Revoici St-Louis en grande finale
LNH mardi, 3 juin 2014. 21:32 jeudi, 12 déc. 2024. 00:02LOS ANGELES - Cela faisait un bon 45 minutes que Martin St-Louis répondait aux questions reliées au décès de sa mère, à son aventure en séries, aux succès qu’il a multipliés depuis qu’il s’est joint aux Blueshirts lorsque j’ai pu lui poser la question qui me brûlait les lèvres : au-delà la fierté de se retrouver en finale et de partager cet exploit avec sa mère qui « aurait certainement un large sourire accroché au visage » si elle était à ses côtés, qu’est-ce que cette deuxième présence en carrière, en grande finale de la coupe Stanley, représente pour Martin St-Louis?
L’œil toujours aussi vif, St-Louis s’est retourné vers moi. Habituellement incisif dans ses réponses, le Québécois a mis plusieurs secondes avant d’offrir une réponse. Faisant tourner entre ses doigts les poils de plus en plus longs et de plus en plus gris de sa barbe des séries, St-Louis a finalement lancé un mot, un seul, en guise de réponse : « Longévité! »
St-Louis a répété plusieurs fois ce mot avant d’étayer sa pensée.
« En 2004 – sa première présence en finale de la coupe Stanley qu’il a finalement soulevée avec ses coéquipiers du Lightning de Tampa Bay – cette aventure complétait mon ascension dans la LNH », a d’abord indiqué le Lavallois. Jamais repêché, toujours regardé de haut, St-Louis se retrouvait au sommet de la LNH après avoir trimé dur et combattu l’un après l’autre, tous les préjugés qui le séparaient de la grande ligue, de son rêve de se rendre aux grands honneurs.
« Dix ans plus tard, le fait d’être à nouveau ici me permet de réaliser que ce ne fut pas un coup de chance. Que malgré toutes ces années, je suis à nouveau en finale. Je pense à toutes ces années et je n’ai pas d’autre mot que longévité pour exprimer ce que je ressens », a répondu St-Louis en pesant chaque mot.
Martin St-Louis aura 39 ans le 18 juin prochain. Si la finale opposant les Rangers aux Kings de Los Angeles se rend à la limite, la dernière partie sera disputée le jour de son anniversaire. Même s’il affiche une fougue et une passion qui sont loin de témoigner de son âge, St-Louis reconnaît que les mèches blanches qui se sont multipliées au cours des derniers mois dans ses cheveux et sa barbe offrent un reflet plus fidèle de son expérience. Une expérience que le prolifique attaquant s’assure de partager avec ses coéquipiers depuis le début des séries. Une expérience qu’il partage davantage à l’aube de la grande finale.
« J’ai la chance d’avoir été là. Et c’est vraiment une chance. C’est ça que j’explique aux gars depuis le début des séries. Ils vont peut-être un jour se retrouver au sein d’une équipe qui sera bien meilleure que notre club actuel. Mais ça ne leur garantira pas une présence en finale en de la coupe Stanley. Encore moins une victoire. La chimie sur la glace, les détails apportés dans la préparation, les liens qui unissent les gars hors de la patinoire sont des facteurs aussi importants que le talent quand vient le temps d’expliquer pourquoi une équipe s’est rendue à la coupe et qu’une autre s’est fait battre. Il faut que les gars réalisent qu’on est chanceux d’être ici. Qu’on n’a pas volé notre place, mais qu’on est chanceux et qu’on doit profiter de cette chance pour tout donner, car on ne sait jamais combien de temps il faudra attendre avant d’avoir cette chance à nouveau. Si elle repasse », a répondu St-Louis.
Pouliot savoure chaque instant
Dans le vestiaire des Rangers, Benoit Pouliot est l’un des « jeunes » qui profitent le plus des conseils, du leadership offerts par St-Louis.
« Martin et Brad (Richards) sont nos voix et nos guides dans le vestiaire. Ils sont passés par là. Ils ont gagné la coupe. Ils savent ce que ça prend pour la gagner. C’est important de profiter de l’expérience de gars aussi solides que Martin et Brad », a convenu Benoit Pouliot qui n’a jamais été si près des grands honneurs, du précieux trophée.
