Quand la chance sourit aux Kings
LNH mardi, 10 juin 2014. 00:49 lundi, 23 déc. 2024. 07:10MANHATTAN – Alain Vigneault souhaitait qu’à force de travailler fort et bien son équipe serait récompensée. Que la chance tournerait de son côté. Qu’elle finirait par remporter une victoire afin de resserrer la série au lieu d’être balayée.
C’est tout le contraire qui est arrivé.
Oui, les Rangers ont travaillé. Pas toujours assez, surtout en première période, période au cours de laquelle ils se sont contentés d’étudier un adversaire qu’il semblait craindre comme la peste, ou à tout le moins beaucoup trop respecté. Pas toujours assez bien, surtout en avantage numérique alors que les BlueShirts ont été pitoyables bousillant six attaques massives au cours desquelles ils n’ont obtenu que 10 tirs. Mais en dominant les Kings 32-15 au chapitre des tirs au but, les Rangers se sont donné une chance de gagner.
L’ennui, et il est de taille, c’est qu’en plus de former un club redoutable, un club solide à l’attaque, solide à la ligne bleue, solide aussi devant les buts, les Kings ont vu la chance tourner le dos aux Rangers pour plutôt que se ranger dans leur camp.
Les Kings ont joué de chance sur les trois buts qu’ils ont marqués. Leur gardien Jonathan Quick, en plus d’être vif comme un chat et d’exceller dans toutes les facettes du jeu, a lui aussi été chanceux à quelques occasions. Cette combinaison de chances souriant aux Kings ou de malchance venue hanter les Rangers résume très bien l’allure de cette victoire de victoire de 3-0 qui permet à Los Angeles de se préparer à célébrer une deuxième conquête de la coupe Stanley en trois ans.
« C’est pas mal difficile », a reconnu Brad Richards après une autre rencontre difficile pour le joueur de centre et son équipe.
« Je dois admettre que j’ai un sentiment bizarre. Ça fait trois matchs de suite que je me dis qu’on est certainement capable de battre cette équipe, mais ça fait trois défaites de suite qu’on encaisse. Il faut rester positif et revenir au jeu mercredi avec l’intention de tout donner. Ce sera une question de fierté », a ajouté Derick Brassard qui a disputé un match solide pour les Rangers obtenant cinq des 32 tirs de son équipe.
Quick sensationnel
Jonathan Quick a couronné sa première partie en carrière au Madison Square Garden en signant son deuxième jeu blanc des séries. Pas mal comme baptême pour le gardien qui a grandi pas très loin du MSG dans l’État voisin du Connecticut.
S’il disputait son premier match en carrière lundi soir, Quick n’en était toutefois pas à sa première présence sur la patinoire du Garden. « Je ne vous ai pas dit toute la vérité ce matin. À l’âge de 12 ans, alors que je jouais pour un club pee-wee qui devait se rendre au tournoi de Québec – le tournoi international du Carnaval – je suis venu au MSG pour disputer une fusillade au cours d’un entracte. Cette présence m’avait permis d’assister à l’une de mes rares parties ici au Garden », a indiqué le gardien des Kings après la rencontre.
Affichant son flegme habituel, Jonathan Quick a minimisé la qualité de sa sortie devant le filet, la qualité de plusieurs des 32 arrêts qu’il venait d’effectuer au cours de la soirée. Avec la complicité de Dame Chance, Quick s’est particulièrement signalé en début de rencontre aux dépens de Mats Zuccarello. Debout derrière le gardien des Kings, devant une cage déserte, mais avec une petite marge de manoeuvre, Zuccarello n’a pas été en mesure de bien rediriger la rondelle. Cette incapacité a permis au gardien des Kings de plonger et de faire dévier la rondelle avec son bâton. « Je ne sais pas si c’est son bâton ou le mien qui a fait le travail », a plaidé Quick qui ne se souvenait pas non plus si cet arrêt était survenu en première période, ou en période médiane...
Le deuxième miracle de Quick n’a quant à lui laissé aucune place à interprétation. Au milieu d’une des nombreuses bonnes séquences offensives des Rangers en deuxième période, Quick a brandi son bâton sur sa droite pour faire dévier une rondelle que Derick Brassard voyait déjà se rendre au fond du filet.
« J’étais sur mon revers, mais bien que je savais à quel point il est rapide dans ses déplacements, je me disais que j’avais une bonne chance quand même. Il a réalisé l’arrêt du match sur ce jeu. C’était 2-0 pour eux à ce moment-là. Si je marque ce but, on est de retour dans la partie. Mais cet arrêt a donné encore plus confiance aux Kings et il leur a permis de maintenir le contrôle du match », a mentionné le Gatinois des Rangers.
