Frédéric Brunet et le pouvoir de l'amour fraternel
LAVAL – Frédéric Brunet s'explique mal pourquoi, mais il ne connaît pas un début de saison à la hauteur de ses attentes.
Il s'était pourtant senti en pleine maîtrise de ses habiletés au camp d'entraînement des Bruins, au cours duquel il a pris part à deux matchs préparatoires. Son rendement reflétait le niveau d'effort qu'il avait mis dans sa préparation estivale. Une progression linéaire, comme tous les athlètes en rêvent.
« Mais je trouve que mon début de saison est un peu slow, déplorait le défenseur de 21 ans vendredi matin à la Place Bell. Je ne sais pas si je suis dur envers moi-même, mais personnellement je trouve que j'ai commencé un peu slow. Des fois, je fais des petits jeux que je ne faisais plus à la fin de l'année passée. Je suis retombé dans mes vieilles habitudes. »
Quand ce pas de recul inattendu a fini par atteindre son moral, Brunet ne s'est pas tourné vers un entraîneur, un coéquipier ou un psychologue sportif. L'oreille la plus rassurante qu'il a trouvée a été, comme à l'habitude, celle de son grand frère.
Cédrick Brunet est un patineur de vitesse de haut niveau. Membre de l'équipe nationale canadienne en longue piste, il a récemment échoué dans sa tentative de se qualifier pour la prochaine saison sur le circuit de la Coupe du monde. Il n'a pas le même âge que son frère et ne pratique pas le même sport, mais son statut professionnel est similaire.
« Tu l'as bien dit, on est vraiment dans la même situation, corrobore Frédéric. J'essaie de me percer un chemin au prochain niveau et lui aussi. Je pense qu'être au même stade de nos carrières, ça aide vraiment à parler de ce qu'on ressent, les étapes difficiles. C'est pas mal les mêmes affaires. »
Mais la connexion entre les deux frangins dépasse largement tous les parallèles sportifs que vous pouvez imaginer.
« Nos parents nous ont instauré de belles valeurs, reconnaît Cédrick. C'est ton frère, ça va être ton meilleur ami pour la vie. Je pense que c'est resté, et j'espère que ça va rester tout au long de ma vie. Depuis le Jour 1, mes parents voulaient tout le temps qu'on soit ensemble. J'amenais mon frère avec mes amis, il m'amenait avec ses amis. On se tenait tout le temps ensemble. Ça fait en sorte que notre relation est encore plus forte aujourd'hui. »
« On s'élève ensemble »
La famille Brunet est originaire de Gatineau. Lorsque la carrière junior de Frédéric a pris son envol avec l'Océanic de Rimouski, les parents ont déménagé à Québec pour s'approcher un peu de fiston. Ils faisaient ainsi d'une pierre deux coups puisque Cédrick s'entraînait au Centre de glaces de Sainte-Foy.
L'aîné, qui avaient déjà un appartement à Québec, est éventuellement allé s'installer dans le nouveau domicile familial. L'été, le clan est reconstitué avec le retour au bercail de Frédéric. Les deux frères ne s'entraînent pas ensemble, puisque leurs programmes respectifs ne sont pas compatibles. « Mais mentalement, on se pousse tellement, précise le choix de cinquième ronde des Bruins en 2022. Des fois peut-être qu'un matin ça ne me tente pas, mais je vois mon frère se lever à 6h30, je me dis "Ok, ouin..." Les deux on est dans la même situation. On se pousse quand un a une mauvaise journée et que l'autre en a une bonne. On s'élève ensemble. »
Il y a quelques jours, après être passé à côté de ses objectifs sur l'anneau, Cédrick a reçu l'appel de son frère. « J'ai sorti le méchant et après on a tout de suite changé le sujet! » De quoi se parlent un patineur de vitesse et un hockeyeur qui veulent se remonter le moral? De leur pool de football! « Nos conversations se résument pas mal à ça ces temps-ci! », rigole-t-il.
Peu de temps après cet appel de courtoisie, le grand frère a décidé qu'un petit road trip s'imposait. Sur un coup de tête, il s'est tapé les sept heures de route qui le séparaient du Rhode Island. « Ça nous a tellement changé les idées, t'as pas idée », se félicite-t-il.
« On a joué mercredi, je feelais tellement mieux, confirme Frédéric. J'avais bien moins de poids sur les épaules. Ça m'a vraiment aidé qu'il vienne me visiter. Des fois, juste des petites affaires de même, ça peut vraiment aider une saison et même une carrière. »
Cédrick n'arrêtera pas d'accumuler les kilomètres pour son frère. Vendredi, peu avant 15h, il se préparait à rentrer au gymnase pour une séance d'entraînement. Immédiatement après, il prévoyait prendre la direction de Laval pour les deux matchs que le club-école des Bruins devait y jouer en fin de semaine.
Un autre « méchant bon week-end » en perspective pour les frères Brunet.