Repêchage LNH : Cayden Lindstrom se verrait marcher dans les pas de Juraj Slafkovský
BUFFALO – En deux ans, les dirigeants du Canadien ont pris sous leur aile un attaquant de 6 pieds 3 pouces et 220 livres doté d'un talent brut impressionnant, mais qui devait être raffiné, et l'ont développé en l'un des plus prometteurs attaquants de puissance de la Ligue nationale.
À plus de 3000 kilomètres de Montréal, Cayden Lindstrom a pris des notes.
« Absolument, répond sans hésiter le jeune homme de 18 ans lorsqu'on lui demande si la progression de Juraj Slafkovský a attiré son attention. En fait, le développement de l'équipe en entier dans les deux dernières années ne m'a pas échappé. Je crois qu'un environnement comme celui-là pourrait vraiment m'aider à atteindre le prochain niveau et à y rester pour de nombreuses années. »
On pousse un peu la note en mentionnant les noms de Martin St-Louis, à qui on a découvert un réel talent de formateur depuis son embauche, et Adam Nicholas, le gourou du développement chez le Canadien. On demande à Lindstrom si, secrètement, la présence d'un département de développement bien établi au sein d'une organisation influence ses préférences lorsqu'il évalue la liste des destinations potentielles qui s'offrent à lui.
« Tous les gars admissibles au repêchage veulent être dans une équipe qui fait bien les choses en termes de développement, a-t-il dit. Peu importe où je me retrouve, c'est sûr que je ne lésinerai pas sur les efforts pour atteindre mon plein potentiel. Les joueurs ont leur rôle à jouer là-dedans aussi. Mais de savoir qu'il y a une bonne structure en place pour supporter les jeunes, c'est sûr que c'est attirant. »
Notre allusion à Slafkovský, au fil de notre discussion d'une quinzaine de minutes avec Lindstrom vendredi matin, était motivée par deux facteurs.
D'une part, les similitudes entre les deux joueurs sautent aux yeux. Comme le grand ailier slovaque à l'époque, le joueur de centre des Tigers de Medicine Hat en impose physiquement. Selon les données de la Centrale de recrutement de la LNH, il est arrivé au camp d'évaluation des meilleurs espoirs à 6 pieds 3 pouces et 210 livres. Les experts lui prêtent aussi plusieurs attributs qui rendaient Slafkovský si attrayant au même âge : un tir dévastateur, un coup de patin solide et des mains sublimes.
Mais surtout, c'est qu'il existe des scénarios fort réalistes selon lesquels les deux phénomènes seraient très bientôt réunis dans la même organisation. Le Canadien repêchera au cinquième rang à la fin du mois et après avoir regarni sa banque de défenseurs au cours des dernières années, on lui prête maintenant l'intention d'ajouter à son effectif un futur attaquant d'impact.
Pour bien des observateurs, qui s'entendent tous pour dire que Macklin Celebrini et le Russe Ivan Demidov auront déjà traversé le parquet lorsque les décideurs du Canadien s'approcheront du micro à Vegas, Lindstrom est l'un des candidats les plus alléchants.
À sa deuxième saison dans la Ligue junior de l'Ouest, Lindstrom est sorti comme une balle des blocs de départ. Il a récolté 46 points, dont 27 buts, en seulement 32 matchs avant d'être tenu à l'écart par une blessure à une main. Des maux de dos chroniques l'ont aussi incommodé, de sorte qu'il n'est revenu au jeu que pour quelques matchs en séries éliminatoires. Il était clair à ce moment que ses problèmes de santé n'étaient pas complètement derrière lui.
À quelques semaines du repêchage, la question demeure d'actualité. Son agent, Daren Hermiston, a mis à la disposition de toutes les équipes des documents médicaux attestant que son client est sur la voie d'une guérison complète. Lindstrom a confirmé qu'il fera l'impasse sur de nombreux exercices lors des tests physiques prévus samedi à Buffalo.
Aux nombreux journalistes montréalais à qui il a accepté d'accorder des entrevues vendredi, Lindstrom a fait savoir qu'il ne souhaitait pas aborder le sujet.
« On ne s'attend pas à ce que la situation ne traîne en longueur, a précisé Hermiston. Mais on garde aussi en tête qu'il n'a que 18 ans et on veut être patient avec lui. Les équipes pourront prendre leur propre décision en se basant sur les informations que nous leur avons fournies. »
« Je n'ai peur de rien »
Lindstrom hésite à se qualifier de joueur complet. Parmi les cordes qu'il estime pouvoir ajouter à son arc, il évoque son jeu « sur 200 pieds ». Il croit aussi n'avoir exploré que la pointe de l'iceberg au niveau de ses habiletés individuelles.
Mais avec un gabarit si imposant, Lindstrom se démarque assurément des autres attaquants qui pourraient être considérés comme une option pour compléter le top-5 du repêchage.
Tous les gros joueurs ne sont pas nécessairement intéressés à jouer la carte de la robustesse, mais pour la jeune vedette des Tigers de Medicine Hat, il s'agit d'un atout qu'il n'hésite jamais à sortir de son jeu.
« En étant aussi puissant et rapide, je n'ai pas vraiment le choix de préconiser un style de jeu physique. Mais je ne le fais pas parce que je dois le faire, je le fais parce que j'aime ça. Depuis que je suis jeune, j'ai toujours utilisé ça à mon avantage. Ça aurait été un peu stupide de ma part de ne pas le faire, non? Et ça m'a toujours bien servi. »
Lindstrom a grandi à Chetwynd, un petit village de 2500 habitants au nord de la Colombie-Britannique. Élevé par une mère monoparentale, il est le fils aîné d'une fratrie de quatre enfants. Bien qu'il se considère très proche de sa famille, il avait 11 ou 12 ans la première fois qu'il est allé voir sa mère pour lui dire qu'il voulait partir.
À 14 ans, il a été recruté par l'Académie Delta de Vancouver. Là-bas, il a été pris en charge par des entraîneurs spécialisés. Il avait accès à des heures de glace comme jamais auparavant. Il était dans le gymnase à chaque jour. « C'était tout ce dont j'avais toujours rêvé. »
Mais avant d'aller s'émanciper dans la grande ville, il a profité dans sa jeunesse de la présence de son grand-père maternel, Lance Lindstrom. C'est avec lui, raconte-il, que son caractère a pris forme.
« Son père l'avait élevé à la dure et il croyait qu'il devait agir de la même façon avec moi. Je devais avoir 8 ou 9 ans, on allait jouer au baseball derrière la maison. Il m'envoyait des roulants et il m'interdisait de m'enlever du chemin devant un faux bond. J'ai mangé plus d'une balle sur les tibias, mais il n'était pas question de me plaindre. Il me disait qu'on ne pleurait pas au baseball. »
« J'ai eu mal, mais ça m'a endurci et ça se voit aujourd'hui dans mon jeu. Que ça soit pour foncer au filet, pour bloquer des lancers ou aller dans les coins, peu importe. Je n'ai peur de rien. »