Lars Steiner, un « pitbull » recommandé à Bob Hartley
MONTRÉAL – Steve Hartley a beau être aux commandes des Huskies de Rouyn-Noranda que depuis février dernier, il est bien au fait de ce qu'est un vrai Husky.
Sous la gouverne des André Tourigny, Gilles Bouchard et Mario Pouliot, la meute a connu ses heures de gloire avec des joueurs d'une certaine lignée.
« Ç'a toujours été une identité de col bleu, de travaillant, rappelle Hartley, embauché l'hiver dernier pour succéder à Martin Dagenais derrière le banc à l'aube des séries. « Le côté compétiteur doit être l'élément premier. C'est primordial dans notre culture, dans notre identité d'équipe. »
Pensez entre autres à Rafaël Harvey-Pinard, capitaine de l'équipe championne de la Coupe du Président et de la Coupe Memorial 2019. C'est ce que recherche le club abitibien au repêchage de la LHJMQ, sur le marché des transactions, et même en Europe.
Dénicher à distance la version russe, lettone, tchèque ou suisse de la boule d'énergie du Canadien peut toutefois s'avérer difficile lors du repêchage européen de la Ligue canadienne de hockey (LCH).
« Nos dépisteurs ont fait un excellent travail avec Yannick [Gaucher, le directeur général] pour dresser une liste, se souvient Hartley du plus récent exercice. Quand on est arrivé vers la fin, il s'agissait maintenant de trouver un Husky. »
Entre ici Bob Hartley dans l'équation.
Histoire de donner un coup de pouce au club maintenant dirigé par son fils, l'ancien entraîneur-chef de l'Avalanche du Colorado, des Thrashers d'Atlanta et des Flames de Calgary a fait quelques appels sur le Vieux Continent.
Il a notamment sollicité l'aide d'Andreas Ambühl, un attaquant avec qui il a remporté le championnat de la Ligue nationale suisse en 2012, alors qu'il dirigeait les Lions de Zurich. Aujourd'hui âgé de 41 ans, le vétéran est le capitaine du HC Davos et a récemment établi le record du circuit pour le plus de matchs joués en carrière.
« Quand mon père a parlé avec Andreas, il lui a demandé c'était qui le pitbull de la Suisse dans ce groupe d'âge-là? Qui était le joueur qui jouait le plus comme Andreas Ambühl?
« C'était Lars. »
Lars, c'est Lars Steiner. Un petit ailier droit de 5 pi 10 po et 177 lb qui vient à peine de fêter son 17e anniversaire de naissance. Né à Davos, le franc-tireur a grandi dans le programme de développement du réputé club de sa localité, croisant ainsi la route d'Ambühl.
« Ç'a été le choix de l'organisation et on ne le regrette pas aujourd'hui », se réjouit Hartley.
Il pourrait difficilement en demander plus à sa recrue sélectionné au 46e rang. De tous les joueurs qui griffent de leurs patins les patinoires de la LHJMQ pour la première fois cette saison, Steiner affiche la meilleure récolte du circuit avec 33 points (12 buts, 21 passes) en 25 matchs. C'est cinq de plus que Matvei Gridin, l'attaquant russe de 18 ans des Cataractes de Shawinigan qui a été sélectionné au premier tour par les Flames de Calgary en juin dernier (28e).
« On apprend encore à connaître le jeune homme, mais c'est tout un compétiteur, apprécie Hartley. C'est un petit bulldog qui veut faire la différence soir après soir. Il est impliqué dans tout... parfois même un p'tit peu trop. Dès qu'il y a une mêlée après le sifflet, il est impliqué. Il veut faire la différence. »
Et de toute évidence, ce n'est pas l'ajustement à une surface de jeu plus petite, qui afflige tant d'Européens à leur arrivée sur le continent, qui l'en empêche. Même la patinoire des Huskies, plus petite de 10 pieds en zone neutre que partout ailleurs dans la LHJMQ, ne semble pas l'étouffer.
« Notre petite glace, c'est fait sur mesure pour lui. Il ne recule devant personne », expose Hartley.
« J'aime ça, tout est plus rapide. Il y a moins de temps pour réagir, on peut frapper et on se fait frapper. C'est physique, ça fait partie de la game et j'aime ça », confirme celui dont les coups d'épaule ne sont toutefois pas la marque de commerce.
Son lancer, entre autres choses, retient particulièrement l'attention depuis le début du calendrier. Employé sur le premier trio des Huskies aux côtés de Bill Zonnon, un espoir de la LNH pour le prochain repêchage, et Antonin Verreault, le champion pointeur en titre de la LHJMQ, Steiner parvient à l'exploiter à répétition. De partout.
« C'est un franc-tireur, un shooter, décrit Hartley. Des fois, tu te dis que ce n'est pas un grand tir, mais tous ses lancers trouvent une façon d'atteindre filet. Il y a une certaine imprévisibilité dans sa dégaine. Elle est dure à lire. Soit il trouve une manière de passer la rondelle entre les jambes du défenseur, soit il trouve le bon angle pour tirer profit d'un petit écran devant le filet au moment parfait. »
Ses aptitudes de fabricant de jeu ne sont pas à négliger non plus, lui qui a déjà un record d'équipe à son actif. Le 24 octobre dernier, face à l'Océanic de Rimouski, il a récolté cinq mentions d'aide, surpassant ainsi la marque de quatre réussie à deux reprises par Mike Ribeiro.
« Je suis arrivé ici sans grandes attentes », confiait candidement Steiner, plus tôt cette semaine dans une conversation avec le RDS.ca.
« C'était la première fois que je quittais la maison pour jouer dans une nouvelle ligue, au sein d'une nouvelle équipe. C'était la première fois de ma vie que je changeais d'équipe. Je ne savais pas comment tout allait se passer, alors je me suis dit que j'allais simplement laisser les choses venir à moi. »
En quittant Davos, Steiner a non seulement quitté l'équipe de son enfance, il a aussi quitté l'équipe de sa famille. Son oncle Stefan est le gérant d'équipement du club, alors que son père Michi en est l'adjoint.
Le HC Davos, c'est aussi la formation qui croyait pleinement en lui, au point de lui permettre le printemps dernier de faire ses débuts dans la Ligue nationale suisse, à 16 ans à peine.
Affligé par plusieurs blessures à l'aube du septième match de la série quart de finale contre Lausanne, les dirigeants de Davos ont en effet rappelé leur jeune attaquant de l'équipe des moins de 20 ans de l'organisation.
« J'ai fait quatre présences sur la glace, mais je m'attendais à n'en faire aucune étant donné que c'était un match éliminatoire. Un match no 7 en plus! Je ne pouvais qu'être content », se souvient-il de cet exploit qui lui a permis de jouer devant une foule d'environ 10 000 spectateurs, soit bien plus que les 50 à 100 auxquels il était habitué.
Pour développer son talent, Steiner a depuis décidé de tourner la page sur ce premier tome de sa jeune carrière et d'entamer la rédaction du suivant chez les Huskies, rêvant au repêchage 2026 de la LNH.
« Je voulais vivre quelque chose de nouveau, quelque chose de gros. C'est l'opportunité parfaite pour moi. »