Beaucoup plus de bien que de mal avec l’implantation des contestations
LNH lundi, 14 mars 2016. 18:52 mercredi, 11 déc. 2024. 07:41BOCA RATON - Pas même un an après l’implantation des contestations des entraîneurs visant à confirmer ou annuler des buts marqués à la suite de jeux serrés à la ligne bleue ou dans le cas d’obstruction à l’endroit des gardiens, la LNH peut crier victoire.
Car bien qu’ils n’aient pas résolu tous les problèmes, surtout dans les cas d’obstruction envers les gardiens, ces appels ont permis d’améliorer grandement l’application des règlements en donnant aux arbitres des outils de qualité pour appuyer leurs décisions rendues dans le feu de l’action sur la glace.
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Des outils qui seront améliorés. Dès le début des prochaines séries éliminatoires, des caméras seront installées aux extrémités des lignes bleues – une à la hauteur de la bande et l’autre plus haut pour donner un deuxième angle – afin d’offrir des prises de vue qui aideront les juges de lignes à rendre de meilleures décisions en cas d’appel.
«Même si parfois elles ne vont pas dans le sens que je le voudrais, les contestations apportent bien plus de bien que de mal», a assuré Tim Murray le directeur général des Sabres de Buffalo.
Murray et ses homologues des 29 autres équipes du circuit sont réunis jusqu’à mercredi, à Boca Raton en Floride, dans le cadre de la deuxième réunion des directeurs généraux de la saison. Une réunion orchestrée par le commissaire Gary Bettman et l’ensemble de l’état-major de la Ligue.
L’évaluation des contestations accordées aux entraîneurs en début de saison a marqué la première des trois journées de travail. Une journée un brin écourtée, car après environ deux heures et demie de travail, quelques directeurs généraux ont accepté l’invitation lancée par le commissaire qui les a conviés à son terrain de golf alors que d’autres ont décidé de prendre le large afin de se rendre à la pêche en haute mer.
Après les matchs de dimanche dernier (13 mars) les 30 entraîneurs avaient fait un total de 193 appels. De ce nombre, 124 étaient associés à de l’obstruction à l’endroit des gardiens, 69 à des hors-jeu.
Ce sont les Sharks de San Jose qui avaient contesté le plus de décisions avec 15, suivis des Maple Leafs de Toronto (10), des Panthers de la Floride et du Wild du Minnesota avec neuf chacun. Le Canadien a contesté cinq fois.
Inversement, les Sharks, les Red Wings, les Stars, le Wild et les Jets de Winnipeg ont fait l’objet du plus grand nombre de contestations à leur endroit avec 10 chacun. Le Canadien n’était pas loin derrière avec huit.
Quant aux résultats de ces contestations, ce sont les Sabres de Buffalo, les Maple Leafs de Toronto et les Coyotes de l’Arizona qui ont perdu le plus de buts avec quatre chacun. Le Canadien en a perdu trois.
Zone grise
Des 124 appels pour obstruction contre les gardiens, 98 ont été rejetés par les arbitres qui, après visionnement du jeu controversé au banc des pénalités, ont maintenu leur décision. Des 26 renversements de décisions, 23 ont annulé des buts accordés et trois ont accordé des buts initialement refusés. Les Panthers de la Floride et les Hurricanes de la Caroline (deux fois) sont les seuls à avoir obtenu ces buts initialement refusés.
Si plusieurs entraîneurs-chefs du circuit ont vertement critiqué quelques-unes des décisions serrées rendues depuis le début de la saison en plus d’insister sur le fait qu’ils se perdaient dans la zone grise dans laquelle se prennent les décisions les plus controversées, leurs patrons ont été pris au piège lundi matin alors que la LNH leur a demandé de jouer le rôle des arbitres.
«C’est loin d’être toujours évident», a d’ailleurs reconnu Marc Bergevin à sa sortie de la réunion.
«On a vu des jeux serrés et dans tous les cas, nous n’avons pas été en mesure d’être unanimes. Des fois, on était 18 d’un bord, 12 de l’autre ; des fois on était 15-15. Tout n’est pas parfait. Mais on veut obtenir le plus grand nombre possible de décisions justes et nous sommes dans la bonne direction», a ajouté le directeur général du Canadien.
Marc Bergevin, comme tous ses homologues d’ailleurs, a donné son appui au maintien des contestations accordées aux entraîneurs. Lui et ses homologues débattront des moyens à prendre pour améliorer le plus possible le processus entourant les révisions et aussi pour réduire au minimum la zone grise tant décriée par les entraîneurs.
«Si c’était toujours facile et évident, on n’aurait pas besoin de révision. C’est justement parce que le jeu est devenu aussi rapide et que le travail des arbitres n’a jamais été aussi difficile qu’on doit prendre tous les moyens pour les aider. Après à peine un an, je ne peux pas même concevoir qu’on puisse remettre cette façon de faire en question. Donnons le temps et les moyens aux arbitres et à la Ligue de peaufiner leur travail. Mais dans un an ou deux, ces contestions seront une aussi grande amélioration pour le hockey que l’ont été la permission de faire des passes vers l’avant il y a je ne sais plus combien d’années», a indiqué le d.-g. des Sabres.
