personnels."

Bowman a été intronisé comme entraîneur, il y a plusieurs années. Après Larionov l'an dernier, c'est au tour des Yzerman, Hull et Robitaille de recevoir l'ultime honneur cette année. Pas un vilain trio, chacun ayant obtenu plus de 650 buts et 1390 points.

Au cours des prochaines années, les candidatures des Hasek, Shanahan, Chelios, Fedorov, Lidstrom et Datsyuk seront considérées pour le temple.

Les Québécois Steve Duchesne et Mathieu Dandenault ont eu la chance de faire partie de cette équipe.

Même les Oilers d'Edmonton, à leur époque glorieuse dans les années 1980, n'ont fourni que six membres au Panthéon du hockey, incluant Wayne Gretzky et Mark Messier.

"J'avais le sentiment de me retrouver dans la peau d'un joueur des Yankees de New York, il y a plusieurs décennies, image Hull. J'ai eu la chance de jouer avec le Babe Ruth du hockey et de devenir un de ses bons amis. J'ai été dirigé par le Casey Stengel du hockey, un des plus grands entraîneurs du sport. J'ai eu plus de plaisir en une saison-là avec Scotty Bowman qu'au cours de tout le reste de ma carrière. Nous partagions la même philosophie, nous étions vraiment sur la même longueur d'onde. Avec le recul, je me dis que c'était comme si j'avais fait partie d'une équipe avec les Mickey Matle, Lou Gehrig, Yogi Berra et tous les autres joueurs vedettes. Ça faisait peur."

Yzerman garde le souvenir d'une saison fort agréable et satisfaisante.

"Nous avons eu beaucoup de succès. Nous avons remporté le trophée du Président, en saison régulière. Il régnait une bonne entente dans le groupe, malgré la présence de plusieurs personnalités fortes. Scotty menait le bal. Il décidait qui jouait où, quand et pendant combien de temps. Nous avons travaillé ensemble, et eu du plaisir à le faire. Heureusement, nous avons gagné la Coupe Stanley."

Avoir joué, tout simplement

La plus grande réalisation des 19 années de carrière de Luc Robitaille?

"D'avoir joué dans la Ligue nationale, répond-il, tout simplement. Je me rappelle qu'avant de disputer mon premier match dans l'uniforme des Kings de Los Angeles, je me suis dit: 'Ça y est, te voilà dans la Ligue nationale'. Tous les matchs suivants ont été des bonis", ajoute-t-il.

Le sympathique patineur, que tous les parents voudraient avoir comme fils, selon l'ancien entraîneur Pat Burns qui l'a dirigé chez les juniors à Hull, n'a jamais imaginé qu'il pouvait atteindre le statut de supervedette dans la LNH.

"Ça n'a jamais été un objectif pour moi, d'être un joueur étoile. J'ai toujours centré les efforts afin de devenir le meilleur joueur possible, précise-t-il. Quand j'atteignais un objectif, je m'en établissais un autre plus élevé. J'ai toujours été un excellent élève du jeu. J'essayais d'en apprendre toujours plus. J'ai été choyé d'avoir eu comme coéquipiers des joueurs de la trempe de Marcel Dionne, qui m'a énormément aidé à mes débuts, Larry Robinson, John Tonelli, Wayne Gretzky, Mark Messier, Ron Francis et Steve Yzerman. C'était tous des joueurs fort respectueux de notre sport."

Comme un frère

Le destin de Pat Brisson a été intimement lié à celui de Robitaille depuis 23 ans. Brisson est allé s'établir en Californie un an après l'arrivée de Robitaille chez les Kings. Il y est depuis ce temps. On connaît son histoire. Parti de rien, Brisson a fait sa marque comme conseiller d'athlètes.

"C'est une fin de semaine émotive pour moi aussi, commente Brisson. C'est un retour en arrière rempli de souvenirs, depuis le moment où on a été coéquipiers dans les rangs juniors à Hull, avec les Pat Burns, Guy Rouleau et Stéphane Matteau.

"Luc m'a convaincu de venir travailler à Los Angeles, et j'y suis installé depuis le 15 octobre 1987. Il est comme un frère pour moi. Il m'a beaucoup aidé, je l'ai aidé. Nous avons vécu de belles choses ensemble."

