Hors-jeu : la LNH impose un statu quo
LNH mardi, 7 mars 2017. 17:32 mercredi, 11 déc. 2024. 21:45BOCA RATON, Floride - Bien que les contestations associées aux hors-jeu donnent des maux de tête aux juges de lignes, aux responsables du centre des révisions de Toronto, aux joueurs, entraîneurs et partisans qui n’en peuvent plus d’attendre une décision finale, la Ligue nationale maintient le cap.
Pas question d’amender les règles régissant les hors-jeu afin de faciliter les décisions.
Un tel amendement aurait pourtant été facile à imposer. Les directeurs généraux n’avaient qu’à s’entendre sur la proposition de cesser de siffler un hors-jeu en autant qu’un des patins soit en zone neutre sans pour autant que la lame soit en contact avec la patinoire comme le stipule le règlement actuel.
Cette proposition a été rejetée.
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Jusqu’ici cette saison, les 30 entraîneurs de la LNH ont contesté un total de 100 buts marqués à la suite de hors-jeu non sifflés. Vingt-neuf contestations étaient associées à des situations où il était difficile de déterminer si la lame du patin situé en zone neutre était en contact ou non avec la glace. Les reprises ont permis de refuser neuf de ces 29 buts initialement accordés alors que les 20 autres ont été maintenus en raison du fait que les reprises n’offraient pas d’images concluantes. Une conclusion surprenante compte-tenu des nombreux plans de caméra offerts par les diffuseurs et l’installation des nouvelles caméras installées aux deux extrémités des lignes bleues.
De noir et blanc, à grisâtre
« Lorsque nous avons adopté le principe des contestations, nous étions convaincus que les hors-jeu litigieux seraient très faciles à analyser. On pensait que ce serait noir et blanc. La pratique nous a démontré le contraire en raison des difficultés que nous avons d’obtenir une image claire », a indiqué Colin Campbell, responsable des opérations hockey à la LNH.
En permettant à un joueur d’entrer légalement en zone ennemie peu importe que la lame de son patin situé en zone neutre touche à la glace ou non, les directeurs généraux auraient grandement facilité le travail des juges de lignes sur les décisions initiales. Ils auraient facilité encore davantage le travail des responsables de la salle de révision de Toronto.
Mais bon! Il faut croire que les directeurs généraux aiment se plaindre. Car ce sont eux qui dénoncent la durée des périodes de délibérations des juges de lignes et des officiels qui ont des décisions difficiles à rendre parce que le noir et blanc est plus que jamais grisâtre.
Une des contestations effectuées plus tôt cette saison lors d’un match important opposant les Blackhawks de Chicago et le Wild du Minnesota a entraîné une période d’analyse qui s’est prolongée sur 10 longues minutes. Et comme cette partie était la seule à l’horaire dans la LNH – le 8 février dernier – les images associées à cette pause interminable ont fait le tour de la planète hockey.
Il me semble que cette ombre sur la Ligue aurait dû inciter Garry Bettman a forcé la main des directeurs généraux un peu plus.
Il faudra peut-être qu’un tel imbroglio surviennent dans le cadre d’un match crucial en fin de saison, ou pis encore, en séries éliminatoires pour que la Ligue adopte un moyen aussi simple que l’amendement débattu mardi pour minimiser les risques.
Une préoccupation qui rend d’ailleurs très nerveux Colin Campbell. « La toute simple loi de Murphy me rend nerveux, car il est clair qu’un soir donné nous serons aux prises avec un cas du genre. Nous cherchons à rendre les décisions les plus précises possible. Nous voulons éviter toutes les erreurs. Mais parfois, la technologie, aussi avancée soit-elle, ne nous donne pas les moyens d’y arriver. »
En écoutant Colin Campbell commenter le statu quo imposé mardi, je me disais qu’il était du groupe de ceux, et ils sont nombreux, qui croyaient que le bon sens prévaudrait dans ce dossier.
Il faut croire que non...
L’idée d’élargir la ligne bleue de 12 pouces qu’elle est actuellement à deux pieds a déjà été étudiée par la LNH. Ce projet avait d’ailleurs été mis à l’essai dans la Ligue américaine il y a quelques années. Les conclusions initiales étaient positives. L’idée s’est ensuite évanouie dans le temps.
« On a fait plusieurs tests au fil des dernières années. On a tenté des lignes plus larges, d’autres plus étroites. On a même simulé des matchs sans lignes bleues ou rouge au centre de la glace. La proposition rejetée aujourd’hui aurait aidé. On verra ce que l’avenir nous réserve », a convenu Colin Campbell.
Obstruction aux dépens des gardiens
Parallèlement aux contestations associées aux hors-jeu, les directeurs généraux ont été mis à l’épreuve une fois encore en matière de contestations associées à l’obstruction sur les gardiens.
La LNH les a saisis des cas les plus difficiles à analyser et les conclusions des directeurs généraux ont été semblables à celles des amateurs, des journalistes et des officiels : pour chaque jeu, les décisions étaient pratiquement partagées entre un but accordé et un autre refusé.
