Pierre-Luc Dubois repêché aussi haut qu'au 3e rang , Julien Gauthier 21e
Repêchage LNH vendredi, 24 juin 2016. 18:25 samedi, 25 juin 2016. 00:57BUFFALO – La progression fulgurante de Pierre-Luc Dubois s’est poursuivie et le crémage sur le gâteau a été étalé quand les Blue Jackets de Columbus ont causé la première grosse surprise de la soirée en le sélectionnant au troisième rang devant Jesse Puljujarvi.
Même s’il célébrait son 18e anniversaire, Dubois n’avait pas prévu obtenir un cadeau comme celui-ci.
« Je suis à court de mots … j’avoue que j’ai été un peu surpris, mais c’est certainement le plus bel anniversaire de ma vie. Je suis vraiment heureux », a confié Dubois quelques minutes après avoir enfilé le chandail de sa nouvelle organisation.
Même sa mère n’y croyait pas quand il a été informé que les Blue Jackets – qui sont dirigés par un directeur général finlandais – allaient prononcer son nom.
« On l’a su environ deux minutes en avance. Ma mère (une Américaine) ne suit pas trop le hockey alors elle savait juste ce que le monde disait à propos de Matthews et des deux Finlandais. Elle ne me croyait pas quand je lui ai chuchoté l’information », a raconté Dubois avec le sourire.
« Quant à mon père, je pense qu’il est plus content que moi présentement. C’est le père le plus heureux sur la terre. Ils ont tellement fait de sacrifices pour moi. Je pense aussi beaucoup à ma blonde et à ma sœur que je vois rarement. Il y avait aussi mon meilleur ami qui était avec nous », a poursuivi Dubois avec appréciation.
Il faut dire que les trois joueurs qui devaient composer le top-3 semblaient couler dans le béton depuis des mois en Auston Matthews, Patrik Laine et Puljujarvi.
Dubois n’avait cependant pas dit son dernier mot et il s’était assuré de passer le message sur la patinoire et dans ses nombreuses rencontres avec les équipes de la LNH.
« On parlait beaucoup de Matthews et des deux Finlandais, mais je travaille fort et je l’ai montré durant la saison en montant dans le classement. À l’avenir, on ne parlera pas seulement d’eux », a mentionné Dubois avec modestie et respect.
« Je le disais à toutes les équipes, j’ai gagné autour de 40 livres depuis deux ans, je n’ai pas fini de m’améliorer. Mon potentiel se situe encore très haut. Je pense que je me suis développé un peu sur le tard, mais les équipes repêchent les joueurs ce qu’ils deviendront et leur rendement actuel », a détaillé Dubois qui se voit jouer au centre dans la LNH.
Dubois est donc devenu le premier des deux Québécois à être repêché en première ronde alors que Julien Gauthier a été sélectionné par les Hurricanes de la Caroline au 21e échelon. Le produit des Screaming Eagles du Cap-Breton rayonnait, avec raison, de bonheur.
Après tout, il constitue seulement le septième Québécois à être repêché dans le top-5 depuis 20 ans. Il se joint ainsi aux Jonathan Drouin (3e en 2013), Jonathan Huberdeau (3e en 2011), Marc-André Fleury (1er en 2003), Vincent Lecavalier (1er en 1998), Roberto Luongo (4e en 1997) et Jean-Pierre Dumont (3e en 1996).
« Oui, c’est quelque chose de gros (être choisi dans le top-3), mais quand je vais revenir à Montréal, je vais recommencer à m’entraîner. Le repêchage, c’est gros et ça arrive une fois dans ta vie. Je suis probablement le gars le plus heureux, mais je veux faire l’équipe l’an prochain », a tenu à préciser Dubois qui croit en ses chances.
Dubois a cru à Montréal l’instant d’une seconde
Même si les espoirs au repêchage essaient de s’éloigner de toutes les rumeurs qui font surface, ils finissent toujours par apprendre l’existence de celles-ci.
Dans ce sens, quand une transaction impliquant le Canadien a été annoncée à l’audience, Dubois a cru, brièvement, que le geste visait à le repêcher.
« Tu essaies de ne pas prêter attention à ça, mais c’est plutôt impossible puisque tout le monde t’en parle. Quand j’ai entendu l’échange de Montréal, je me disais que peut-être quelque chose comme ça arrivait », a mentionné Dubois avec franchise.
Dubois est devenu un joueur si attrayant parce qu’il a amassé 99 points (42-57) à sa deuxième saison dans la LHJMQ. Il a rehaussé son jeu d’un cran après avoir été retranché d’Équipe Canada Junior ce qui a incité la Centrale de recrutement de la LNH à l’identifier comme le meilleur espoir nord-américain.
