Récompense méritée après 1000 matchs pour l'arbitre Ghislain Hébert
MONTRÉAL – À 9 ans, ça arrive parfois que le garçon de l'arbitre de Ghislain Hébert « rouspète un peu » quand il impose des punitions à son équipe préférée.
Non, le métier d'arbitre n'est pas reposant.
Bien sûr, Hébert a raconté cette anecdote avec le sourire au visage.
« Je ne pense pas qu'il réalise l'ampleur de l'emploi parce qu'il est plus un partisan pour le moment. Il ne comprend pas toujours ce que je dois faire pour que l'allure du match se passe bien », a noté l'arbitre originaire du Nouveau-Brunswick.
Mais, samedi le 8 mars, Hebert a célébré son 1000e match dans la LNH et il a eu l'immense bonheur de patiner avec son fils pendant la période d'échauffement du duel entre les Rangers de New York et les Sénateurs à Ottawa.
« Il était bien content de vivre ça avec moi et de patiner avec des joueurs autour de lui. Quelques joueurs sont venus lui donner des tapes sur les jambières. C'était très plaisant », a décrit Hébert à RDS, une semaine après cette journée inoubliable.
N'empêche que c'est vrai que cette profession n'est pas facile et qu'elle mérite du respect.
Un petit tour sur l'application d'hôtels dans son téléphone lui a permis de constater que son profil affiche plus de 3800 nuits. L'équivalent de plus de 10 ans à dormir loin de la maison.
Ce n'est pas pour rien que la LNH s'assure de souligner avec respect le plateau du 1000e match alors que ses débuts dans le circuit Bettman remontent à 2009.
« J'ai vécu beaucoup d'émotions, tout le monde était là pour partager ça avec moi. Ce week-end était pour remercier toute ma petite équipe qui me supporte », a décrit Hébert qui était accompagné de près de 80 membres de sa famille et amis.
D'ailleurs, son garçon n'était âgé que de 4 jours quand il a déménagé sa famille pour s'établir à Ottawa.
L'arbitre de 42 ans a apprivoisé les sacrifices que son travail exige, comme celui de passer de 22 à 25 jours par mois sur la route pendant la saison régulière.
En fait, il parle de son boulot avec une grande passion.
« Je suis choyé d'être à ce niveau, avec les meilleurs joueurs au monde. Comme tous les jeunes hockeyeurs, je rêvais de jouer dans la LNH. Comme on dit, c'est nous qui avons le meilleur siège dans l'aréna », a évoqué celui qui avait choisi trois grands amis des Maritimes (Jean Hebert, aucun lien de parenté, Jesse Marquis et Matt MacPherson) pour sa 1000e rencontre.
En optant pour Ottawa comme ville d'adoption, Hébert s'occupe de plusieurs parties des Sénateurs. Avec une pointe d'humour, on pourrait dire qu'il a appris à bien connaître Brady Tkachuk.
« Oui, il est très intense, comme son frère. Il a une immense passion pour la game, il faut juste faire attention quand il dépasse les normes. C'est à nous d'accomplir notre travail. Mais, en dehors de la glace, il est très respectueux, il prend le temps de parler à tout le monde, il est un très chic type », a réagi Hébert qui est également papa d'une fille de 8 ans.
L'objectif des séries en tête
Ghislain HébertEn commençant l'arbitrage à 12 ans, Hébert n'aurait jamais cru que ça le mènerait à visiter les villes de la LNH. Encore moins que son cheminement d'arbitre le mènerait en Alaska, en Australie et en Tchéquie.
Son passage en Alaska, alors qu'il arbitrait dans l'ECHL, n'était pas le plus réjouissant. Il se sentait loin de la LNH, mais sa persévérance a été payante. Hébert a été choisi pour se rendre à Melbourne dans le cadre de la « Série globale » de la LNH en 2023.
« Je ne m'attendais jamais d'aller là-bas. La LNH avait bâti un aréna au Stade Rod Laver où les Internationaux d'Australie sont disputés. C'était intéressant de voir d'autres cultures et le hockey est très populaire », a indiqué Hébert qui a lancé la saison 2024-2025 en arbitrant deux matchs à Prague.
Hébert reconnaît qu'il lui reste une chose à accomplir, arbitrer des matchs en séries.
« C'est sûr que se rendre le plus loin possible, faire les séries. À la fin de la saison, quand le courriel est envoyé, si ton nom n'est pas sur la liste ... C'est comme un joueur, tu veux être en séries », a mentionné l'arbitre qui se considère chanceux d'avoir évité des blessures importantes.
On verra si le printemps 2025 lui procurera cette récompense. S'il n'a jamais goûté aux séries, il a presque tout vu au fil des ans.
Hébert n'oubliera jamais cet atterrissage d'urgence en raison d'une crise d'épilepsie d'un enfant dans l'avion.
Pour six matchs, il a eu à se débrouiller avec de l'équipement d'urgence puisque ses bagages étaient arrivés en retard.
Voilà pourquoi il ne court aucun risque et il garde ses patins avec lui dans l'avion ce qui est autorisé par la nature de son travail.
On aurait pu continuer l'entrevue longtemps, mais il fallait qu'il se prépare pour son match au Centre Bell. Sachez que la LNH et l'Association des arbitres ont établi des balises. Les arbitres ne peuvent pas travailler plus de trois matchs en trois jours ou quatre en six.
Et chaque fois qu'on parle à un arbitre, on s'en veut d'avoir argumenté avec eux durant nos années au hockey mineur. La relève est cruciale dans ce domaine et un environnement sain moussera l'intérêt.