BOSTON - Loui Eriksson a inscrit son deuxième but de la saison, lundi, dans le cadre de la défaite de 3-2 encaissée par les Bruins aux mains des Red Wings de Detroit.

C’était loin d’être un beau but. Sur la galerie de presse du Garden, on s’est d’ailleurs demandé pendant de longues minutes s’il s’agissait vraiment d’un but. Une confirmation obtenue après avoir regardé la reprise avec attention. Reprise qui a confirmé que la rondelle tirée par le défenseur Johnny Boychuk avait bel et bien effleuré la culotte d’Eriksson avant de déjouer le gardien des Wings Jonas Gustavsson.

Beau ou laid, volontaire ou simple fruit du hasard, ce but aide, du moins un peu, le nouveau porte-couleurs des Bruins à faire contrepoids aux deux buts et six points que revendique Tyler Seguin contre qui il a été obtenu des Stars de Dallas l’été dernier.

Parce qu’il est flamboyant, talentueux et qu’il a été repêché au deuxième rang du repêchage de 2010 tout juste derrière Taylor Hall (Edmonton) par les Bruins qui avaient acquis cette sélection des Maple Leafs de Toronto en échange de Phil Kessel, Tyler Seguin est encore au centre des discussions des fans des Bruins qui contestent toujours cette transaction.

De fait, un peu partout dans la LNH, plusieurs amateurs qualifient cette transaction de véritable vol réalisé par le nouveau DG des Stars Jim Nill aux dépends de son homologue des Bruins, Peter Chiarelli. Une transaction qui a aussi envoyé à Dallas Rich Peverley alors que les Bruins ont obtenu, en plus d’Eriksson, les attaquants Reilly Smith et Matt Fraser en plus de Joe Morrow, un jeune défenseur repêché par les Penguins de Pittsburgh que les Stars avaient acquis à la date limite des transactions l’an dernier en retour de Brenden Morrow.

Les statistiques associées à Tyler Seguin et Loui Eriksson depuis le début de la saison tendent à confirmer les prétentions de ces amateurs. Dans le camp des Bruins, on appelle toutefois au calme.

Au-delà des statistiques

« C’est complètement injuste d’analyser cette transaction simplement en fonction des points recueillis jusqu’ici cette saison. En plus, il est encore beaucoup trop tôt pour conclure quoi que ce soit », s’est empressé de réagir Patrice Bergeron.

Parrain d’Eriksson qui évolue à sa gauche depuis le début de la saison, Bergeron assure que son nouveau coéquipier pourra combler le départ de son ancien compagnon de trio.

« C’est sûr que les statistiques sont importantes. Mais elles ne disent pas tout. Tyler est un très bon joueur de hockey. Il marquera beaucoup de buts et récoltera plus encore de passes. Mais il faut regarder plus loin et voir quel genre de cohésion un gars comme Eriksson va nous apporter. Loui est intelligent sur la patinoire. Il est conscient de sa défensive. Il a plus d’expérience. Il est encore en apprentissage. Nous avons une complicité à développer. Donnez-nous le temps d’y arriver. Une fois qu’elle sera établie, cette complicité devrait nous permettre d’obtenir des résultats qui permettront de mieux analyser cette transaction », de poursuivre Bergeron.

Tyler SeguinSport et finances

Après la défaite, l’entraîneur-chef Claude Julien était plus préoccupé par la couverture défensive bousillée dont Eriksson s’est rendu coupable en permettant à Henrik Zetterberg de marquer le premier but des Wings que par son manque à gagner offensif par rapport à Tyler Seguin.

« Nous avons conclu cette transaction parce qu’on considérait que Loui nous apportait un meilleur complément au trio de Patrice. Un club de hockey est composé de plusieurs éléments qui doivent se compléter. Et nous considérions qu’Eriksson nous permettait de nous améliorer sur le portrait global de l’équipe et non seulement au chapitre des buts et des points.

Âgé de 28 ans, Loui Eriksson a été réclamé au 33e rang du repêchage de 2003 par les Stars de Dallas. Il amorce sa septième saison dans la LNH. Après 506 rencontres, il revendique 152 buts et 359 points.

Sept ans plus jeunes, à l’aube de sa troisième saison, Seguin a déjà disputé 207 rencontres au cours desquelles il a marqué 58 buts et amassé 127 points.

D’abord et avant tout un ailier, Eriksson s’est trouvé une niche rapidement au sein de l’alignement des Bruins. Utilisé à l’aile à son arrivée à Boston, Seguin devait chasser David Krejci ou Patrice Bergeron pour évoluer à sa position naturelle. Position qu’il occupe avec les Stars alors qu’il pilote un trio complété par Jamie Benn et son ancien coéquipier des Bruins qui l’a suivi, à Dallas, Rich Peverley.

Sur le plan financier, une réalité particulièrement contraignante cette année alors que le plafond a été fixé à 64,3 millions $.

Sous contrat jusqu’en 2016, Loui Eriksson accapare 4,250 millions sur la masse des Bruins.

À la première année d’un contrat de six ans d’une valeur totale de 34,5 millions $, Tyler Seguin coûte 5,75 millions $ annuellement aux Stars.

Une fois les considérations sportives et de la haute finance écartées, le caractère des deux joueurs doit aussi entrer en scène. Suédois plutôt tranquille, Eriksson pourrait donner beaucoup moins de maux de tête à la direction des Bruins que le jeune et tumultueux Seguin lui en donnait. Dès son arrivée à Dallas, la jeune sensation a placé la direction des Stars dans l’embarras avec un gazouillis sur les homosexuels qui a soulevé un vent de controverse dans sa nouvelle ville et autour de la LNH.
Une controverse dont le jeune joueur de centre pourra échapper s’il continue à produire comme il le fait depuis le début de la saison. Remarquez que sur ces six points en quatre rencontres, Seguin en a récolté quatre (deux buts, deux passes) dans la victoire de 4-1 des Stars aux dépens des Jets, vendredi dernier, à Winnipeg.

Pendant qu’Eriksson et les Bruins sont en congé ce soir – ils joueront leur prochain match jeudi face aux Panthers de la Floride – Tyler Seguin aura l’occasion de gonfler sa fiche mardi soir alors que les Stars rendent visite à l’Avalanche du Colorado.

Peu importe ce qui arrive à Seguin à Denver, ce soir, et aux deux joueurs au cours des prochaines semaines, voire des prochains mois, il faudra attendre une, trois, cinq saisons avant de pouvoir conclure qui a vraiment eu le dessus entre les Bruins et les Stars. Sans oublier que les deux organisations pourraient sortir gagnante une fois toutes les considérations prises en compte.

Rendez-vous dans cinq ans!