Au cours du prochain mois, le RDS.ca vous propose un tour d’horizon des 30 formations de la LNH qui auront l’obligation de soumettre une liste de protection en vue du repêchage d’expansion du Kraken de Seattle du 21 juillet prochain et des décisions qui attendent les directeurs généraux.

Aide-mémoire : les règlements du repêchage d'expansion

De toutes les équipes de pointe dans la LNH lors de la saison 2019-2020, les Flyers de Philadelphie forment probablement celle ayant pris le pas de recul le plus significatif lors des derniers mois. Particulièrement misérable dans la deuxième moitié du calendrier, la formation d’Alain Vigneault savait près d’un mois à l’avance que son sort était scellé; elle était destinée à rater le rendez-vous éliminatoire dans la nouvelle version de la division Est.

Plusieurs joueurs ont performé bien en deçà des attentes qu’on avait établies au cours de ce calendrier de 56 matchs, à commencer par le gardien Carter Hart, dont le niveau de jeu a chuté considérablement par rapport à ce qu’il avait démontré dans la deuxième portion de la saison précédente et lors du retour au jeu l’été dernier, à Toronto. En l’absence du vétéran Matt Niskanen, le défenseur no 1 de l’équipe Ivan Provorov a quant à lui connu une saison en montagnes russes, même si les Flyers ont continué de lui confier énormément de responsabilités. Les derniers mois ont aussi été compliqués pour le Néo-Brunswickois Philippe Myers, qui avait pourtant joué avec une grande assurance en 2019-2020 à sa première saison complète dans le circuit Bettman.

Même son de cloche à l’attaque du côté de Travis Konecny, qui a été plutôt ordinaire en 2021 après une saison qui laissait entrevoir qu’il allait atteindre le statut de joueur étoile. En santé cette saison après avoir fait une croix sur la précédente, l’ancien deuxième choix au total Nolan Patrick n’a pas offert du mauvais hockey, mais rien qui s’approche le moindrement de la production offensive qu’on souhaite obtenir de sa part à terme. Patrick s’est vu offrir des opportunités par Vigneault et le personnel d’entraîneurs d’évoluer au sein du top-6, mais ne les a pas saisies. Voyant possiblement que sa carrière tourne en rond et qu'un nouveau départ lui ferait le plus grand bien, Patrick aurait fait la requête à l'état-major des Flyers d'explorer les avenues potentielles en vue d'une transaction, selon ce que rapportait The Athletic le 26 juin. Dans le même article, le nom de Konecny était également soulevé comme un candidat à un échange durant la période estivale, chose qui aurait été impensable à pareille date l'an dernier.

COMMENT S’ANNONCE L’AVENIR DES FLYERS?

À 19 ans, Joel Farabee avait déjà obtenu une audition prolongée de 52 rencontres avec les Flyers l’an dernier en saison régulière, et 12 autres en séries éliminatoires. Mais c’est réellement à partir du mois de janvier dernier que l’ailier américain s’est imposé comme la plus grande révélation à Philly; une distinction qui l’a suivi jusqu’à la fin de l’année, alors qu’il a été un des rares joueurs de l’équipe à surpasser sa production de 2019-2020.

Farabee n’a plus le statut d’espoir bien entendu, mais il demeure une des principales raisons qu’ont les partisans des Flyers de s’enthousiasmer en vue de l’avenir de l’équipe. Morgan Frost et lui représentent les deux principales armes offensives sur lesquelles misera le club de la Pennsylvanie dans les prochaines saisons. Difficile cependant de cerner où Frost en est dans son développement, lui qui n’a joué que deux matchs en raison d’une dislocation de l’épaule gauche subie à la fin janvier, laquelle a nécessité une opération.

La production de Frost était tout simplement remarquable dans la Ligue junior de l’Ontario (109 points en 58 matchs à sa dernière année à Sault Ste. Marie) et sa première saison professionnelle divisée entre Lehigh Valley et Philadelphie avait été plutôt prometteuse. On se doute bien qu’on lui réservera une place dans la formation partante l’automne prochain.

À la défense, le meilleur espoir de l’équipe est Cam York, qui a effectué ses débuts dans la LAH tard dans le calendrier 2020-2021 après avoir complété son stage avec l’Université du Michigan dans la NCAA. Pour l’instant, rien n’indique que le 14e joueur choisi au repêchage de 2019, un rang devant Cole Caufield, sera prêt à offrir une aide immédiate aux Flyers, mais il sera éventuellement une option intéressante pour aider la relance de l’attaque, York étant un défenseur mobile qui excelle dans le jeu de transition.

DES VÉTÉRANS HAUTS SALARIÉS EN DANGER

Lorsqu’ils ont consenti en 2019 un contrat qui lui rapportera 7,142 M$ sur une base annuelle jusqu’en 2025-2026, les Flyers ont fait le pari que Kevin Hayes allait parvenir à ajouter une dimension offensive à son jeu dans la deuxième moitié de sa vingtaine. Force est d’admettre avec l’échantillon à notre disposition que le déclic attendu dans le jeu du centre de 28 ans ne se pointera finalement jamais. Hayes n’est toutefois pas en danger de quitter vers Seattle; d’une part, les Flyers voudront sûrement lui donner une saison ou deux de plus pour faire la preuve que le pacte qu’on lui a offert n’est pas un gâchis sur toute la ligne. Et de toute manière, le contrat de Hayes est assorti d’une clause de non-mouvement, et on voit mal le directeur général Chuck Fletcher lui demander de la lever si tôt durant l’entente.