Qui doit réviser ?
Une des questions débattues lundi visait à déterminer s’il serait préférable que toutes les contestations soient régies par les responsables des révisions dans les bureaux de la LNH à Toronto. Ceux-ci vérifient la validité des buts marqués avec des bâtons élevés et après des déviations sur des patins. Mais bien que ces responsables peuvent aussi réclamer des révisions pour obstruction – ils l’ont fait 14 fois, mais toutes les décisions ont été maintenues – et des hors-jeu – 9 fois et deux décisions ont annulé des buts – ce sont les arbitres et juges de lignes qui rendent le verdict final.
Grand responsable des opérations hockey et aussi de la salle de contrôle à Toronto, Colin Campbell a convenu que le «War Room» ne partage pas toujours les décisions des arbitres. «C’est normal, car on en vient parfois à des interprétations très pointues des situations. Mais sur toutes les décisions rendues cette année, c’est arrivé peut-être à six ou sept reprises seulement», a nuancé Campbell.
Les directeurs généraux n’ont pas obtenu consensus sur cette question qui sera sans l’ombre d’un doute analysée au fil des prochaines rencontres.
Parce que les hors-jeu offrent beaucoup moins d’interprétation que la question de l’obstruction à l’endroit des gardiens, il serait peut-être souhaitable de remettre aux responsables du «War Room» la gestion des buts à accorder ou à refuser en cas de hors-jeu. Surtout que la salle de contrôle de Toronto offre des outils techniques (écrans géants) beaucoup plus élaborés que le simple I-Pad offert aux arbitres au banc des pénalités.
Dans le cas de l’obstruction à l’endroit des gardiens, il me semble que les décisions finales devraient demeurer du ressort des arbitres. Ce sont eux qui sont le plus près de l’action, ce sont eux qui ont porté le jugement initial et qui savent donc pourquoi, dans le feu de l’action, ils ont jugé qu’il fallait accorder ou refuser le but. Il serait donc tout à fait normal et logique que ce soient eux qui remettent leur décision initiale en question et utilisant les images pour les guider vers la meilleure décision possible.
Lignes bleues sous surveillance
C’est du côté des hors-jeu passés inaperçus qu’on a vu les plus grandes conséquences en matière de renversement des décisions jusqu’ici cette saison. Sur les 69 contestations réclamées par les entraîneurs 27 (39,1 %) leur ont donné raison. À noter que ces 27 révisions ont toutes annulé des buts initialement accordés et non l’inverse.
Dans le cas de l’obstruction faite, ou non, à l’endroit des gardiens, le pourcentage associé aux renversements des décisions n’est que de 20,1 %.
Les souvenirs malheureux associés à des buts accordés alors qu’il y avait clairement des situations de hors-jeu lors des dernières séries éliminatoires ont poussé la Ligue à prendre de nouvelles mesures dès ce printemps.
«On veut éliminer le plus grand nombre possible de décisions erronées. Mais si tu peux toujours te reprendre en saison régulière, en séries la marge de manœuvre est beaucoup plus mince. Personne ne veut quitter l’amphithéâtre avec le goût amer dans la bouche d’un but qui n’aurait pas dû compter. Les Kings ont marqué un but qui n’était pas bon dans le cinquième match d’une série – Les Sharks avaient pris les devants 3-0 – qu’ils ont finalement gagnée. C’est aussi arrivé dans une série Chicago-Los Angeles. On a des moyens techniques à notre disposition, on doit les prendre pour rendre les meilleures décisions possible», a ajouté Colin Campbell.
Bien que le sujet n’ait pas été abordé à la table de réunion, un directeur général tâte le terrain en coulisses afin d’obtenir qu’une pénalité mineure pour avoir retardé le match soit imposée à un entraîneur qui utiliserait un appel simplement pour reposer son équipe en fin de match.
Une histoire à suivre…
Match des étoiles
En plus des appels logés par les entraîneurs et les façons à prendre pour les améliorer, les directeurs généraux sont revenus sur la nouvelle formule entourant le Match des étoiles et sur les mesures disciplinaires à prendre pour assurer la présence de toutes les vedettes sélectionnées.
Le premier tournoi à trois contre trois a été un franc succès. «Après le match affreux de l’an dernier à Columbus on devait réagir. La ville de Columbus a fait tout ce qu’elle a pu pour organiser un beau week-end des étoiles, mais le match n’a vraiment pas été à la hauteur», a reconnu Campbell.
Quant aux vedettes, la Ligue et les directeurs généraux ne s’entendent pas sur le bien-fondé de hausser la suspension prévue (un match) en cas d’absence non justifiée par une blessure reconnue par la LNH.
Jonathan Toews et Alexander Ovechkin ont écopé un match de suspension en janvier dernier en raison de leur absence à Nashville.
«Quand on regarde ces deux cas précis, on se rend compte que Toews comme Ovechkin avaient toujours représenté leur équipe et accepté le mandat de rencontrer les partisans. Est-ce qu’il serait juste de punir davantage nos vedettes qui ont déjà beaucoup donné ?» a lancé Colin Campbell sans toutefois y aller d’une réponse.
Les travaux reprendront à 8 h mardi matin.