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RÉSULTATS

Le contrat de Slafkovsky pourrait s'avérer une aubaine

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Dès le premier coup d'oeil, les similitudes sont faciles à voir entre Juraj Slafkovsky et Quinton Byfield. À 20 et 22 ans respectivement quand la saison commencera, ils sont deux gros gabarits (6'3 pour Slaf, 6'5 pour Byfield) repêchés hâtivement dans leurs classes respectives qui ont pris un peu de temps avant de trouver leur erre d'aller dans la LNH.

Ils viennent tous deux d'obtenir leur première saison de 50 points en jouant à l'aile d'un centre qui excelle aux deux bouts de la patinoire (Nick Suzuki et Anze Kopitar). Ils apportent évidemment un élément physique assez unique, mais leurs styles de jeu diffèrent. Slafkovsky est un meilleur passeur et utilise plus son tir sur réception pour marquer, tandis que Byfield est plus dangereux autour du filet.

Les deux jeunes colosses ont aussi obtenu de nouveaux contrats cet été (techniquement une prolongation pour Slafkovsky). Mais, tandis que Montréal a choisi la durée maximale de 8 ans à 7,6 millions $ par saison, les Kings se sont entendus pour seulement 5 saisons avec le 5e choix de l'encan 2020. Ça leur permet de sauver un peu plus d'un million $ dans l'immédiat, au coût d'offrir une opportunité très rare et potentiellement extrêmement lucrative à Byfield.

Les Kings sont dans une situation bien différente du CH. Anze Kopitar et Drew Doughty ne rajeunissent pas et combinent pour 17 millions $ en salaire annuel. De leurs 16 joueurs qui touchent au moins un million $ cette saison, 14 ont au moins 27 ans, les exceptions étant Byfield et Mikey Anderson. Leur fenêtre est ouverte, mais pas pour très longtemps encore, du moins pas avec leurs deux piliers.

L'entente de Byfield leur donne un peu de marge de manœuvre supplémentaire dans l'immédiat, mais ça lui permet aussi de devenir joueur autonome sans compensation à la fin du contrat à seulement 26 ans. Une opportunité très rare dans la LNH, puisque l'autonomie complète vient habituellement à 27 ans ou après 7 saisons chez les professionnels. Depuis 2000, seulement deux joueurs de haut calibre ont eu un contrat qui leur aurait permis d'être joueur autonome sans compensation à 26 ans selon PuckPedia : Auston Matthews et Sebastian Aho.

Matthews et Aho se sont entendus sur une prolongation de contrat avant d'atteindre le marché, mais ça a coûté à leurs clubs respectifs 13,25 millions $ pour Toronto et 9,75 millions $ pour la Caroline. Si Byfield peut s'établir comme un joueur de premier plan, ce qui est clairement l'attente des Kings vu le contrat qu'ils lui ont accordé, imaginez ce qu'il pourrait demander sur le marché à 26 ans, surtout si le plafond salarial continue sa trajectoire ascendante.

À Montréal, Kent Hughes a le luxe de pouvoir être patient. Son noyau est plus de 10 ans plus jeune que les deux piliers des Kings et la fenêtre de compétition du CH est encore à venir. Oui, dans l'immédiat, Montréal aurait pu sauver de l'argent sur un contrat plus court et s'assurer que Slaf atteigne son plein potentiel avant d'investir, mais Hughes a plutôt choisi de suivre la nouvelle tendance d'offrir un contrat à long terme le plus rapidement possible à sa jeune étoile.

L'organisation a déjà investi gros en Slafkovsky avec le premier choix en 2022, et une grande partie des succès futurs du club dépende du retour sur cet investissement. L'organisation croit en lui, alors investir à long terme a énormément de sens.

Ça ouvre une tonne de possibilités quand la fenêtre du CH s'ouvrira, car, en termes de % de la masse salariale, l'entente de Slafkovsky ne fera que devenir plus favorable au CH avec le temps et il n'atteindra pas l'autonomie complète avant d'avoir 29 ans.

C'est le genre de contrat qui peut rapidement devenir une des plus grosses aubaines dans la LNH. Prenez le contrat de Jack Hughes par exemple. Non, je ne compare pas Hughes et Slafkovsky en style ou niveau de talent, mais l'idée reste la même. Le centre des Devils avait 55 points en 119 matchs au moment où il a paraphé un contrat de 8 ans à 8 millions $ par saison, ou une moyenne d'environ 40 points par saison. Depuis qu'il a signé cette entente, il est 12e dans la LNH en point par match avec 1,21, même si 45 attaquants seront mieux payés que lui cette année. Même avec les blessures qui lui ont coûté quelques matchs, je suis certain que les Devils n'ont aucun regret.

Même si Slafkovsky ne devient pas un joueur qui voit son nom mentionné pour le Hart, ça reste un excellent prix pour un attaquant dans ton top-6, surtout avec un plafond salarial qui va continuer de grimper. C'est une autre pièce dans la fondation que Hughes cherche à bâtir pour assurer un succès soutenu pour Montréal, plutôt que de tenter d'appliquer des pansements et des solutions à court terme. C'est le genre de décision qui te permet d'avoir un 3e ou 4e trio de qualité plutôt que de devoir chercher des solutions au salaire minimum parce que tu es collé sur la limite salariale sans marge de manœuvre, ou qui te permet d'ajouter un gros morceau sur le marché des joueurs autonomes si l'opportunité se présente.

Bref, c'est exactement le genre de vision à long terme qui manquait à Montréal depuis longtemps. Et ça fait du bien de voir une véritable fondation à long terme se bâtir devant nos yeux plutôt que de voir Carey Price tenter de faire des miracles derrière une équipe médiocre.