Que manque-t-il aux Sharks pour se relancer?
LNH jeudi, 1 juil. 2021. 07:40 vendredi, 15 nov. 2024. 13:55Au cours du prochain mois, le RDS.ca vous propose un tour d’horizon des 30 formations de la LNH qui auront l’obligation de soumettre une liste de protection en vue du repêchage d’expansion du Kraken de Seattle du 21 juillet prochain et des décisions qui attendent les directeurs généraux.
Aide-mémoire : les règlements du repêchage d'expansion
C’est un phénomène plutôt rare dans la LNH de nos jours qu’une équipe s’enlise au classement pendant deux saisons consécutives sans qu’un quelconque processus de reconstruction et un virage jeunesse ne soient nécessairement enclenchés, voire même dans les plans. C’est pourtant ce à quoi sont confrontés les Sharks de San Jose, qui constituaient à nouveau en 2020-2021 une formation médiocre dans l’Ouest.
Mis à part quelques soubresauts de son club ici et là, surtout tôt dans l’année, force est d’admettre que Doug Wilson n’a pas été en mesure d’assembler un groupe de joueurs compétitif, surtout en défense, alors que les Sharks ont alloué beaucoup trop de buts (199 en 56 matchs, soit 20 de plus que leur plus proche poursuivant dans la division). Le plus étrange dans cette histoire est que les performances décevantes des Sharks depuis deux saisons ne semblent pas être attribuables à un manque de talent.
À tout le moins, le DG peut se consoler en se rappelant que s’il identifie des cibles intéressantes sur le marché d’autonomie susceptibles de ramener son effectif à un niveau respectable, il aura à tout le moins une marge de manœuvre intéressante par rapport au plafond salarial pour se prêter à l’exercice.
COMMENT S’ANNONCE L’AVENIR DES SHARKS?
D’accord, il faut éviter de vivre dans le passé, mais on peut difficilement faire autrement que de souligner l’importante contribution de Josh Norris, pièce maîtresse de l’échange impliquant Erik Karlsson en septembre 2018, à sa première saison avec les Sénateurs d’Ottawa. Le centre américain a instantanément créé une chimie avec Brady Tkachuk et joué avec l’assurance d’un vétéran joueur de centre dès le jour 1.
Rien pour aider à rehausser le moral des partisans des Sharks en vue de l’avenir, considérant que l’équipe qu’ils chérissent se retrouve dans le dernier tiers des 31 équipes en ce qui a trait à la qualité de leur bassin d’espoirs. Aucun des jeunes joueurs appartenant à l’organisation, pas même son meilleur espoir Ryan Merkley, n’est une valeur sûre, ou ce qu’on appelle dans le jargon de la finance un blue chipper. Bref, aucune aide immédiate n’est nécessairement attendue de la part d’un jeune joueur des Sharks, et si la direction choisit d’offrir à Merkley sa première audition à la ligne bleue du grand club, elle devra être prête à vivre avec ses carences défensives, aussi doué soit-il pour créer des choses à l’intérieur de la ligne bleue ennemie.
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Au chapitre des attaquants, Thomas Bordeleau, fils de l’ancien de la LNH Sébastien, a fait écarquiller des yeux avec sa récolte supérieure à un point par match à saison freshman dans l’uniforme des Wolverines de l’Université du Michigan. Typiquement, les joueurs américains évoluant dans les rangs collégiaux évoluent deux saisons, sinon trois, dans la NCAA avant de faire le saut chez les professionnels.
QUELQUES CHOIX ÉVIDENTS À L’ATTAQUE
Le noyau offensif des Sharks n’est pas le plus compliqué à cerner, et considérant que c’est dans cet aspect du jeu qu’ils possèdent le plus grand nombre d’options intéressantes, on peut immédiatement identifier sept joueurs d’avant que Doug Wilson pourrait être tenté de protéger du Kraken en juillet prochain.
Au rayon des cas « réglés d’avance », on retrouve celui du capitaine Logan Couture, et ceux de Tomas Hertl, Evander Kane, Timo Meier et Kevin Labanc. Sans grande surprise, car ce sont là les cinq joueurs d’avant des Sharks qui obtiennent le plus de temps de jeu à égalité numérique, ainsi que sur l’attaque massive. Dans le cas de Labanc, il était jadis une aubaine lorsqu’il avait accepté de signer un contrat d’un an et 1 M$ à l’été 2019, mais il est depuis passé à la caisse – pardonnez-nous le jeu de mots facile – en se voyant octroyer un pacte de quatre saisons et 18,9 M$ auquel il reste trois autres années.
Au-delà de ce bloc de cinq attaquants, il n’y a plus de certitudes. D’une part, le vénérable Patrick Marleau et Marcus Sorensen se dirigent vraisemblablement vers l’autonomie complète. Joueur autonome avec restrictions à la fin de la présente campagne, Ryan Donato a quant à lui connu de bons moments et de moins bons dans la cinquantaine de matchs qu’il a disputés à San Jose depuis qu’il s’est amené du Wild du Minnesota. Bien qu’il pratique un style différent, Dylan Gambrell est un peu dans le même bateau que Donato, tout comme Rudolf Balcers, rapatrié d’Ottawa, près de trois ans après l’échange Karlsson. Gambrell et Balcers sont eux aussi admissibles à l’autonomie avec compensation.
