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RÉSULTATS

Panthers : catastrophe évitée

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SUNRISE - Paul Maurice était très conscient de la catastrophe qui menaçait sa réputation et celle de ses joueurs à l'aube du septième match de la finale de la coupe Stanley. 

Mais un bref coup d'œil sur un écran de télé lui a vite rappelé l'ampleur du désastre qui les guettait.

« Nous avons plusieurs télévisions dans le vestiaire. Six, je crois. Et quand j'y ai mis les pieds dimanche, une phrase en grosses lettres m'a sauté aux yeux. Il était écrit : plus grand effondrement de l'histoire du sport professionnel, sur la bande défilant au bas de l'écran. »

Paul Maurice a alors lancé un cri au responsable de l'équipement des Panthers. 

« À 57 ans, je pouvais vivre avec une telle affirmation. Mais je ne savais pas comment un jeune de 25 ans réagirait. Ils avaient déjà assez de pression sur leurs épaules. Je lui ai donc demandé de changer de poste et aussi de s'assurer que les images de ce réseau ne soient plus disponibles dans le vestiaire. »

Paul Maurice racontait cette histoire avec un sourire. Normal! Il était champion de la coupe Stanley. Ses joueurs, après avoir paradé avec la coupe à bout de bras devant des partisans en liesse, se douchaient au champagne. 

La catastrophe annoncée avait été évitée.

Sa réputation et celles de ses joueurs étaient non seulement sauvées, mais auréolées à jamais du titre de champions de la coupe Stanley.

Beaucoup de questions, une réponse

Paul Maurice a toutefois convenu que la remontée des Oilers l'a grandement perturbé.

« Quand tu perds trois matchs de suite et que tu vois ton rêve en train de te glisser entre les doigts, il est normal de se poser des questions. Et je m'en suis posé beaucoup. Je me suis demandé si j'étais en train de tout gaspiller. Vous savez, c'était ma 20e présence, ma 25e peut-être en séries éliminatoires en 30 ans de carrière et jamais encore je n'avais profité d'une avance de 3-0. Est-ce que c'est moi qui avais mal géré cette avance? Est-ce que j'avais laissé les émotions prendre le dessus sur l'énergie qui est nécessaire d'obtenir pour gagner en séries? »

Paul Maurice a donc profité de la période entre la défaite lors du sixième match et la mise en jeu de la partie de lundi pour ramener l'équipe à la base qui lui a permis de se rendre à une victoire de la coupe Stanley. 

« C'est le seul impact que j'ai eu dans le match de ce soir. Car le reste, tout le reste, ce sont les joueurs qui l'ont fait, a insisté l'entraîneur-chef des Panthers avant d'ajouter : Et ce n'est pas de la fausse modestie, je vous l'assure. »

Dès les premiers instants du match ultime, les joueurs des Panthers ont répondu à toutes les questions associées à leurs réactions face à cette rencontre. Ils ont dissipé tous les doutes qu'ils avaient contribué à créer au fil des trois revers consécutifs encaissés.

Car dès la mise en jeu initiale, on a senti les joueurs des Panthers impliqués. Du haut de la galerie de presse, on sentait l'urgence dans le jeu des Barkov, Tkachuk, Ekblad, Forsling sans oublier Bobrovsky devant sa cage. Une urgence qui n'était pas aussi évidente lors des trois matchs que les Panthers ont perdus.

On se disait que s'ils avaient été aussi impliqués, aussi incisifs et disciplinés en échec avant, aussi teigneux pour limiter l'espace offert à Connor McDavid et aux as offensifs des Oilers lors des trois derniers matchs, jamais la finale ne se serait prolongée jusqu'à la limite des sept parties.

Mais cela aura donné une grande septième partie.

Une septième partie qui aura permis de couronner la meilleure des deux équipes. Celle qui a le mieux joué dans le cadre de ce match sans lendemain pour les deux formations. Un premier depuis le début des séries pour les Panthers. Un sixième, dont un quatrième consécutif face aux Panthers, pour les Oilers.

Partager la coupe et non la gagner

Les Panthers n'ont pas seulement offert à leurs partisans la première conquête de leur coupe Stanley de leur histoire.

Ils ont permis à Paul Maurice et à tous ses joueurs – exception faite de Vladimir Tarasenko qui l'avait gagnée avec les Blues de St. Louis en 2019, et Carter Verhaeghe avec le Lightning de Tampa Bay en 2020 – de soulever la coupe pour la première fois.

Quel sentiment cette première conquête a-t-elle permis à Paul Maurice de vivre lorsqu'il a brandi le trophée au-dessus de sa tête?

Après tout, Maurice avait candidement reconnu avant la grande finale qu'il ressentait le besoin de gagner une coupe. Qu'il voulait la gagner.

« Je peux te dire que je me suis trompé quand j'ai lancé ce souhait devant vous. J'ai réalisé dans le cadre des cérémonies suivant notre victoire que tu ne gagnes pas la coupe Stanley, mais bien que tu la partages. Est-ce que je suis content? Bien sûr. Ça m'arrive enfin. Et peut-être que vous me la souhaitiez tous, à l'image de mes proches amis, parce que vous trouviez que je faisais pitié après toutes ces années », que Maurice a défilé en riant.

« Mais après notre première période ce soir, après cette très bonne période de hockey que nos joueurs venaient de disputer alors que nous avions eu bien des ennuis en premières périodes depuis le début de la finale, j'étais content de les voir aller sur la glace. Je vous assure même, et vous n'êtes pas obligés de me croire, que j'étais tellement fier du hockey qu'ils nous donnaient, que le résultat du match ne comptait plus. Gagne ou perd, l'équipe me donnait ce que je lui avais demandé d'offrir », a prétendu Paul Maurice avant de saluer les journalistes et de clamer haut et fort qu'il s'en allait tout droit à la pêche.

Ce qui est faux, car il devra lui aussi mettre le cap sur Las Vegas au cours des prochaines heures pour assister au repêchage.

Mais bon!

On peut bien croire Paul Maurice quand il avance qu'il était en paix avec lui-même et avec le sort de ses Panthers après le premier tiers. Et qu'un résultat différent du match n'aurait rien changé à cet état d'esprit.

Mais c'est le genre de profession de foi qui est plus facile à faire quand tu as paradé avec le trophée à bout de bras que lorsque tu es condamné à regarder tes adversaires le faire à ta place. Une expérience que Paul Maurice n'aura pas eu à vivre une troisième fois.