Marc-André Bourdon possède tout un bagage après une retraite hâtive
MONTRÉAL – À 35 ans, ça fait déjà 10 ans que Marc-André Bourdon a renoncé à sa carrière de joueur et il a cumulé plusieurs fonctions. Alors, ne lui demandez pas de prévoir la suite. « Aucune idée! Je fais confiance au chemin qui va se tracer. »
Bourdon lance le tout en riant, car il a appris à voir les choses du bon côté.
« Dans les 10 dernières années, j'ai déménagé six fois et j'ai occupé tellement de postes. Je suis très satisfait présentement, je ne pourrais pas demander mieux. On verra où ça me mènera », a ajouté l'ancien défenseur qui a disputé 45 matchs avec les Flyers de Philadelphie en 2011-2012.
Depuis que les commotions cérébrales et les blessures l'ont forcé à se retirer (en novembre 2014), il a été entraîneur adjoint, directeur général adjoint, recruteur chef et directeur général avec les Huskies de Rouyn-Noranda, là où il avait laissé un bel héritage comme joueur.
Bourdon a déjà raconté l'anecdote, mais il s'en allait dans un voyage de pêche au Labrador avec le propriétaire des Huskies, Jacques Blais, quand Julien BriseBois, du Lightning de Tampa Bay s'est manifesté.
« Je ne m'attendais pas à ça. Sans dire que j'étais satisfait où j'étais, je ne me posais pas de questions, je vivais dans le moment présent. C'est toujours le fun d'avoir de nouvelles opportunités, mais j'étais très bien avec les Huskies. Sauf que, le Lightning, c'était au plus haut niveau. L'offre qu'on me faisait et le mandat qu'on me proposait, ça cadrait bien avec le contexte de ma famille à ce moment », s'est souvenu Bourdon.
Ce poste, c'était celui de recruteur. Et ce contexte familial, c'était qu'il était papa d'un enfant qui n'avait pas fêté son premier anniversaire. Depuis, sa femme et lui ont accueilli un autre enfant.
Il a choisi de plonger au lieu de préférer la stabilité.
« Assurément. Là, je suis encore plus sur la route. Je suis vraiment chanceux, ma femme me supporte beaucoup et le Lightning est une organisation qui pense à nous et à nos familles », a constaté Bourdon.
S'il renonçait à la stabilité, il optait pour l'une des meilleures « écoles » dans la LNH avec le Lightning.
« À 100%, c'est toute une expérience jusqu'à aujourd'hui. On a beaucoup de bons meneurs, ça part d'en haut jusqu'à mon supérieur immédiat. Je suis encore dans l'apprentissage et j'apprendrai encore dans 10 ans. On peut apprendre chaque jour », a-t-il rappelé.
Bourdon l'a prouvé en retournant compléter son baccalauréat au terme de sa carrière de joueur. Pendant deux ans, il a jumelé ses études et un poste d'entraîneur adjoint à l'Université Liberty. Quand il a accepté l'offre des Huskies de revenir dans leur giron, il a poursuivi ses cours en mode virtuel tout en étant entraîneur adjoint et DG adjoint.
« Vu que j'avais fini jeune, ça m'a donné plus de temps. Je n'avais pas encore de femme ni d'enfant. Ce fut très enrichissant », a cerné Bourdon.
En s'aventurant dans le métier de recruteur, Bourdon détonnait par son âge.
« Je n'ai eu aucun problème avec ça, je connaissais déjà la plupart des dépisteurs ayant été DG. Je suis assez sociable aussi. Oui, c'était un petit ajustement, mais j'ai souvent été le plus jeune de ma gang. À Rouyn, j'ai été nommé capitaine à 18 ans et j'ai été le plus jeune DG de la LHJMQ. Je le vois comme une motivation. Sans dire que j'avais quelque chose à prouver, c'était un bon défi », a réagi Bourdon en vantant la camaraderie qui règne.
Quelques jours avant notre entrevue, l'ancien entraîneur Réal Paiement nous avouait que ses premières années comme recruteur ont été un peu difficiles pour ajuster sa vision.
« Je ne dirais pas difficile, j'aime les défis et les nouvelles choses. Mais c'est vraiment différent, je suis passé de joueur à entraîneur à directeur général et à recruteur assez rapidement. Ce sont tous des postes différents. Évidemment, ça prend une période d'apprentissage, ça ne se fait pas en claquant des doigts. Mais j'ai été bien épaulé », a exposé Bourdon.
Avec tout ce qu'il a prouvé depuis qu'il a raccroché ses patins, Bourdon a pu se débarrasser des moments plus éprouvants reliés à sa retraite hâtive.
« On dirait que ça fait tellement longtemps. Au début, oui, j'avais 24 ans et j'avais rêvé toute ma vie de jouer au hockey. Comme n'importe qui, quand la chose qui te passionne se termine pour des raisons hors de ton contrôle, c'est toujours un peu difficile. Je suis rendu ailleurs et je suis bien dans ce rôle », a confié Bourdon.
Moins de choix, plus de chances de gagner
Bourdon s'est joint au Lightning après leur dernière conquête de la coupe Stanley (en 2021). Avec une équipe établie, les recruteurs doivent accepter que les choix au repêchage sont souvent sacrifiés. Une recette que BriseBois ne se gêne pas à employer même pour les sélections de première ronde.
« Ça va sonner bizarre, mais je suis content, ça veut dire qu'on a une chance de gagner la coupe Stanley. Oui, dans ma job, ça me procure moins d'occasions de repêcher, mais mon mandat demeure d'aider le club à gagner. Il existe plusieurs bonnes organisations, mais j'ai été chanceux de tomber sur une équipe qui réussit de longs parcours éliminatoires », a noté Bourdon.
Une équipe qui lui fait également confiance en ajustant son mandat.
« Parfois, je sors du Québec, les besoins sont différents chaque année. Cette fois, ça adonne que je suis un peu en Ontario. À prime abord, mon mandat demeure la LHJMQ, mais j'aide un peu à gauche et à droite. Je ne peux pas tout dévoiler », a-t-il conclu avec un petit sourire.