Le Canada est sorti les mains vides du championnat mondial de hockey qui s'est terminé dimanche en Allemagne. Pour une troisième année consécutive, la République tchèque a gagné la médaille d'or. Ce pays a maintenant un dossier de quatre médailles d'or en six ans (1996-1999-2000-2001).

C'est cette même équipe qui avait gagné la médaille de bronze en 1997 et la médaille d'or aux Jeux Olympiques de 1998 à Nagano. Les Tchèques ont gagné avec des joueurs de la Ligue nationale de hockey mais aussi lorsqu'ils alignaient pas moins de 17 joueurs qui n'avaient pas joué dans la LNH.

Les joueurs d'Équipe-Canada étaient aussi bons que ceux des autres équipes à ce championnat du monde de 2001, sauf que le système de jeu déployé par les Canadiens en Allemagne était moins efficace sur une grande patinoire. Ce n'est pas la première fois que le Canada éprouve des difficultés à s'ajuster aux patinoires de dimension olympique. Les joueurs d'Équipe-Canada doivent s'ajuster à un système de jeu en un temps très limité.

Devant le filet, le Canada a malheureusement souffert de la perte de Roberto Luongo. Fred Bradwaithe a été très ordinaire. Cependant, à part la Suède qui misait sur un gardien de premier plan avec Tommy Salo, toutes les autres équipes avaient des lacunes devant le but.

Les équipes canadienne et américaine ont joué un peu au poker dans leurs décisions et leurs choix de gardiens. Il faut finalement l'admettre qu'on a la meilleure ligue professionnelle de hockey au monde, la LNH, une ligue qui attire les meilleurs joueurs au monde. Cependant, on n'a pas le meilleur système de jeu ou de développement puisque nous ne gagnons pas sur la scène internationale.

Les Tchèques semblaient nerveux avec Milan Hnilicka devant le filet mais ils s'en sont tirés assez bien grâce à un système de jeu qui a remporté beaucoup de succès récemment. Les joueurs tchèques débordaient de confiance.

Néanmoins, l'équipe de la République tchèque aurait pu s'incliner en demi-finale contre les Suédois qui ont cessé de mettre de la pression dès qu'ils ont égalé la marque à 2-2. Le match s'est décidé à la limite en fusillade. Les Suédois se sont contentés de la médaille de bronze mais ils semblaient posséder la meilleure équipe.

Les Tchèques ont gagné la finale contre les Finlandais qui avaient pris une avance de 2-0 après deux périodes de jeu. Les Finlandais ont créé beaucoup plus de chances de marquer mais les Tchèques ont trouvé une manière de faire la différence. La République tchèque a obtenu seulement cinq chances de marquer au troisième tiers et elle a capitalisé à deux reprises. Ils n'ont pas beaucoup de joueurs qui ont une seule dimension. Il y en a plusieurs qui peuvent se démarquer au moment opportun.

Les Finlandais étaient les plus rapides mais ils étaient plus petits. Leurs défenseurs étaient particulièrement mobiles mais aussi petits. La Finlande a joué de façon agressive tout le match mais s'est inclinée en prolongation.

Prélude aux Olympiques

Une équipe va sûrement trouver une solution pour battre les Tchèques mais quand ce jour va-t-il arriver ? Pourtant, tous les pays connaissent leur style de jeu, le "left wing lock" avec l'ailier gauche qui se replie à la gauche.

D'ailleurs, on peut se questionner sur les raisons qui ont motivés Jaromir Jagr à se rebeller cette saison à Pittsburgh alors que Ivan Hlinka voulait implanter ce style de jeu de l'ailier gauche qui revient à gauche. Jagr joue à droite. Or, l'ailier droit et le centre jouissent de la plus grande liberté sur la patinoire. Le défenseur droit doit mettre beaucoup de pression alors que le défenseur gauche a le mandat de couvrir les autres. On va vu l'efficacité de ce système au fil des ans.

Qu'importe la composition de l'équipe de la République tchèque, elle parvient à gagner. Tous les joueurs de ce pays sont habitués à jouer ce système. A Salt Lake City, ce sera relativement plus facile pour les hockeyeurs de ce pays de s'ajuster même si ces joueurs proviennent de la Ligue nationale de hockey. En République tchèque, on joue de cette façon à tous les niveaux.

La Suède est en période de transition. Les entraîneurs ont mis en place le système 2-2-1, mais plusieurs joueurs semblent réfractaires aux changements. Ce sera intéressant de voir la stratégie que les Suédois choisiront pour Salt Lake City.

La Finlande est le pays le plus avant-gardiste. Les Finlandais croient que le système de l'avenir repose sur une unité de cinq joueurs ayant le mandat de s'impliquer autant en attaque qu'en défense. Cinq joueurs qui peuvent jouer à toutes les positions et changer de position sur la glace selon le déroulement du match et surtout en fonction de celui qui a le contrôle de la rondelle.

Les rôles semblent avoir changé

Le Canada doit découvrir un système de jeu qui permettra à plus de joueurs de s'épanouir pour pouvoir faire la différence. Pour les Olympiques de Salt Lake City, les joueurs vont encore être réunis à la dernière minute. Comme ils pratiquent tous un style de jeu différent et qu'ils n'auront pas de période d'ajustement, les joueurs devront se surpasser et accepter de jouer en équipe pour compenser l'absence de préparation. Si les entraînements et les matches sont toujours basés sur la défensive, on va continuer à développer de moins en moins de joueurs pouvant faire la différence.

Les rôles semblent avoir changé. Le Canada produit de plus en plus de joueurs de deuxième plan ou trop de joueurs qui ne sentent pas la responsabilité de créer des chances de marquer. En d'autres occasions, on retrouve trop de joueurs qui créent plusieurs chances de marquer sans accepter de jouer le jeu d'équipe.

À l'inverse, les Européens produisent de plus en plus des joueurs de premier plan qui acceptent de jouer en équipe et des joueurs qui font la différence. On remarque que ces hockeyeurs européens n'ont pas des statistiques très élevées durant la saison.

Les entraîneurs européens mettent l'emphase sur l'offensive durant les entraînements et sur la défensive durant les matches. Les équipes européennes qui ont du succès veulent à tout prix choisir des joueurs qui créent des chances de marquer.

Lemieux, l'arme secrète du Canada

Cela peut paraître paradoxal de parler de Mario Lemieux comme d'une arme secrète pour le Canada. Pourtant, il faut être prudent. Mario peut t-il éviter les blessures, peut t-il répéter ses exploits car il faut bien l'avouer que ses performances jusqu'ici sont surhumaines.

C'est tout à fait incroyable ce qu'il a accompli cette saison, après plus de 3 ans d'absence. On va parler de cet exploit pendant longtemps. Cela va marquer le monde du sport pendant plusieurs années. D'autres vont être tentés par un retour mais je doute qu'il puisse le réussir comme Mario l'a fait.

Néanmoins, à Salt Lake City, il faut bâtir un club sans penser que Lemieux sera l'atout principal. On espère tous qu'il pourra se maintenir au sommet. S'il répète ses exploits qui sont déjà extraordinaires, en ce sens, on pourra parler de l'arme secrète du Canada.

En terminant, je me permets de souhaiter aux amateurs de hockey d'excellentes séries éliminatoires de la Coupe Stanley puisqu'il s'agit de la dernière chronique de la saison. Ici, en Europe, toutes les compétitions ont pris fin.


propos recueillis par Diane Hayfield