« Depuis qu’on est arrivé à L.A., je réalise vraiment que nous sommes en finale de la coupe Stanley. La journée d’aujourd’hui – rencontre avec les médias – le fait que la coupe soit là-bas et que je puisse la voir pour la première fois sont autant de facteurs qui confirment qu’on est près du but, mais qu’on n’a rien atteint encore. »
Resté dans l’ombre avant, pendant et après la série que les Rangers ont gagnée en six matchs aux dépens du Canadien de Montréal, Benoit Pouliot est finalement sorti du vestiaire mardi dans le cadre de la grande journée médiatique donnant le coup d’envoi à la finale de la coupe Stanley. Coiffé d’une casquette aux couleurs des Rangers, Pouliot a esquissé un sourire un brin ou deux agacés lorsque je lui ai demandé pourquoi il était demeuré autant à l’écart au cours de la série contre son ancien club.
« Je suis resté dans l’ombre pas mal toute l’année. Ce n’était rien contre vous, c’est juste que je n’ai pas été beaucoup sollicité cette année à New York et que je suis demeuré discret », a mentionné Pouliot qui s’est hissé parmi les meilleurs attaquants des Rangers au cours de la saison. Une saison qui a permis de confirmer la vitesse, le talent et les capacités de marqueurs de cet ailier énigmatique qui semble enfin offrir son plein rendement. Pouliot a récolté 36 points (15 buts) en 80 matchs cette saison, dont 16 points (six buts) lors des 25 dernières rencontres de l’année.
Patience récompensée
Si Alain Vigneault a refusé de lever le voile sur la recette qui lui a permis d’obtenir de Pouliot des performances que ses entraîneurs-chefs au Minnesota, Montréal, Boston et Tampa Bay n’ont pas été en mesure d’obtenir, Pouliot assure que cette recette n’a rien de vraiment magique. Il assure aussi qu’il est loin d’avoir obtenu un traitement de faveur de la part de Vigneault même si ce dernier a convenu que Pouliot ne devait pas être traité avec la même fermeté que certains autres joueurs.
« Alain est capable de me parler fort. De me brasser. Il ne se gêne d’ailleurs pas quand j’écope de mauvaises pénalités », a souligné Pouliot qui s’est ensuite pris la tête à deux mains lorsque je lui ai évoqué le souvenir de sa pénalité en prolongation lors du quatrième match de la série contre le Canadien.
Mais contrairement aux entraîneurs-chefs qui n’ont pas su soutirer le meilleur de lui, Pouliot assure que Vigneault sait afficher une forme de patience à son endroit. « Je n’ai pas le droit de faire ce que je veux sur la patinoire. Mais j’ai plus de marge de manoeuvre que je n’en ai jamais eue. C’est une grosse différence. Je sais que je peux prendre une chance ici et là sans risque de me retrouver cloué au banc. C’est une grosse différence. Et parce que je sens que je profite de cette marge, je joue moins nerveusement, je ne me décourage pas à la moindre occasion et cela m’a permis d’obtenir les succès que j’ai obtenus en deuxième moitié de saison après quelques difficiles mois d’adaptation », a souligné Pouliot pour expliquer ses succès tardifs.
Nouveaux coéquipiers, nouvelle vie
Acquis par le Canadien dans la transaction qui a envoyé Guillaume Latendresse au Minnesota, Benoit Pouliot tient aussi à rendre hommage à ses compagnons de trio – Derick Brassard et Mats Zuccarello – pour expliquer des performances plus représentatives de sa sélection au 4e rang de la cuvée 2005, trois rangs derrière Sidney Crosby, un rang devant le gardien du Canadien Carey Price.
« Je ne pourrais pas demander mieux en fait de compagnons de trio. « Brass » est excellent dans toutes les facettes du jeu et la vitesse de « Zucs » me permet d’obtenir plus de place et de pouvoir foncer davantage au filet. J’en profite », assurait Pouliot qui semble avoir trouvé la paix et sa vitesse de croisière à sa huitième saison dans la LNH.
« Je me sens vraiment bien. J’aime cette équipe et j’aimerais rester à New York encore l’an prochain – il sera joueur autonome sans compensation le 1er juillet, mais Alain Vigneault a déjà indiqué qu’il souhaitait le garder au sein de son équipe – et je suis nouveau papa – d’une petite fille – depuis quelques mois. Ça faisait quelques années que ma copine et moi étions prêts à avoir un enfant. Ça change une vie. Ça replace les valeurs », a conclu Pouliot qui occupe le 10e rang des marqueurs des Rangers depuis le début des séries avec ses trois buts et huit points, mais le premier chez les attaquants avec un différentiel de plus-6.