Marc-André Dumont, son entraîneur avec les Screaming Eagles, ne pouvait pas cacher son admiration envers son protégé.
« Je ne suis pas surpris parce que tu ne peux pas l’être avec tout ce qu’il a accompli depuis deux ans », a raconté Dumont croisé sur les lieux du repêchage.
« C’est impressionnant qu’il soit repêché dans le top-3, ça n’arrive pas souvent. Mais c’est entièrement mérité et ce n’est pas seulement une question de talent dans son cas, c’est plus que ça. Quand tu es repêché à ce rang, c’est que tu as un profil unique », a vanté Dumont en rappelant la sélection de Marc-André Fleury (un ancien du Cap-Breton) au tout premier rang en 2003.
Dubois ne s’est pas fait prier pour remercier l’organisation qui lui a permis de se développer comme un joueur de cette stature.
« Ce n’est pas tout le monde qui veut aller jouer là-bas. Je me suis familiarisé avec une autre position (celle de centre) ce qui m’a grandement aidé pour le repêchage. Je dois beaucoup à mes entraîneurs et mes coéquipiers », a déclaré le gaucher de six pieds deux pouces et 205 livres.
Dumont a pris le temps de souligner le travail du dépisteur des Blue Jackets, Stéphane Leblanc, qui a joué un rôle dans cette sélection hâtive.
« Il faut lui donner du crédit, il est souvent venu voir nos matchs. Je n’ai aucun doute qu’il a incité les Jackets à se concentrer sur le jeu de Pierre-Luc. »
Leblanc, qui œuvre à temps partiel pour les Jackets depuis deux ans, ne s’était pas trompé à sa première impression sur Dubois.
« Dès le début, on l’avait identifié comme un candidat prioritaire. Chaque fois qu’on le voyait, il offrait quelque chose d’intéressant que ce soit offensivement, défensivement ou physiquement. C’est un athlète très complet », a-t-il raconté au RDS.ca.
« J’ai poussé pour lui, mais je n’ai pas eu à travailler fort pour convaincre mes collègues », a ajouté Leblanc avec justesse.
Ce professeur d’éducation physique à Shediac peut tout de même se réjouir d’avoir participé à ce choix.
« Quand nos recommandations tournent de notre côté, on se réjouit et on est content. Quand ce n’est pas le cas, on se dit que ce sera pour la prochaine fois », a décrit Leblanc qui avait les yeux brillants en parlant de Dubois.
« C’est un athlète exceptionnel avec un niveau de passion plus haut que la moyenne et encore davantage. Il est motivé par le fait de vouloir devenir le meilleur joueur qu’il peut », a conclu Dumont qui pourrait devoir se priver de ses services la saison prochaine.
Gauthier voit une ouverture chez les Hurricanes
Les Hurricanes de la Caroline n’ont pas raté l’occasion de repêcher un joueur aux attributs rares comme ceux de Gauthier. Avec leur deuxième sélection de la première ronde, ils ont jeté leur dévolu sur le marqueur de six pieds trois pouces et 231 livres.
Franc, Gauthier a admis qu’il avait hâte de monter sur la scène.
« C’était tout le temps stressant, tu ne sais pas où tu vas te retrouver. Même si tu as les meilleurs trucs au monde pour ne pas stresser, ça ne fonctionne pas ! Le cerveau commence par tourner et je suis vraiment content que ce soit arrivé », a confié le sympathique colosse.
Avec raison, Gauthier perçoit une belle occasion avec les Hurricanes qui n’est pas l’équipe la plus garnie en attaque.
« C’est certain, ils n’ont pas beaucoup d’attaquants dans leur organisation », a soulevé Gauthier.
Les émotions étaient palpables chez sa famille quand son nom a été prononcé.
« J’avais presque le goût de pleurer avec eux », a-t-il avoué.
On sent aisément que Gauthier se soucie des autres et de sa carrière.
« J’avais reçu des centaines de messages, tu ne veux pas décevoir les gens », a révélé Gauthier.
Dans la même veine, le Québécois a saisi la chance de reconnaître le travail accompli par les Foreurs de Val-d’Or dans son développement.
« Il y a encore beaucoup de préjugés sur Val-d’Or, mais il faut éliminer ça. On avait une équipe gagnante et je suis devenu un gagnant grâce à ça. »
En riant, Gauthier a quand même reconnu que le soleil de la Caroline du Nord sera certainement plus chaud que celui de l’Abitibi.