« Cet exercice ne fera pas baisser l’ardeur des directeurs généraux et de leurs réactions lorsqu’une décision est défavorable à leur équipe, mais au moins il démontre qu’il est très difficile de tracer une ligne nette dans le cadre de ces jeux controversé », a commenté le responsable des opérations hockey.
Décisions plus rapides
Que ce soit en matière de hors-jeu ou d’obstruction aux dépens des gardiens, la LNH et ses directeurs généraux s’entendent sur le principe que les contestations doivent être plus expéditives.
On pourrait demander aux entraîneurs-chefs de signifier leur intention plus rapidement au lieu d’attendre les conclusions initiales de leurs adjoints qui évaluent les chances de victoires en y allant de leur propre analyse préliminaire.
Ce qui est clair, c’est que les arbitres couperont le temps accordé aux explications fournies après les décisions. « Les entraîneurs se plaignent souvent du manque ou de l’absence de communication avec les arbitres. Je veux bien. Mais dans les cas qui nous occupent, il ne sert à rien d’aller donner des explications. Premièrement, c’est une perte de temps et nous voulons limiter la durée des arrêts de jeu. Deuxièmement, ces explications servent davantage aux coachs d’y aller de remarques plutôt qu’à écouter des explications. Et comme nous ne changerons pas notre décision une fois après la révision, nous sommes bien mieux de reprendre l’action le plus vite possible », a conclu Colin Campbell.
À la demande de plusieurs directeurs généraux, il est possible qu’on entende de moins en moins parler de révisions non concluantes. « Il est temps que les responsables prennent leurs responsabilités. Si le but est bon, il est bon. S’il n’est pas bon, qu’il soit refusé. Je n’en peux plus de me faire dire que c’est non concluant. Car si c’est non concluant, ils n’ont qu’à prendre les moyens pour que ce le soit », a lancé un directeur général en demandant de ne pas être identifié.
Aussi outré était-il, ce DG faisait partie de ceux qui se sont opposés à l’amendement de la règle régissant les hors-jeu. Une règle qui aurait justement permis de réduire le nombre de révisions non concluantes.
Plus ça change, plus c’est pareil!
Protocoles et commotions cérébrales
La Ligue nationale a brossé un tableau des améliorations apportées au protocole visant à déceler les commotions cérébrales et à les traiter rapidement et efficacement.
« Je n’ai que du bon à dire sur le protocole et la façon dont il est implanté », a indiqué Pierre Dorion, le directeur général des Sénateurs d’Ottawa.
« La ligue nous a soumis des exemples d’impacts, d’analyses effectuées par les observateurs et des décisions qu’ils ont rendues. On nous a démontré que dans la très grande majorité des cas, les analyses préliminaires des observateurs ont permis de déceler des symtômes de commotions chez nos joueurs. C’est donc une preuve que le système fonctionne et c’est une très bonne nouvelle », a indiqué le directeur général des Oilers d’Edmonton, Peter Chiarelli.
Lorsqu’on lui a demandé s’il craignait de voir des joueurs vedettes être l’objet d’assauts susceptibles d’imposer leur retrait préventif d’un match, Peter Chiarelli s’est offert quelques secondes de réflexion. « Je suis conscient que c’est une possibilité et j’ai entendu des commentaires en ce sens dans les médias. Je ne veux pas dire que c’est exagéré, mais comme directeur général et surtout amateur de sports, je fais assez confiance aux athlètes et aux dirigeants pour croire qu’on ne pourrait pas sombrer dans ce genre de situation. »
Questionné sur le même sujet, le directeur général des Sénateurs a renchéri : « Dès il est question de la santé de mes joueurs, j’opte d’abord et avant tout sur la prévention, sur la sécurité. Je vais toujours m’assurer que la santé passe avant toute autre considération même si mon équipe s’en trouve pénalisée. Et si c’était à la suite d’un acte délibéré, c’est avec la Ligue qu’il faudrait régler le dossier et non le régler aux dépens d’un joueur en refusant qu’il soit sorti du match de façon préventive. »
Mercredi, dans le cadre de leur dernière journée de travail, les directeurs généraux se pencheront sur la possibilité d’accorder plus d’une contestation par rencontre et d’imposer une pénalité mineures aux équipes qui perdraient ces contestations supplémentaires.
Ils se pencheront aussi sur l’idée de cesser de donner le droit à une équipe de réclamer un temps d’arrêt après un dégagement refusé.
Sans oublier la révision de l’application des semaines de congé. Bien qu’ils soient d’accords sur le principe du congé, les DG et la LNH verraient d’un bon œil que ces semaines soient accordées en deux vagues successives au lieu d’être étendues sur une longue période comme c’est le cas cette année. On pourrait aussi statuer que les équipes qui reprennent leur calendrier affrontent des clubs qui reviennent également de congé lors du premier match marquant leur retour en action.