VICTORIAVILLE – « On dit que dans la souffrance, on grandit. »

Pascal Laberge en sait quelque chose. Et il ne fait pas référence ici à la fracture mineure à la main gauche qui le tient à l’écart de la formation des Tigres de Victoriaville depuis plus d’une semaine.

« Dix jours, ce n’est rien comparé à ce que mon père a vécu récemment », relativisait le jeune attaquant de 17 ans lors d’un récent entretien avec le RDS.ca.

La famille Laberge a en effet été durement éprouvée au fil des derniers mois. D’abord, le cancer de la prostate a frappé son père, avant que la conjointe de ce dernier ne soit elle aussi heurtée de plein fouet par la maladie.

« Ma belle-mère a appris en même temps que mon père qu’elle avait le cancer. Deux mois après, elle était décédée », raconte Laberge, encore sous le coup de l’émotion.

Heureusement, le père de ce dernier, opéré à la fin de l’été, se porte mieux aujourd’hui et a même effectué un retour au travail récemment.

« Mon père va bien. Le cancer est parti, mais on a vécu des moments difficiles quand ma belle-mère nous a quittés. [...] Ça n’a pas été facile. C’est une épreuve que nous avons vécue ensemble, tout en essayant d’être présents pour lui changer les idées. Perdre sa compagne de vie du jour au lendemain, c’est loin d’être facile », rappelle Laberge, qui à l’instar de ses deux frères, a été plongé dans un deuil aussi brusque que brutal.

Ce n’est en effet pas qu’une belle-mère et une amie que Laberge a perdue, mais aussi une fan.

« Elle venait à tous mes matchs et me suivait beaucoup », relate-t-il.

À défaut de pouvoir encore compter sur le support direct de celle-ci, l’attaquant des Tigres peut toujours miser sur celui de son paternel.

« C’est une source de motivation de le revoir dans les estrades. Je ne l’avais pas vu depuis le début de la saison et depuis un mois, il vient me voir jouer », s’enchante Laberge, dont le domicile familial est situé à Sainte-Martine, en Montérégie.

Petit à petit, la vie de Laberge a repris son cours. Celle d’un hockeyeur tentant de faire le maximum de la saison la plus importante à ce jour dans sa jeune carrière.

« En début d’année, c’était un peu plus difficile. Je cherchais mes repères, mais il y a eu un déblocage depuis. Ça s’en vient », estime Laberge, qui doit aussi vivre au quotidien avec le fait que sa mère souffre de la sclérose en plaques.

« À travers toutes ces épreuves familiales, Pascal a gagné beaucoup en maturité. Ce qui est arrivé à sa belle-mère, son père et sa mère a, à mon avis, un plus gros impact sur lui que le fait qu’il en soit à son année de repêchage (pour la LNH) », pense son entraîneur-chef Bruce Richardson, qui a dirigé Laberge à Châteauguay dans les rangs midget AAA avant de faire le saut dans la LHJMQ l’an dernier.

« On oublie souvent que ce sont des jeunes et il est facile de dire qu’ils ne jouent pas bien, dénonce Richardson. On veut qu’ils performent (sic), mais en arrière-scène, il y a des choses avec lesquelles il faut composer tout en tâchant de les aider.

« Je suis un adulte et s’il arrivait quelque chose du genre à ma femme, mon père ou un autre de mes proches, ça m’affecterait grandement, renchérit le pilote des Tigres. Là, on parle d’un jeune de 17 ans qui n’a pas énormément de vécu encore et pour qui ce peut être difficile de savoir comment gérer tout ça. »

Laberge a néanmoins pris du mieux depuis et semblait être retombé sur ses pattes lorsque le sort a frappé à nouveau face aux Wildcats de Moncton, le 27 novembre dernier

« Il jouait du bon hockey, mais il fallait qu’il se casse la main... », se désole Richardson.

« J’ai chuté sur la patinoire après avoir effectué un lancer et je me suis fracturé le cinquième métacarpien de la main gauche », confie Laberge, qui n’a porté un plâtre que pendant deux jours avant qu’on décide de le lui retirer pour faciliter sa circulation sanguine.

Diagnostic final : 10 jours de repos.

Une cote en hausse

À son retour dans la formation d’ici quelques jours, Laberge renouera avec la position d’ailier droit, un poste qu’il occupait depuis à peine deux matchs au moment de sa blessure. Muté au centre par Richardson à ses débuts dans le midget AAA, Laberge se voit désormais soulagé d’un mandat qui pouvait parfois peser lourd sur ses épaules.

Pascal Laberge« Je n’avais pas joué à cette position depuis les rangs bantam, mais je me suis aussitôt bien senti sur la glace. Je voyais davantage le jeu et j’avais plus de libertés offensives. Ce n’était pas trop de responsabilités, mais être le centre numéro un à 17 ans dans le junior, c’est rare qu’on voit ça. Jouer à l’aile m’amène plus de confiance  », note Laberge, qui a amassé un but et une passe contre les Wildcats avant sa chute.

« Il produisait et était impliqué dans le jeu », confirme Richardson, avant de justifier le changement de position de son protégé.

« Dans le midget AAA, il jouait contre des joueurs de 15-16 ans et était moins à risque. [...] S’il trichait, je le voyais moins. Ce qui n’est pas le cas dans le junior. Il joue contre de meilleurs joueurs et il est plus exposé. »

Or, même au centre, Laberge est parvenu à se faire remarquer des éclaireurs de la LNH.

Si bien qu’après s’être vu octroyer la cote « B » par Centrale de recrutement de la LNH dans son premier rapport publié en début de saison, c’est-à-dire qu'il est susceptible d’être repêché au mieux en deuxième ronde en juin prochain, Laberge a obtenu la cote « A » dans la dernière mise à jour de la liste des meilleurs espoirs. Tout comme Julien Gauthier (Foreurs) et Pierre-Luc Dubois (Screaming Eagles), Laberge est donc maintenant vu comme un choix de premier tour potentiel.

« J’ai joué à ma manière. Je leur ai montré ce que je leur avais montré à mon année recrue. J’ai simplifié mon jeu, joué avec hargne et produit offensivement », croit Laberge, auteur de 8 buts et 15 mentions d’aide en 25 rencontres.

« Pascal a beaucoup d’atouts : le physique, les habiletés en possession de rondelle, un bon coup de patin et il compétitionne. Il suffit maintenant de regrouper tout ça et de mettre du tape électrique autour pour s’assurer que la connexion se fasse », image Richardson, visiblement électricien à ses heures.

Pour mettre tous ces atouts à profit, Richardson a donc recommandé à Laberge d’adopter le style de jeu d’un attaquant de puissance typique.

« La vigilance défensive de Pascal n’est pas encore à point. Il pense beaucoup offensivement, mais il a commencé à simplifier les choses et à moins tenter de battre les joueurs à un contre un. Il se doit de placer la rondelle derrière les défenseurs adverses, les faire pivoter et se montrer créatif dans le bas du territoire plutôt qu’en zone neutre. »

Car au hockey comme dans la vie, on ne peut parfois tout déjouer.