MONTEREY, Californie - La réunion automnale des gouverneurs de la LNH devait être principalement marquée par l’approbation du contrat de diffusion des matchs des sept équipes canadiennes et surtout par la célébration des 5,3 milliards $ que les propriétaires des 30 équipes se partageront au cours des 12 prochaines années.

La fête pourrait toutefois être gâchée, du moins un brin ou deux, par les événements qui ont terni le match Bruins-Penguins samedi soir. Des événements qui s’ajoutent à une liste déjà longue d’incidents violents qui ont marqué le début de saison. Cette fête pourrait également être perturbée par les commotions cérébrales qui semblent se multiplier et le recours collectif mis sur pied par d’anciens joueurs qui reprochent à la LNH d’avoir mis leur santé en péril au cours de leur carrière en ne se souciant pas, ou pas assez, des blessures à la tête et de leurs conséquences.

Dans la seule rencontre de samedi, Brooks Orpik a été sorti de la patinoire sur une civière et conduit dans un hôpital de Boston après qu’il eut été mis K.-O. par le dur à cuire Shawn Thornton des Bruins. Les images de cet assaut ont bien sûr fait le tour de la LNH. Elles démontrent clairement que Thornton a donné un croc-en-jambe sournois au défenseur des Penguins avant de lui asséner plusieurs coups de poing au visage et à la tête alors qu’il était vulnérable, voire sans défense.

Cet assaut a suivi de quelques secondes un coup de genou asséné par le talentueux attaquant James Neal à l’endroit du pisse-vinaigre Brad Marchand.

Histoire de respecter le proverbe « jamais deux sans trois », le pourtant habituellement très modéré Pascal Dupuis a fracturé le péroné de la jambe droite du joueur de centre Chris Kelly en lui assénant un violent coup de bâton.

Thornton comparaîtra en personne devant le vice-président responsable de la sécurité des joueurs Brendan Shanahan. Cette comparution qui devrait se traduire par une suspension d’une dizaine de matchs – selon mon évaluation bien personnelle – se déroulera plus tard cette semaine, car Shanahan, comme tous les membres de l’état-major de la LNH, est dans la région de Monterey dans le nord de la Californie pour assister à la rencontre annuelle des gouverneurs.

James Neal comparaîtra par téléphone.

Quant à Dupuis, la LNH a décidé de ne pas imposer de sanctions supplémentaires.

Commotions, bagarres, poursuite

Habituellement, les gouverneurs délèguent à leurs directeurs généraux les questions relatives aux règlements. Les commotions, les bagarres, les mises en échec sournoises et les coups à la tête cèdent toute la place aux questions financières : aux revenus, aux dépenses, aux profits, aux pertes.

Le recours collectif intenté il y a quelques semaines change toutefois la donne. Parce que des conséquences financières importantes découleraient d’une victoire des anciens joueurs aux dépens de la LNH, les propriétaires seront mis au courant des faits allégués et surtout de la contre-attaque juridique que les hauts dirigeants de la Ligue préparent.

Selon des informations dignes de foi, la LNH, bien qu’elle soit au courant de l’élaboration du recours collectif, n’a pas encore été mise en demeure par les anciens joueurs.

Il sera intéressant de voir si cette poursuite attendue, la hausse du nombre de commotions cérébrales et des suspensions imposées par Brendan Shanahan et la polémique entourant les bagarres et les blessures à la tête inciteront les propriétaires à interpeller le commissaire Bettman sur le bien fondé de maintenir les bagarres dans la LNH au lieu de les bannir.

Les gouverneurs plus intéressés aux questions de hockey s’intéresseront au compte-rendu détaillé que Brendan Shanahan déposera en matière de sécurité des joueurs. Le vice-président de la LNH fera aussi le point sur les sanctions qu’il a imposées jusqu’ici cette saison et sur son plan de match visant à mener à bien sa croisade contre les coups illégaux et leurs conséquences.

Ces proprios seront aussi sans doute intéressés d’entendre les observations et explications d’un autre vice-président de la LNH, Colin Campbell, relativement au fait que les attaques massives sont de moins en moins nombreuses, que les buts marqués lors de ces avantages numériques sont en baisse et que les buts en général suivent aussi une légère fluctuation vers le bas.

Il va de soi qu’aucune modification aux règles déjà en place ou déjà contestées ne découlera des deux jours de rencontres qui commencent aujourd’hui. Ces changements sont adoptés par les directeurs généraux à leur réunion annuelle qui se tient en Floride au mois de mars et ensuite approuvés par les gouverneurs lors de la finale de la coupe Stanley.

Des propriétaires soucieux de l’image du hockey et de la qualité du spectacle offert sur la patinoire auront toutefois l’occasion de soulever quelques questions délicates et de mettre la table à des changements qui seraient alors concoctés par les directeurs généraux.

Il sera donc intéressant de voir si, parallèlement aux discussions menées par Gary Bettman dans la salle de réunion, des proprios iront de quelques séances de négociations de corridors.

Vote unanime

Débarqués dans la région de Monterey au cours de la journée de dimanche, plus précisément à Spanish Bay près de Pebble Beach, une très chic destination touristique sur le bord du Pacifique dans le nord de la Californie, les gouverneurs des 30 équipes de la LNH s’assiéront autour de leur grande table en matinée lundi.

Malgré le tumulte associé aux commotions cérébrales et à leurs conséquences, l’adoption du contrat liant la LNH au géant canadien des télécommunications Rogers sera l’un des premiers items à l’ordre du jour.

Bien qu’une majorité simple soit suffisante pour officialiser l’entente, on s’attend à un vote unanime de la part des 30 gouverneurs. Des gouverneurs qui devraient non seulement applaudir le contrat et le milliard qui vient avec, mais aussi leur employé Gary Bettman qui l’a obtenue en leurs noms.

Bien que l’ordre du jour ne soit pas publicisé, il est acquis que les dirigeants de la LNH soumettront aux gouverneurs des modifications et/ou ajustements aux différents contrats liant le circuit Bettman à la Ligue canadienne de hockey et aux circuits professionnels européens.

On pourrait revoir les modalités associées aux compensations – lire récompenses – offertes aux équipes juniors canadiennes lorsque leurs prospects sont repêchés par un club de la LNH.

Le développement de la KHL qui s’est installée en Slovaquie, en République tchèque et en Slovaquie oblige aussi la LNH à revoir ses ententes avec les différentes fédérations européennes en matière de transferts de joueurs.

Les gouverneurs seront, comme c’est toujours le cas, saisis des différents développements des relations corporatives entre la LNH et d’actuels et futurs commanditaires et partenaires d’affaires.

L’un de ces partenaires étant la Fédération internationale de hockey sur glace (FIHG), il sera bien sûr question des Jeux olympiques de Sotchi.

Une délégation de la LNH rentre d’ailleurs tout juste de la Russie où elle s’était rendue afin de s’assurer que toutes les exigences de la ligue en marge du tournoi de hockey soient bien respectées.

À cet effet, mentionnons que Stéphane Quintal, l’un des adjoints de Brendan Shanahan au bureau de la sécurité des joueurs, occupera le même rôle lors du tournoi olympique de Sotchi. L’ancien défenseur du Canadien travaillera de pair avec les responsables de la FIHG pour imposer, si nécessaire, des mesures disciplinaires supplémentaires.