Justin Carbonneau repousse ses limites dans sa quête d'excellence
Justin Carbonneau n'est pas du genre à penser que ses objectifs vont se réaliser sans mettre le moindre effort.
Disons qu'il a davantage l'habitude d'en faire plus et d'être en constante quête d'amélioration pour atteindre les buts qu'il se fixent et prouver à ceux qui n'ont pas cru en lui qu'ils avaient tort. C'était le cas lorsqu'il n'a pas été sélectionné au premier tour du repêchage de la LHJMQ en 2023 et c'est encore le cas avant même son repêchage dans la LNH, en juin prochain.
Entre les entraînements physiques, les entraînements sur la patinoire, les matchs et les études, Carbonneau est parvenu à mettre le doigt sur une nouvelle façon de repousser ses limites personnelles et avoir un avantage sur plusieurs autres joueurs de son âge.
Depuis quelques mois, Carbonneau et certains joueurs de l'Armada de Blainville-Boisbriand font appel à la neuroperformance, une pratique encore bien méconnue, mais qui gagne en popularité.
« C'est une facette que je n'avais pas nécessairement découverte encore. Je cherche toujours à en faire plus. Je pense que c'est important de regarder la vue globale et me demander ce que je peux faire pour être meilleur. La neuroperformance, c'est mental », a expliqué Carbonneau au RDS.ca, tout juste avant un entraînement de neuroperformance chez Vertex Commotion, à Mirabel.
Non, la neuroperformance n'améliorera pas directement la vitesse de Carbonneau sur patins. Ou encore la force de son lancer. Pas même sa capacité à donner de bonnes mises en échec.
Mais le développement des différentes fonctions cognitives de Carbonneau lui permettra de développer d'autres aspects cruciaux sur lesquels il ne pourrait pas travailler par lui-même en gymnase. Ainsi, les déficits de certaines fonctions cognitives, qui peuvent être présents même avant une blessure ou une commotion cérébrale, peuvent être corrigés.
« Quand on entraîne le cerveau, on veut qu'il traite l'information plus rapidement. Quand il traite l'information plus rapidement, ça ralentit un peu le jeu pour un joueur de hockey. Tous les joueurs vont bouger moins vite, donc il a plus de temps pour prendre une décision, pour réagir et pour se protéger. Ça peut donc aider la performance ou la prévention des blessures », a démêlé la thérapeute du sport et propriétaire de Vertex Commotion, Kyla Demers.
Demers ajoute néanmoins que la neuroperformance peut avoir des bénéfices physiques puisque l'endurance cognitive permet de réduire la fatigue lors d'un effort. Pour un joueur de hockey de haut niveau comme Carbonneau, cet impact peut être déterminant à certains moments d'un match ou d'une saison.
« Les voyages dans les Maritimes sont souvent difficiles sur le corps et sur le mental. Lors du deuxième ou troisième match, je commettais des erreurs mentales, j'échappais des rondelles ou je ratais des occasions de marquer sans comprendre pourquoi, de développer Carbonneau. Cette saison, comparativement à l'an passé, je trouve que je suis plus concentré le troisième match. Je sens bien la rondelle, je fais moins d'erreurs. Ce n'est normalement pas ce qui devrait arriver. Parfois je me demande pourquoi je suis aussi concentré et je pense que ça part d'ici. »
De l'évaluation à la progression
Dans son ensemble, la neuroperformance permet d'évaluer dix différentes fonctions cognitives. L'évaluation primaire faite avec les athlètes grâce à des ateliers interactifs sur un écran donne l'occasion de cerner les forces et les faiblesses avec des résultats pour chacune des dix fonctions cognitives. Les résultats obtenus sont comparés avec des données d'athlètes du même âge, du même sexe et qui pratiquent le même sport à la même position.
Essentiellement, les yeux sont au cœur de la neuroperformance puisqu'ils perçoivent environ 80 % de l'environnement.
Pour Carbonneau, le travail est concentré sur l'amélioration de sa vision périphérique et de sa perception des profondeurs – l'action de changer sa vision d'une cible éloignée à une cible rapprochée rapidement. Au hockey, cette dernière caractéristique s'applique à la transition du regard entre la rondelle sur son bâton et un adversaire au loin.
« L'amélioration de la perception périphérique va permettre de mieux voir ses coéquipiers pour prendre une bonne décision, mais le joueur va aussi être capable de percevoir l'adversaire, a démystifié Demers. Par exemple, un gardien de but va regarder la rondelle, mais on veut aussi qu'il soit en mesure de voir l'adversaire en périphérie qui pourrait dévier la rondelle. »
Lorsque Carbonneau a été rencontré par le RDS.ca dans le cadre d'un entraînement de neuroperformance, le kinésiologue Justin Miron a fait l'usage de lunettes spéciales pour limiter l'information perçue. Ces lunettes clignotent à une vitesse programmée et certaines portions des lentilles deviennent noires pendant un instant.
« Les lunettes enlèvent de l'information visuelle, donc ils sont obligés d'avoir une vitesse de réaction plus aiguisée. On enlève de l'information visuelle et leurs autres sens ne peuvent pas prendre le dessus. Ce sont des exercices au quotidien qui mènent à l'amélioration sur la glace », a justifié Miron.
Toujours en portant les lunettes, les athlètes devaient parfois attraper une balle puis la déposer au sol, ou encore attraper une portion spécifique d'objet multicolore, selon la couleur demandée par le kinésiologue.
Le développement des fonctions cognitives peut aussi être fait avec de simples exercices sur une télévision tactile, en touchant des points de couleur ou en mémorisant l'emplacement de cibles sur la télévision, par exemple.
« C'est un peu de la créativité. On peut aller dans n'importe quelle direction pour avoir le type d'entraînement qu'on veut pour travailler les faiblesses ou même les forces », de terminer Miron.