Les Sharks savent ce qu'ils ont entre les mains avec Donato, Gambrell et Balcers, mais l'épatante saison de Jonathan Dahlen du côté de la Suède doit avoir éveillé une fois de plus leur curiosité puisque Wilson a décidé de lui octroyer une nouvelle entente. Pour une deuxième année de suite, Dahlen, ancien choix de deuxième ronde des Sens, a complètement dominé l'Allsvenskan avec une production d'un point et demi par rencontre. Il a été avec le club de Timra le joueur par excellence de la saison régulière ET des séries éliminatoires. À 23 ans, les Sharks estiment possiblement que Dahlen mérite une nouvelle chance de faire sa place dans la hiérarchie des attaquants. Le Suédois en est déjà à sa troisième organisation dans la LNH, ayant également fait un séjour dans celle des Canucks de Vancouver.
Par ailleurs, le nouveau contrat de deux ans offert à l'ailier Matt Nieto le 21 juin dernier tend à montrer que ce dernier se retrouvera sur la liste de protection des Sharks, bien qu'il est aussi possible Wilson ait posé ce geste uniquement pour permettre aux Sharks de satisfaire le critère du repêchage d'expansion en ce qui a trait au nombre d'attaquants disponibles pour Seattle. Natif de la région de San Jose, Nieto, qui empochera un modeste salaire de 850 000 $, est un patineur fluide dont la contribution se fait principalement ressentir au sein de l'unité d'infériorité numérique.
LA CHUTE DU « BIG THREE » EN DÉFENSE
Il aurait fallu être pessimiste et pas à peu près pour affirmer lors de l’arrivée d’EK65 avec les Sharks que le nouveau « Big Three » de l’équipe, formé de Brent Burns, Karlsson et Marc-Édouard Vlasic, allait avoir piqué du nez de manière aussi drastique trois ans plus tard. L’unité défensive n’est plus l’ombre de ce qu’elle était, et c’est Martin Jones et Devan Dubnyk (avant son départ pour le Colorado) qui en ont souffert ces derniers mois.
Il faut bien sûr relativiser la régression dans le jeu de Burns, puisqu’après tout ce n’est rien d’anormal pour un arrière de 35 ans d’avoir vu sa production chuter de 80 à environ 50 points par saison. Les 32 M$ sur quatre ans qu’il reste à son contrat pourraient toutefois peser lourd si la courbe vers le bas se poursuit. Le Kraken aimerait-il lancer sa franchise en misant sur les habiletés et l’expérience de Burns, quitte à délier les cordons de la bourse, sachant qu’il a une certaine masse salariale minimale à atteindre dès la première année? La question mérite d’être posée, mais elle doit être précédée de celles-ci : les Sharks, eux, sont-ils prêts pour l’après-Burns et ce que cela peut signifier, et le retour en vaudrait-il le coup pour une équipe qui se voit rebondir dès la saison 2021-2022?
Il faudra voir dans le cas de Vlasic si les Sharks auront de la difficulté à convaincre le Québécois de lever sa clause de non-mouvement – lui qui empochera 7M $ jusqu’en 2025-2026, soit pour encore six autres saisons – à défaut de quoi son nom devra faire partie de la liste de protection. Disons les choses sans détour : le salaire consenti à Vlasic est devenu depuis deux ans l'un des boulets les plus lourds à porter, toutes équipes de la LNH confondues.
Ce serait bien sûr une option drastique envers un joueur qui s’est toujours dévoué corps et âme pour l’organisation californienne, mais les mots « rachat de contrat » doivent certainement avoir circulé au sein de l’état-major des Sharks. Autrement, s’il veut convaincre Ron Francis d’ajouter Vlasic à sa formation, Wilson devra sûrement en payer le prix en hauts choix au repêchage et en espoirs de qualité. Et si, pour une autre raison ou une autre, Vlasic devait lever sa clause de non-échange, c'est probablement Radim Simek qui prendrait sa place comme troisième défenseur protégé.
Sans faire trop de bruit, Mario Ferraro s'est quant à lui bâti une solide réputation durant ses deux saisons chez les pros. Membre de la formation canadienne médaillée d'or au Championnat du monde de hockey en Lettonie il y a un mois, Ferraro a disputé les 56 matchs de son club cette saison. Étant donné ses deux années d'expérience, il sera exempté du repêchage d'expansion.
Finalement, à moins d’un revirement de situation majeur, Martin Jones sera le gardien no 1 des Sharks à nouveau à l’automne prochain. Quant à lui, Josef Korenar sera logiquement mis à la disponibilité du Kraken, lui qui sera joueur autonome avec compensation après la saison. Rappelons toutefois que San Jose devra s’assurer de déposer une offre qualificative au gardien tchèque pour qu’il réponde aux critères établis.
Prédictions du RDS.ca
Attaquants (7)
Logan Couture
Tomas Hertl
Evander Kane
Timo Meier
Kevin Labanc
Matt Nieto
Jonathan Dahlen
Défenseurs (3)
Brent Burns
Erik Karlsson (Clause de non-mouvement)
Marc-Édouard Vlasic (Clause de non-mouvement)
Gardien (1)
Martin Jones
Principaux éléments non-protégés
Radim Simek (D)
Nicolas Meloche (D)
Jacob Middleton (D)
Dylan Gambrell (A)
Ryan Donato (A)
Jeffrey Viel (A)
Josef Korenar (G)
Le portrait des équipes de la LNH