Le capitaine Claude Giroux est l’autre joueur à l’attaque possédant une telle clause à son contrat. Le no 28 des Flyers, ainsi que Sean Couturier et Konecny sont des ajouts évidents à la liste de protection de sept attaquants remise par Fletcher le 17 juillet prochain.

Là où le débat devient intéressant dans le groupe d’avants, c’est lorsque les noms de Jakub Voracek et James van Riemsdyk arrivent dans la discussion. Tous deux sélectionnés dans le top-10 du repêchage de 2007, ces deux ailiers d’expérience auront eu 32 ans lors du prochain camp d’entraînement. Si on s’en tient strictement à leur production offensive, on pourrait être tenté de croire que Voracek et « JvR » sont indispensables à un retour des Flyers à un niveau acceptable la saison prochaine. La réalité est toutefois plus complexe, alors que leur salaire respectif de 8,25 M$ et 7 M$ ne justifie pas entièrement le manque d’aplomb dont ils se font souvent coupables dans leur jeu défensif. Avec un budget aussi serré à respecter vis-à-vis le plafond salarial, les Flyers seraient-ils démoralisés de voir un de ces vétérans prendre la route de Seattle? La question mérite d’être posée.

La décision de ne pas protéger Voracek, van Riemsyk ou même les deux semble dépendre, notamment, du portrait que fait l’état-major des Flyers des progrès (ou du manque de progrès, diront les plus pessimistes) affichés par Nolan Patrick. Auteur du pire différentiel +/- de son club en 2020-2021, Patrick sera joueur autonome avec compensation cet été. À 23 ans en septembre, les Flyers sont-ils prêts à lui donner une chance additionnelle, sachant que son parcours a été jonché de blessures depuis le Jour 1 de son arrivée dans l’organisation?

Une place aurait nécessairement été libre pour un des vétérans mentionnés ci-haut si Fletcher n’avait pas choisi de prolonger de cinq ans le contrat de Scott Laughton le jour même de la date limite des transactions, au moment même où son nom circulait dans les rumeurs d’échanges. Cette nouvelle entente est évidemment un gage de confiance envers le centre de 26 ans à l’approche du repêchage d’expansion. Laughton est un attaquant d’une grande polyvalence fait sur mesure pour œuvrer sur un troisième trio, mais capable de remplir un mandat offensif ici et là en cas de blessures aux meilleurs attaquants des Flyers. 

La carrière d’Oskar Lindblom était en pleine ascension avant qu’on lui diagnostique le sarcome d’Ewing, une forme de cancer des os, en décembre 2019. Le Suédois a depuis remporté la bataille la plus importante de sa vie, et il a disputé presque tous les matchs de son club en 2020-2021, soit 50 sur 56. Une inspiration pour ses coéquipiers en tant que gagnant du trophée Bill-Masterton, Lindblom, qui aura 25 ans au mois d’août, est sous contrat à Philly pour encore deux ans à un salaire annuel de 3 M$.

À la ligne bleue, la décision qui attend Fletcher et son entourage n’est pas sans rappeler la situation de Voracek et van Riemsdyk. Après avoir vu son nom être soumis au ballottage en mars, Shayne Gostisbehere a plutôt bien joué pour les Flyers, retrouvant entre autres sa place à la pointe de la première unité d’avantage numérique. Le refrain reste le même avec « Gost », sept ans après son arrivée dans la ligue : à un salaire de 4,5 M$, l’équipe est-elle prête à continuer de vivre avec ses carences défensives pour deux autres années? Qui plus est, souhaite-t-elle le faire si cela signifie de risquer de perdre les services de Myers, un joueur plus jeune et moins coûteux, aux mains du club d'expansion? La solution la plus sensée pour les Flyers serait assurément de rendre Gostisbehere disponible, et si le Kraken mord à l'hameçon dans son cas, d'évaluer par la suite les options sur le marché de l'autonomie afin de dénicher un défenseur à caractère offensif. Provorov pourrait aussi retrouver une place à la pointe de la première unité d'attaque massive qui lui a déjà appartenu, mais historiquement, le rendement du défenseur no 1 de l'équipe semble être plus constant lorsqu'on lui enlève cette pression.

Prédictions du RDS.ca

Attaquants (7)

Claude Giroux (Clause de non-mouvement)
Sean Couturier
Travis Konecny
Kevin Hayes (Clause de non-mouvement)
Scott Laughton
Oskar Lindblom
Nolan Patrick

Défenseurs (3)

Ivan Provorov
Travis Sanheim
Philippe Myers

Gardien (1)

Carter Hart

Principaux éléments non-protégés

James van Riemsdyk (A)
Jakub Voracek (A)
Nicolas Aubé-Kubel (A)
Shayne Gostisbehere (D)
Justin Braun (D)
Robert Hagg (D)
Felix Sandstrom (G)

Le portrait des équipes de la LNH