MONTRÉAL – Samedi dernier, Matt Fraser aidait les Bruins de Providence à éliminer les Falcons de Springfield au premier tour des séries éliminatoires de la Ligue américaine.

Jeudi soir, cet attaquant de 23 ans, l’un des espoirs obtenus dans la transaction qui a sorti Tyler Seguin de Boston, a peut-être sauvé la saison des grands favoris pour représenter l’Association Est en finale de la coupe Stanley.

Les Bruins, une équipe munie de cinq marqueurs de 20 buts en saison régulière - une collection qui n’inclut même pas leur meilleur marqueur – et d’un candidat au trophée Vézina, respirent beaucoup mieux aujourd’hui grâce à l’apport inespéré d’une jeune qu’ils n’avaient utilisé que pendant 14 matchs cet hiver.

« Il y a plus de médias autour de moi présentement qu’il y a de partisans à Providence », a rapidement constaté Fraser, comme en pensant tout haut, peu après l’ouverture des portes du vestiaire des visiteurs du Centre Bell.

Le rappel de Fraser avait été annoncé en matinée, quelques heures avant que les Bruins n’entament leur entraînement d’avant-match. Lorsque l’entraîneur Claude Julien a fait connaître sa formation, en soirée, le nom de son ailier recrue y apparaissait à la place de celui du Québécois Jordan Caron.

« Notre directeur général mérite tout le crédit, c’est lui qui l’a rappelé », a lancé Julien, tout sourire, après la rencontre.

Auteur de trois buts dans la LNH avant de vivre son baptême des séries, Fraser a bien fait paraître ses patrons en déjouant Carey Price au tout début de la période de prolongation, évitant aux Bruins de retourner à la maison avec les talons dans le vide, au bord du gouffre de l’élimination.

Journée de rêve pour Fraser

« Le sentiment est indescriptible. Je viens de voir la reprise et je ne peux même pas commencer à expliquer ce qui s’est passé, a bafouillé le héros du jour. La rondelle bondissait et tout ce que je tentais de faire, c’est la pousser dans le filet. »

Fraser a été utilisé pendant près de 15 minutes aux côtés de Carl Soderberg et Loui Eriksson sur le troisième trio des Bruins.

« C’est un bon joueur, on le savait déjà pour l’avoir eu dans l’entourage de l’équipe cette année, a commenté Julien. Il possède un bon lancer et une bonne touche autour du filet adverse. Comme vous le savez, c’est le genre de qualités sur lesquelles on ne peut pas lever le nez depuis le début de cette série. »

Fraser a admis sa nervosité pour ce match inoubliable, mais son entraîneur a à peine remarqué.

« J’ai aimé sa contribution. Pas seulement sur son but, mais pour l’ensemble de son œuvre. Il était solide avec la rondelle, a pris des bonnes décisions et n’a pas causé de revirements. »

« Je n’ai presque pas dormi aujourd’hui et ça risque d’être encore le cas cette nuit. Mais c’est important de garder les choses en perspectives. Ce n’est qu’un match et on doit revenir avec le même genre d’effort à Boston », a souligné Fraser avec la sagesse d’un vétéran.

Une 2-de-3

Les Bruins sont aujourd’hui en meilleure position qu’ils ne l’étaient après la déception du troisième match, mais Julien n’est toujours pas pleinement satisfait. Le Canadien n’a qu’à bien se tenir, car son équipe peut faire mieux, croit-il.

Les bons ajustements des Bruins

« Je ne veux pas diminuer l’importance de cette victoire, mais je ne pense toujours pas qu’on ait offert notre meilleur hockey jusqu’à maintenant. Les gars ont donné tout un effort, mais je sais qu’on est capable d’être meilleurs. Ça semble être un processus dans lequel on tente de progresser présentement et j’espère que ce match se voudra un pas dans la bonne direction. »

Réduit à sa plus simple expression, cette série est devenue un affrontement au meilleur de trois matchs, avec les Bruins qui ont remis la main sur l’avantage de la patinoire. Les vétérans qui ont mis le nez dans le vestiaire des perdants jeudi soir tenaient à peu près tous le même discours.

« La défaite est difficile à accepter. C’était un match qui pouvait changer le visage de la série et je crois qu’on méritait un meilleur sort, mais on doit maintenant regarder la réalité en face. Il n’y a rien de perdu, le duel est maintenant égal », résumait Brian Gionta.

« On se doutait bien qu’on devrait en gagner une autre sur la route de toute façon, a ajouté Josh Gorges. Alors on se remet au travail demain, on se replace les esprits et on s’assure d’arriver à Boston dans les meilleures dispositions. »

Le mérite fait sa chance
Le bonheur des partisans des Bruins