La tradition québécoise des Bruins : de Raymond Bourque à Patrice Bergeron
Cent ans d'histoire pour les Bruins de Boston. Plusieurs événements ont été organisés au cours de la dernière année pour souligner ce grand moment. Le point culminant étant un duel contre les ennemis jurés... les Canadiens de Montréal.
Au Québec, deux noms sont impossibles à écarter de l'équation quand il est question des Bruins et de la grande rivalité contre le Canadien : Raymond Bourque et Patrice Bergeron.
Bourque a été actif de 1979 à 2001. Il a porté les couleurs des Bruins pendant presque 21 saisons, avant de passer à l'Avalanche du Colorado et de soulever la coupe Stanley pour la première fois, aux côtés de Patrick Roy et de Joe Sakic... qui lui a tendu le trophée dès que Gary Bettman lui en a donné l'opportunité, un moment qui demeurera gravé dans l'histoire de la LNH.
Bergeron a donné ses premiers coups de patins dans un uniforme des Bruins deux ans plus tard, en 2003, à l'âge de 18 ans. Il a rapidement connu du succès dans sa jeune carrière et il est devenu le joueur préféré de nombreux partisans des Bruins dans la belle province.Raymond Bourque
«J'aurais aimé que Patrice arrive pendant que je jouais ici, ça se serait peut-être passé mieux!», lance Raymond Bourque, dès que le nom de Bergeron est prononcé, dans le cadre d'entrevues avec les membres des médias, en marge du match du centenaire dimanche après-midi.
«Quelqu'un comme Raymond a été une inspiration en grandissant, déclare Bergeron. Je suis assez vieux pour me rappeler sa conquête de la coupe Stanley au Colorado. Je me rappelle d'avoir vraiment poussé dans mon salon pour lui, pour qu'il puisse la remporter!»
Les deux hommes se vouent un grand respect, Bergeron est admiratif du célèbre numéro 77, qu'il a toujours aimé voir évoluer.
«D'avoir la chance de le rencontrer par la suite, d'avoir de ses conseils au fil des années, ça a été vraiment spécial. C'était tellement un bel exemple et un beau modèle pour tous ceux qui voulaient être un bon Bruins.»
Être un bon Bruin, voilà une qualité qui représente bien le parcours irréprochable de 19 saisons de Bergeron dans la LNH. Son jeu a fait de lui l'un des joueurs les plus respectés de sa génération. Son comportement hors de la patinoire l'a été tout autant. Toujours respectueux et disponible pour les membres des médias, il a aussi été un modèle pour plusieurs jeunes partisans des Bruins. Il n'a jamais oublié ses partisans québécois qui, de toute façon, lui rappelaient souvent à quel point ils l'aimaient...ou qu'ils détestaient les Canadiens, quand il rentrait chez lui à Québec l'été!
«Je retournais à Québec et il y avait beaucoup de gens qui me disaient qu'ils étaient des fans des Bruins. Plusieurs étaient autrefois des partisans des Nordiques. Ils ne pouvaient pas se transformer en partisans du Canadien!», lance Bergeron avec un grand sourire. «J'ai souvent eu des discussions comme ça avec des Québécois, des gens de la région. Ça a toujours été flatteur d'entendre ça. Mais j'ai aussi entendu le contraire!», termine-t-il en rigolant.
Vers la fin de sa carrière, Bergeron a guidé de main de maître la nouvelle génération de joueurs chez les Bruins. Il a notamment pu leur enseigner les valeurs importantes de l'organisation et tout ce que représente le travail d'un joueur de la LNH au quotidien. Son grand ami Brad Marchand est devenu capitaine après sa retraite. David Pastrnak et Charlie McAvoy sont aussi des jeunes qui sont devenus des joueurs élites sous le leadership de Bergeron.
Raymond Bourque est fier de voir que la nouvelle génération de Bruins a marché dans les pas des joueurs marquants de l'organisation, comme il a pu le faire à ses débuts dans la ligue nationale.
