Pour Zachary Morin, le statu quo n'était plus une option
MONTRÉAL – Zachary Morin est catégorique : quand il a quitté la maison pour aller jouer sa deuxième saison avec les Phantoms de Youngstown dans la USHL, les déceptions du passé étaient derrière lui et son intention était de garder le cap sur la trajectoire dans laquelle il s'était engagé. « J'étais full in », affirme-t-il sans hésiter.
Rapidement, toutefois, son enthousiasme s'est atténué.
« J'arrive là-bas, mon camp d'entraînement va super bien, racontait-il à RDS cette semaine. J'ai des commentaires positifs. Mais on arrive dans les matchs, je ne joue pas beaucoup. Je me demande pourquoi. L'année passée, c'était un peu pareil. Mon rôle, il était vraiment minimal. Je pense que ma dernière game, j'ai joué comme quatre minutes. »
Puisqu'on y a déjà fait référence deux fois, un mot sur le passé. La saison dernière, Morin a joint les Phantoms après avoir tout arraché dans une ligue AAA du Michigan. Son plan était de jouer deux ans dans le meilleur circuit junior aux États-Unis, puis de rejoindre en 2025 le réputé programme de l'Université de Boston.
Cette saison recrue n'a pas été à la hauteur de ses attentes. Il s'attendait à remplir un rôle offensif, mais n'a amassé que 19 points en 54 parties. Cet automne donc, quand il a vu que le scénario semblait vouloir se répéter, il sentait qu'il n'avait pas le luxe d'être patient.
Considéré par la Centrale de recrutement de la LNH comme un potentiel choix de deuxième ou troisième ronde au prochain repêchage, le temps jouait contre lui s'il voulait garder une réputation enviable aux yeux des évaluateurs.
« Pour vrai, je ne suis pas sûr, répond-il en tentant d'expliquer ce qui n'a pas fonctionné en Ohio. Ils me demandaient de faire des choses, moi je pensais que je les faisais. Avec mon temps de glace, clairement ils n'étaient pas satisfaits. Je pense que juste changer d'environnement et revenir à la maison, c'était mieux pour moi. »
Pour le jeune homme de Lachenaie, « la maison » est désormais à Saint John au Nouveau Brunswick. Parce qu'ils l'avaient sélectionné en huitième ronde au plus récent repêchage de la LHJMQ – il avait aussi été un choix de première ronde de l'Armada de Blainville-Boisbriand en 2023 – les Sea Dogs étaient le plan B de Morin.
Son agent Charles-Olivier Roussel, qui a porté les couleurs de l'équipe au début des années 2010, a établi le contact et les détails se sont réglés rapidement. La saison des Phantoms n'était vieille que de quatre matchs quand Morin a fait ses valises pour revenir au nord de la frontière.
« Je voyais qu'ils me voulaient beaucoup. Je pensais qu'un nouveau départ pourrait me relancer et rebâtir ma confiance », réitère-t-il. Il jure que les discussions en cours entre la NCAA et la Ligue canadienne de hockey, qui visent à permettre aux joueurs des trois principales ligues juniors au Canada de maintenir leur admissibilité pour les universités américaines, n'ont pas influencé sa décision. Sa bourse à BU? De l'histoire ancienne en ce qui le concerne.
Jusqu'à maintenant, en tout cas, son pari semble avoir été le bon. En onze matchs dans les Maritimes, celui qui se définit comme « un gars offensif, qui veut scorer, qui veut amener de l'offensive », a récolté douze points. Il a été blanchi de la feuille de pointage à seulement deux occasions.
Une question de « feelings »
On devine que la décision du Québécois a laissé un goût amer au sein de son ancienne équipe. S'il ne regrette pas d'avoir renié ses engagements pour voir à l'avancement de sa carrière, Morin est prêt à admettre qu'il a parfois été l'artisan de son propre malheur et à faire son mea culpa.
« C'est sûr que quand tu as 16 ans, tu t'attends à beaucoup. Tu penses qu'à cause de ce que tu as fait plus jeune, tout t'est un peu dû. C'est sûr que c'est un peu frustrant. En bon québécois, ça fait chier. Mais tu apprends de ça. Que tu le veuilles ou non, c'est comme ça à tous les niveaux. Il faut que tu fasses tes preuves », retient-il de son expérience.
Au cours de la dernière année, Morin s'est fait connaître comme un joueur qui gérait parfois difficilement ses émotions ou qui pouvait se décourager facilement dans une période d'adversité. Peu après son arrivée à Youngstown, il a commencé à consulter une psychologue basée au Québec. Encore à ce jour, il continue de se confier à elle lorsqu'il en ressent le besoin.
« Moi une affaire que j'avais de la misère, c'est parler de mes feelings, de comment je me sens. Je gardais souvent ça en-dedans », confie-t-il avec une belle candeur.
« L'année passée, ça a été dur pour moi. Je suis un gars qui se met beaucoup de pression. Je trouvais ça dur de ne pas beaucoup jouer, d'être loin. Juste d'en parler à quelqu'un qui n'est pas ton père, ton coach ou ta blonde mettons, je pense que c'est bon. »
L'adolescent se sent mieux équipé pour gérer les hauts et les bas d'une saison et même si son passage aux États-Unis n'a pas débouché sur les avenues qu'il envisageait emprunter, il ne regrette pas sa décision d'y avoir tenté sa chance.
« Aujourd'hui je peux jouer dans plusieurs situations. Je peux jouer en haut et en bas du lineup. Mentalement, j'ai vraiment appris beaucoup. Il y a beaucoup de choses que je vais retenir de cette expérience. »