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RÉSULTATS

Jonathan Arsenault, du génie mécanique à scientifique des données chez les Hurricanes

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MONTRÉAL – Qu'ont en commun les images exceptionnelles de l'épave Endurance, un voilier qui a coulé près de l'Antarctique en 1915, et les statistiques avancées au hockey? 

La réponse : Jonathan Arsenault, un diplômé de l'Université McGill en Génie mécanique, qui a été embauché, par les Hurricanes de la Caroline, pour développer de nouveaux outils grâce aux statistiques avancées. 

« Mon parcours est un peu anormal, je dois l'avouer », a-t-il admis, en riant, pendant une entrevue sur son fascinant bagage. 

Quand Arsenault a entamé son baccalauréat en Génie mécanique à McGill, il n'avait « aucune intention » de se lancer dans une carrière au hockey. 

À la suite de son baccalauréat, il aurait pu être embauché par une entreprise, mais il a préféré enchaîner avec une maîtrise dans le même domaine. 

Durant ses études, il a notamment travaillé en robotique via des données, des logiciels et des mathématiques avancées. C'est à ce moment qu'il a collaboré à développer des algorithmes pour permettre à un drone sous-marin de naviguer de manière autonome. Cet engin a pu photographier, sous tous ses angles, l'épave de l'Endurance à 3000 mètres de profondeur(S’ouvre dans un nouvel onglet)

Le détour est terminé, on revient au hockey. Arsenault terminait sa maîtrise, en 2019, quand son professeur, James Forbes, qui a joué un rôle important dans son parcours académique, lui a lancé une proposition inattendue puisqu'il connaissait son intérêt envers le hockey. 

Le professeur Forbes avait été contacté par Eric Tulsky, le directeur général des Hurricanes. À cette époque, Tulsky était directeur des statistiques avancées et vice-président hockey. 

Tulsky, lui-même un diplômé universitaire en chimie (à Harvard et Berkeley), voulait de l'aide pour élaborer de nouveaux outils statistiques en utilisant le « tracking data », les données spatiotemporelles des joueurs. 

Arsenault a choisi de plonger! Il s'est immergé dans l'aventure du hockey professionnel, « un monde à part » qu'il apprend encore à assimiler depuis janvier 2020. 

Les Canes étaient si sérieux dans leurs démarches qu'ils ont payé les quatre années du doctorat d'Arsenault afin qu'il élabore et teste de nouvelles approches pour eux. 

Ils ont tellement aimé ce qu'il a développé qu'ils l'ont embauché à temps plein après sa thèse présentée en décembre 2023. 

Raffiner des concepts connus et en créer de nouveaux 

« Il y a des choses que je ne peux pas trop divulguer », s'excuse gentiment Arsenault. 

C'est tout-à-fait compréhensible, car les Hurricanes veulent conserver certains secrets qui peuvent leur procurer un avantage. Puisque l'expertise d'Arsenault a permis de pousser les statistiques avancées à un autre niveau. 

Durant son doctorat, il a notamment construit deux approches pour tenter de raffiner le modèle, souvent cité, des « expected goals » ou buts attendus. Voilà une phrase qui semble simple, mais il y a consacré de nombreux jours. D'ailleurs, on a failli perdre nos derniers cheveux en lisant, dans sa thèse, une formule mathématique qui démontrait la complexité du projet.

Il s'est également investi à développer un outil pour évaluer la valeur des passes, un volet qui demeure très peu étudié au hockey contrairement au soccer. 

La liste se poursuit avec ce qui se passe après une mise au jeu ainsi que le positionnement des joueurs après une entrée en zone offensive en jeu de puissance. 

Sans pouvoir se prononcer spécifiquement sur le matériel utilisé par les Canes, il est content de dire « On a mis quelques aspects en production ». 

Même pour ceux qui s'intéressent aux statistiques avancées, cet univers demeure complexe et mystérieux. 

Ajoutons une précision au sujet d'Arsenault. Il n'est pas un analyste de statistiques avancées. Son titre de scientifique des données témoigne du niveau plus poussé de son rôle. 

Concrètement, « je suis plus en recherche et développement tandis qu'un analyste produit des rapports ». Il travaille donc avec un horizon à moyen et long terme. 

Plusieurs partisans du Canadien se souviendront que les Hurricanes ont traversé un creux en février qui a été ponctué d'une défaite de 4 à 0 au Centre Bell. En mars, ils ont retrouvé leur aplomb et on a voulu savoir si Arsenault avait été sollicité pour trouver des solutions. 

« Ça arrive parfois qu'on me dit de regarder le problème X ou le problème Y problème, car l'équipe analyse le tout activement. Mais les personnes en position doivent surtout avoir accès aux données sans que ce soit nécessaire de me guider dans un sens », a expliqué Arsenault. 

Un monde de possibilités

Si on entend souvent que le monde du hockey est petit, surtout au Québec, Arsenault naviguait dans un certain anonymat. On avait sondé quelques acteurs du milieu du hockey qui auraient pu le connaître et la réponse était toujours non. 

« On voit de plus en plus de recrutement dans les universités. Je suis encore surpris quand je reçois des messages d'étudiants qui veulent discuter avec moi, ils voudraient suivre un parcours similaire », a confié Arsenault qui a préféré accorder sa première entrevue au téléphone. 

Arsenault a tenu à remercier ses patrons, Eric Tulsky et Tyler Dellow (DG adjoint), des universitaires qui ont fait leur chemin vers le hockey professionnel à partir de blogues publiés sur le web. 

Tulsky et Dellow ont également à cœur l'épanouissement de leurs employés. Dans le cas d'Arsenault, les possibilités sont infinies. Que ce soit dans son expertise académique ou même dans un autre sport. 
  
« Au hockey, les données sont arrivées sur le tard. Alors, beaucoup d'outils et de recherches viennent d'autres sports. Donc, oui, je serais assez confiant de pouvoir développer des trucs dans d'autres sports », a exprimé Arsenault. 

On est encore loin de comprendre tous les calculs complexes de sa thèse et de son travail avec les Hurricanes, mais on a hâte de suivre la suite de son parcours.  

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