Ce qu'il retient principalement de Robitaille, c'est la constance qu'il a affichée sur la glace ainsi que l'équilibre qu'il a montré à l'extérieur.

"On ne réussit pas 668 buts dans la Ligue nationale sans être constant, souligne-t-il. Luc, c'était un travailleur acharné sur la glace, un gars simple, très équilibré à l'extérieur. Il n'a jamais changé. Il a connu quelques passes plus difficiles, aucun athlète n'y échappe, mais il a toujours été capable de revenir plus fort. Sous ses dehors de Roger-bontemps, il possédait une grande force de caractère. Il est un modèle pour les jeunes que j'utilise souvent."

Brisson a su que son ami ferait sa rentrée au Temple de la renommée, au terme de la saison 1992-93, quand il a surpassé les marques de buts et de points de Kevin Stevens pour un ailier gauche. Cette saison-là, Robitaille avait obtenu 62 buts et totalisé 125 points pour le compte des Kings. C'était neuf buts et deux points de plus que Stevens avait récoltés la saison précédente dans l'uniforme des Penguins de Pittsburgh.

La conquête de la coupe Stanley en 2002 comme porte-couleur des Red Wings a été la cerise sur le gâteau.

En bref

À Toronto, en fin de semaine, Luc Robitaille avait la chance d'être entouré de tous les membres de son clan: sa mère Madeleine, son père Claude, sa soeur cadette Caroline, son frère aîné Pierre, sa conjointe Stacia, son fils Jessy, 12 ans, et le fils de sa conjointe Steven, 21 ans, qu'il considère comme son propre fils. Jessy est un musicien bourré de talent et Steven est un comédien fort prometteur.

"C'est réellement exceptionnel comme fin de semaine, a commenté Robitaille, qui avait eu un avant-goût de ce qui l'attendait en assistant à la cérémonie d'intronisation d'Igor Larionov, l'an dernier. Il faut vraiment le vivre pour le réaliser. L'organisation est impeccable et très professionnelle."

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Ne mésestimez pas les chances de Marc-André Fleury, des Penguins de Pittsburgh, d'agir comme le gardien de confiance de l'équipe canadienne olympique aux Jeux de Vancouver. A ce sujet, prenez connaissance de la récente déclaration du directeur général du Canada, Steve Yzerman.

"Marc-André a pris part à la finale de la coupe Stanley deux années de suite. Il a gagné un septième match cette année, a-t-il relevé. Il s'est établi comme un gardien de premier plan dans la Ligue nationale. Il est plus confiant que jamais. J'estime qu'il est encore meilleur cette saison qu'il l'était la saison dernière. Avec la confiance qu'il affiche et ses excellentes aptitudes, ça rehausse de toute évidence son statut au sein de l'équipe olympique."

Yzerman a indiqué qu'on misera sur le gardien - des trois qu'on sélectionnera à la fin décembre - qui sera le plus au sommet de son art dans les six semaines précédant les JO.

Martin Brodeur, Roberto Luongo et Fleury devraient être les gardiens sélectionnés.

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Luc Robitaille, qui occupe le poste de président des opérations affaires chez les Kings de Los Angeles, n'est pas surpris des succès de l'équipe cette saison.

"Nous récoltons les dividendes de la patience que nous avons eue avec nos jeunes joueurs, a-t-il analysé. Ils ont bien progressé et ils n'ont pas fini de le faire. Cette saison, ils ressentent davantage la pression de connaître du succès et ils démontrent qu'ils sont capables de bien la gérer. C'est la raison pour laquelle je sais qu'ils vont s'améliorer encore."

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Les deux anciennes grandes vedettes des Nordiques de Québec, Michel Goulet et Peter Stastny, retirent énormement de plaisir de participer aux activités annuelles de la fin de semaine du Temple de la renommée depuis qu'ils y ont été admis tous les deux la même année en 1998.

"Il faut bien venir perdre quelques calories", lance à la blague Peter, qui est heureux de prendre part au match des "Légendes", le dimanche après-midi.