«À mes débuts, il y avait Jean Ratelle qui était ici et aussi Gilles Gilbert qui s'est bien occupé de moi, souligne Bourque. J'étais juste content et chanceux d'arriver dans une équipe qui était établie avec de l'histoire, du talent et du succès. Il y avait des vétérans, cinq ou six qui avaient gagné la Coupe en 1970, 1972. Ce sont eux qui ont établi les standards et c'est à toi de continuer l'histoire et de passer le flambeau.»
«La façon dont j'étais reçu, traité, ce sont des leçons que tu prends et que tu partages. J'ai eu la chance de toucher le old time hockey et de rester assez longtemps pour faire un peu d'argent!»
Les Bobby Orr et Johnny Bucyk figurent parmi les incontournables quand on parle de l'héritage des Bruins de Boston, mais pour Raymond Bourque, un nom se démarque du lot.
«Terry O'Reilly, je n'ai jamais joué avec un joueur aussi travaillant et dur. Dans le dictionnaire, quand tu regardes c'est quoi un Bruin, ça devrait être sa photo!»
Raymond Bourque
Patrice Bergeron est extrêmement fier de pouvoir côtoyer les plus grands de l'histoire de son équipe, la seule qu'il a représenté dans la LNH. Malgré tous ses succès au cours de sa prolifique carrière, il a toujours gardé une grande humilité et une reconnaissance infinie de faire partie de cette riche organisation.
«Il y a beaucoup de fierté. De faire partie d'un événement comme ça, c'est spécial. Je ramène ça à moi. Quand j'étais jeune, jamais je n'aurais pensé faire partie de ça ou d'une célébration comme ça. Je me sens choyé et reconnaissant.»
Puisque le match du centenaire opposait les Bruins à leurs grands rivaux montréalais, l'occasion était belle de demander à Bergeron quel est son plus beau souvenir de ses duels acharnés contre le Bleu Blanc Rouge.
Patrice Bergeron
«Il y a beaucoup de bons souvenirs et ça a toujours été spécial de jouer contre le Canadien. Avec toute l'histoire de cette équipe, j'ai beaucoup de respect pour cette concession», lance Bergeron avec sa grande classe habituelle. «Le but de Nathan Horton en 2011 qui nous a propulsés... de revenir de l'arrière 0-2, ça n'a pas été une série facile. Il a fallu qu'on travaille pour aller chercher le 7e. Tout cet acharnement nous a propulsés à se rendre compte qu'on pouvait aller plus loin.»
Heureusement pour Bergeron, Bourque et les nombreuses légendes présentes pour ce match historique pour les Bruins, la fête n'a pas été gâchée. Au contraire, les Bruins actuels ont certainement rendu leurs mentors fiers avec un gain éclatant de 6-3, marqué par une tempête de trois buts en 70 secondes de jeu, en milieu de première période. Les Bruins ont gagné la bataille et ils en ont d'ailleurs gagné 9 de suite dans leur domicile contre le Canadien. Cette rivalité n'est pas la même avec le rendement actuel du Tricolore, mais les partisans des deux équipes carburent toujours autant à cette rivalité, qui devrait monter à nouveau d'un cran lorsque les deux clubs se retrouveront un jour en séries éliminatoires.
Une visite spéciale du TD Garden
Les belles images ont été nombreuses à circuler au cours de la fin de semaine. Du dévoilement d'une nouvelle statue d'un ours en bronze près du TD Garden, aux rassemblements autour de l'amphithéâtre des Bruins, les partisans ont aussi pu voir une visite assez particulière du domicile de leurs favoris. Le plan séquence, filmé de main de maître avec un drone, commence avec un plan de Bobby Orr qui admire sa statue, érigée devant le Garden, pour ensuite se transporter à l'intérieur, nous démontrant plusieurs légendes en cours de route.
Une séquence à voir, même pour ceux qui n'aiment pas particulièrement les «méchants Bruins».