Dans les patins de Joseph Veleno
LHJMQ dimanche, 6 sept. 2015. 19:36 mercredi, 11 déc. 2024. 06:24MONTRÉAL – Jason Spezza ne connaît pas Joseph Veleno. Il ne l'a jamais rencontré et outre un court fait saillant vidéo le mettant en vedette, il ne l'a jamais vu jouer. Mais comme tout le reste de la planète hockey, ça ne l'empêche pas de savoir exactement qui il est.
Après tout, Veleno n'est-il pas le dernier descendant de la lignée des Connor McDavid, Aaron Ekblad et John Tavares?
Cette question repose sur les épaules du jeune Montréalais depuis qu'Hockey Canada lui a accordé le 4 juin dernier le statut de « joueur exceptionnel », et donc le privilège d'évoluer dans la Ligue canadienne de hockey (LCH) avant l'âge de 16 ans.
Cinquième jeune prodige de l'histoire à obtenir ce titre et premier d'entre eux à évoluer dans la LHJMQ, l'attaquant de 15 ans s'apprête à faire ses débuts dans le circuit junior québécois avec les Sea Dogs de Saint John, samedi soir, face aux Mooseheads d'Halifax.
Il y a 16 ans presque jour pour jour, c'était Spezza (photo) qui s'embarquait dans pareille aventure.
« Ça peut paraître une éternité 16 ans, mais ça ne me semble pas si lointain », se remémore l'attaquant des Stars de Dallas en entrevue avec le RDS.ca.
À l'époque, le statut de « joueur exceptionnel » n'existait pas encore, du moins pas sous sa forme actuelle... Afin de jouer dans la Ligue junior de l'Ontario (OHL) à 15 ans, Spezza devait d'abord se joindre le temps d'une saison au club situé le plus près de son lieu de résidence, avant de se soumettre l'année suivante au repêchage de la OHL.
C'est ainsi que Spezza a joint les rangs du Battalion de Brampton lors de la saison 1998-1999, sa première dans la LCH.
« Ce fut une expérience positive pour moi », analyse-t-il avec recul.
Amasser 71 points dont 22 buts en 68 rencontres à l'âge de 15 ans, c'est en effet loin d'être mauvais. Mais c'est aussi loin d'être facile à accomplir. Même pour un surdoué.
« On est définitivement pris pour cible, se souvient Spezza. Tout le monde sait qui tu es et les joueurs adverses ne se gênent pas pour profiter du fait que tu es le plus jeune sur la patinoire et tenter de t’intimider physiquement. C’est le principal obstacle que j’ai dû surmonter à ma première saison. »
Mesurant alors un peu plus de 6 pieds et pesant environ 175 livres, le joueur de centre était cependant bien équipé pour jouer du coude et prendre soin de lui.
« Ça m’a aidé, convient-il. À mon arrivée dans le junior majeur, le jeu était beaucoup plus physique qu’aujourd’hui . Dorénavant, c’est davantage les habilités et le patinage qui sont mis de l’avant. »
À 6 pi 1 po et 177 livres, Veleno a toutefois lui aussi la stature pour offrir résistance à des rivaux un peu trop entreprenants.
L’œil d’un expert
À l’instar de Spezza, Kris Knoblauch en savait très peu sur Veleno il n’y a encore pas si longtemps.
L’entraîneur-chef de Connor McDavid au fil des trois dernières campagnes avec les Otters d’Erie a cependant eu l’occasion d’observer de près la nouvelle sensation du circuit Courteau lors du camp de développement de la formation canadienne des moins de 17 ans, tenu au début du mois d’août à Calgary.
Entraîneur-chef de l’une des six équipes canadiennes présentes, Knoblauch (photo) n’a pas eu la chance de diriger Veleno ou encore de s’entretenir avec lui, mais cela ne l’a pas empêché de découvrir tout le potentiel de l’adolescent, qui se mesurait à 109 compatriotes tous plus vieux que lui.
« J’en savais très peu à son sujet, outre le fait qu’il y avait un joueur avec le statut de " joueur exceptionnel " à ce camp. Juste en l’observant, j’étais impressionné. Le tiers des joueurs présents à ce camp jouent déjà ou joueront dans la LCH cette saison et Veleno était sans contredit l’un des meilleurs. J’ai pu constater à quel point il est calme et très confiant en possession de la rondelle, en plus d’être explosif et solide sur ses patins », signa;e Knoblauch.
Avoir le meilleur sur des joueurs majoritairement âgés de 16 ans, c’est bien, mais dans la LHJMQ, c’est à des hommes parfois plus vieux de cinq ans que Veleno se frottera, rappelle Knoblauch.
« Je présume que partout où il a joué jusqu’à maintenant, il était le meilleur joueur et les choses étaient relativement faciles pour lui. Chaque année, il sera meilleur, plus fort et plus rapide, mais il doit se préparer à accepter qu’il ne dominera pas autant qu’auparavant. Au départ du moins. Il a le talent et les habiletés pour contribuer au succès de son équipe et il y aura certains soirs où il sera le meilleur joueur sur la glace, mais ce sera assurément plus difficile. »
Un habitué
Auteur de 52 points (16 buts, 36 passes) en 41 rencontres l’an dernier dans les rangs Midget AAA avec les Lions de Lac-St-Louis, Veleno a par contre déjà prouvé une fois qu’il peut rivaliser avec des joueurs plus mûrs que lui.
En quatre matchs préparatoires avec les Sea Dogs, celui qui amorcera la saison à titre de troisième joueur de centre, a amassé quatre points (2 buts. 2 passes), marquant notamment dès son premier duel.
« Comme les autres joueurs d’exception avant lui, il est sans doute déjà habitué à faire face à des joueurs plus vieux et plus forts que lui », note Spezza, tout en soulignant que l’écart entre un joueur de 15 ans et un autre de 16 ans n’est pas si considérable.
Né le 13 janvier 2000, Veleno n’a en effet raté que de deux semaines son éligibilité « à la régulière » au dernier repêchage de la LHJMQ. Ce n’est toutefois pas à sa date de naissance que les amateurs s’attarderont, mais plutôt à l’étiquette de « joueur exceptionnel » qui lui collera à la peau jusqu’à la conclusion de son stage junior.
« Parce qu’il a ce statut, beaucoup de gens voudront le voir à l’oeuvre et s’attendront à voir un joueur de l’élite, mais dans la majorité des cas, cela ne se produit pas de la part d’un joueur de 15 ans. On reconnaître ses habiletés, j’en suis sûr, mais il ne sera pas l’un des joueurs les plus dominants », insiste Knoblauch.
« Être un joueur élite, ça vient avec des attentes, renchérit Spezza. S’ils (les dirigeants d'Hockey Canada) estiment que Veleno est prêt à faire face à cette pression, c’est qu’il doit l’être. »