Bien que déçu, Brassard refusait de s’apitoyer sur son sort. « Je me suis fait voler comme ça plus tôt cette saison. Ça arrive. Tu ne dois pas te décourager. Mais en même temps, des chances comme celle-là c’est rare que tu en aies deux dans un match. Tu dois trouver le moyen d’en profiter. Je ne l’ai pas fait. Ça résume la partie. Ça résume la série en fait. On a encore eu assez de chances de marquer, mais les buts ne sont pas venus », philosophait le joueur de centre.
Lundqvist malchanceux
Si Jonathan Quick a joué de chance à son bout de patinoire, Henrik Lundqvist a broyé du noir tout le long de la rencontre.
Au terme d’une première période au cours de laquelle il n’avait fait face qu’à quatre tirs, Lundqvist a été victime d’un but marqué avec 0,7 seconde à écouler. Filant à fond la caisse en zone des Rangers, Jeff Carter a décoché un tir que le défenseur Dan Girardi a tenté de stopper en plongeant devant l’attaquant des Kings. Au lieu d’aider la cause de son gardien, Girardi a vu la rondelle dévier sur son patin pour changer de direction et déjouer le gardien suédois.
C’était la première fois de la série que les Kings s’offraient une avance en cours de partie. La première fois depuis la mi-chemin du troisième tiers de la sixième rencontre de la finale de l’Ouest face aux Blackhawks de Chicago. La première fois après une séquence de 249 min 15 s sans avoir défendu d’avance...
En deuxième période, pendant que son équipe écoulait une pénalité, Martin St-Louis a sorti la main gauche pour intercepter un tir de la pointe décoché par Jake Muzzin. La même chose est arrivée. Au lieu de stopper le tir, St-Louis a fait dévier la rondelle qui est passée à la gauche de son gardien qui n’a rien vu sur le jeu.
Jamais deux sans trois! Filant en compagnie de Trevor Lewis dans une descente à deux contre Ryan McDonagh qui était seul défenseur de son camp, Mike Richards a tenté d’effectuer une passe sur sa droite. La rondelle a touché McDonagh avant de revenir sur la lame du bâton de Richards qui a facilement déjoué Lundqvist qui s’était compromis sur sa gauche.
Victime de trois buts sur 15 tirs seulement, Lundqvist ne pouvait être blâmé sur aucun des trois buts. Cela dit, pendant que Jonathan Quick multipliait les gros arrêts à l’autre bout de la patinoire, le gardien des Rangers n’arrivait pas à l’imiter devant la cage des BlueShirts.
« J’étais en bonne position sur ce jeu. La rondelle m’a frappé. C’est à l’image du match de ce soir. Les bonds ont été favorables à une seule équipe et ce n’était pas la nôtre. On ne doit pas se laisser abattre par ça. On ne doit pas se décourager », a mentionné McDonagh qui assure que lui et ses coéquipiers devront continuer à tenter de bloquer des tirs même si ces tentatives ont aidé la cause des Kings sur leurs deux premiers buts. « Dan est un des meilleurs de la LNH pour bloquer des tirs. Marty a fait ce qu’on doit faire pour aider la cause de l’équipe. On ne doit pas mettre de côté cet aspect important du jeu seulement parce que ces deux rondelles se sont retrouvées dans notre but. »
Maintenant en arrière 0-3, les Rangers devront faire ce qu’une seule des 26 équipes qui se sont retrouvées dans cette situation précaire a fait dans l’histoire de la LNH alors que les Maple Leafs de Toronto, en 1942, ont comblé un tel recul pour voler la coupe Stanley des mains des Red Wings de Detroit. Un défi colossal si l’on considère qu’en plus de former un excellent club de hockey, tout semble sourire aux Kings ce printemps.
« Cette série n’est pas finie, a rapidement tranché Ryan McDonagh. Ce ne sera certainement pas facile, mais nous devons croire en nos chances. Nous devons croire que ça va arriver. Ce vestiaire est rempli de joueurs fiers. Nous avons surmonté bien des ennuis au cours de la saison. Ce n’est pas fini », a défilé le jeune défenseur des Rangers.»
Vingt balayages
On relève 20 balayages en grande finale depuis que la LNH a adopté la formule quatre de sept en finale de la coupe Stanley en 1939.
Le dernier en lice en a été réalisé en 1998 alors que les Red Wings de Detroit de Scotty Bowman avaient balayé les Capitals de Washington dirigés alors par Ron Wilson. Detroit avait aussi balayé les Flyers de Philadelphie l’année précédente imitant l’Avalanche du Colorado contre les Panthers de la Floride (1996) et les Devils du New Jersey aux dépens des Red Wings en 1995.
Les Kings pourront compléter un 21e balayage mercredi soir alors que les deux équipes se retrouveront au Madison Square Garden. Si les Rangers évitent l’affront d’un balayage, les Kings pourront se reprendre devant leurs partisans dès vendredi à Los Angeles. Et si la série devait se prolonger davantage – ce qui me surprendrait énormément – les sixième et septième parties seraient disputées lundi prochain à New York et le mercredi suivant au Staple Center.