Vincent Desharnais sort la tête de l'eau à Vancouver
MONTRÉAL – Souvent relégué à un rôle de spectateur, Vincent Desharnais ne cache pas que ses premiers mois avec les Canucks de Vancouver ont été difficiles, très difficiles. Mais l'imposant défenseur a retrouvé son sourire et il est convaincu qu'il sortira gagnant de cette épreuve.
Pour un athlète qui a échappé de peu la coupe Stanley avec les Oilers d'Edmonton ce printemps, il était normal que le choc soit brutal de se retrouver à l'écart de la formation.
Ce l'était encore davantage puisque les Canucks venaient de lui démontrer leur confiance avec un pacte de deux ans sur le marché de l'autonomie.
Malgré tout, dès le deuxième match de la saison, il a dû emprunter l'ascenseur vers la passerelle au lieu d'aider sa nouvelle troupe. Le scénario s'est répété quelques fois dont pendant six matchs consécutifs.
Grâce à ses efforts, le vent semble avoir tourné depuis le 16 décembre. Ça lui permettait, lundi, d'arborer le sourire à quelques heures du match face au Canadien.
« Ça fait du bien! Ça fait du bien à la confiance et au mental parce que ça n'a pas été facile. J'ai vécu trois longs mois à me poser beaucoup de questions et à me remettre en questions », a admis Desharnais qui possède toujours la même franchise si agréable.
« J'ai eu l'aide de mon groupe de support et j'ai changé de petites choses. J'ai fait beaucoup de travail mental et ça s'est mieux passé dans les dernières semaines. Je me suis plus senti comme moi-même », a ajouté Desharnais qui s'est notamment rabattu sur sa famille, un psychologue sportif et son agent.
De l'avis de son entraîneur Rick Tocchet, il ne faut pas déduire que c'est uniquement un changement de système, de celui des Oilers vers celui des Canucks, qui lui a causé des ennuis.
« Je ne sais pas vraiment si c'est une question de système, peut-être plus dans la préparation et la façon de jouer. Je trouve qu'il a beaucoup appris. Il est un très bon jeune à diriger, mais dans le dernier mois, il a travaillé très fort avec (Adam) Foote (l'entraîneur des défenseurs) et (Sergei) Gonchar (développement des défenseurs) par rapport aux détails dans son arsenal. S'il continue à travailler très fort avec eux, il peut devenir un très bon défenseur », a indiqué Tocchet en parlant surtout de la mobilité de ses pieds et sa prise de décisions.
Oui, Desharnais appartenait aux Oilers depuis sa sélection en septième ronde au repêchage de 2016. Mais il n'avait joué que deux saisons avec les Oilers et il avait été laissé de côté quelques fois durant les séries.
Ainsi, Desharnais est tombé dans le piège qui aurait coincé une tonne d'athlètes qui veulent bien faire.
« On dirait que j'ai trop voulu changer la personne que je suis au lieu de rester moi-même. J'ai travaillé là-dessus et sur le fait de m'amuser. Je sais que je suis un bon joueur de hockey, ça s'en vient », a expliqué le patineur de 28 ans.
« Je crois beaucoup au fait que rien n'arrive pour rien. Pendant les derniers mois, j'ai beaucoup appris sur moi-même. J'ai laissé tomber la pression que je m'imposais. Quand je vais regarder dans le passé, je vais être content d'être passé par là », a enchaîné celui qui avait disputé 78 parties régulières avec Edmonton en 2023-2024.
Des rumeurs à son sujet et autour des gros noms
Ce cheminement était essentiel parce qu'il a encaissé solidement les rumeurs de transaction le concernant.
« Je ne mentirai pas, j'ai traversé quelques jours que ça n'allait pas si bien mentalement. J'ai appris les rumeurs pendant que j'avais une grosse gastro. Pas grand-chose allait bien. J'ai eu un 24 heures un peu d'anxiété, à penser à des scénarios. J'ai parlé aux personnes auxquelles je fais confiance. Ça fait partie du jeu, ce sera présent pendant toute ma carrière. J'ai dit à ma famille de ne pas m'en parler », a raconté Desharnais avec candeur.
Au sujet des rumeurs, elles ne cessent de viser les Canucks. Les noms d'Elias Pettersson et J.T. Miller seraient même sur le marché d'après Elliotte Friedman.
« Il faut se regrouper. Quelques joueurs sont plus habitués et on a eu quelques réunions pour se dire ‘Les médias peuvent raconter ce qu'ils veulent, on se concentre sur nous' », a réagi Desharnais.
Une tension existerait Miller et Pettersson, mais Desharnais a ajouté ceci.
« C'est sûr que c'est exagéré. C'est comme à Montréal. Quand quelque chose se passe, les médias vont toujours amplifier. Ce sont de gros marchés de hockey comme Edmonton. C'est notre job de ne pas trop écouter », a-t-il soumis.
Pour le moment, Pettersson est à l'écart du jeu et il ne devrait pas affronter le Tricolore. Il y a de l'espoir pour Quinn Hughes qui a raté les quatre derniers matchs des siens. Desharnais est impressionné par Hughes, le général des Canucks.
« C'est le fun de voir qu'il veut toujours apprendre. Je ne le connaissais pas beaucoup et il m'a posé plusieurs questions sur les leaders à Edmonton. Comment Connor (McDavid) faisait telle chose… Il lit beaucoup et moi aussi, on s'échange des livres. Il sait qu'il n'est pas celui qui parlera le plus, mais il le fait pour aider les autres », a-t-il vanté.
Actuellement, les Canucks n'ont pas encore retrouvé leur aplomb de la saison précédente. Ils détiennent tout de même une place dans le portrait des séries, mais la suite s'annonce intrigante avec une portion très éprouvante de leur calendrier.
Desharnais lève son chapeau à Brisebois
Quand on parle d'un chemin sinueux, celui de Desharnais représente un exemple inspirant. Il a confondu les sceptiques en s'établissant dans la LNH et il ne peut qu'avoir une tonne de respect pour Guillaume Brisebois qui tente d'en faire autant.
Repêché en 2015 par les Canucks, il n'a joué que 29 matchs dans la LNH dont 2 cette saison. Une sévère commotion cérébrale l'a limité à 8 parties la saison dernière.
« On en a discuté, j'ai beaucoup de respect pour lui. Ce n'est pas facile, il a subi de grosses blessures et il s'est promené entre les deux niveaux. J'ai eu des journées difficiles, mais tu le regardes et tu réalises qu'il a mangé son pain noir plus longtemps que moi », a souligné Desharnais avec respect pour sa résilience.
« On doit lui donner l'occasion de jouer quelques matchs pour démontrer ses qualités. Adam Foote l'aime beaucoup, il défend très bien et je suis très fier de son cheminement. Ça existe des joueurs qui se développent sur le tard et qui finissent par jouer pendant quelques années. On espère que ce sera son cas », a conclu Tocchet.