Upshall : après l’effroi, un vent de soulagement
LNH mercredi, 4 mai 2016. 15:13 jeudi, 12 déc. 2024. 15:48ST.LOUIS - Scottie Upshall est bien heureux que le vent ait tourné en faveur des Blues dans la série qui les oppose aux Stars de Dallas. Une série que les Blues mènent 2-1 et qui se poursuivra jeudi au Scottrade Center à St Louis.
Originaire de Fort McMurray, Upshall est plus heureux encore que le vent ait tourné dans le nord de l’Alberta afin de sauver ce qui reste à être sauvé de sa ville natale qui a été partiellement rasée par de violents feux de forêt au cours des dernières heures.
« Les images que je vois depuis hier sont terrifiantes. On se croirait dans un film. Un film que j’aurais préféré ne jamais voir. Je regardais des photos de l’autoroute qui traverse la ville. Une autoroute que j’ai parcourue je ne sais combien de fois et qui était ceinturée par des flammes s’élevant à une centaine de pieds dans les airs. C’est renversant de voir les images du centre-ville et de penser à tous ces restaurants où j’ai déjà mangé. Des restaurants qui n’existent plus aujourd’hui », a raconté le vétéran qui est né à Fort McMurray en octobre 1983, qui y a grandi, y a appris à patiner, à jouer au hockey et qui y retourne religieusement chaque saison morte.
En plus d’un frère, de sa fiancée et de leurs enfants, Scotty Upshall compte une quinzaine de membres de sa famille immédiate à Fort McMurray. Des amis par centaines.
Une ville forte, des gens fiers
«La seule consolation est que tout le monde s’en est tiré indemne. Les dégâts matériels sont incalculables. Des parties entières de la ville ont disparu, mais les gens sont sains et saufs. C’est tout ce qui compte. Fort McMurray est une ville fantastique. Cette ville a survécu à des tas d’épreuves, à des années difficiles. Elle va s’en remettre une fois encore», assurait le vétéran ailier droit.
Mais ce ne sera pas facile.
« Vous n’avez pas idée à quel point l’entraide est grande à Fort McMurray. On parle de 80 000 personnes évacuées. Ce n’est certainement pas évident pour ces personnes de se retrouver dans une autre maison. De se réveiller dans un autre lit. Mais les offres sont là. Les gens sont accueillis à bras ouverts par ceux qui peuvent les accueillir. »
C’est en sautant du lit après sa sieste d’avant-match mardi que Scotty Upshall a appris la mauvaise nouvelle. Une nouvelle qui allait de mal en pis à chaque fois qu’on parlait de l’incendie qui ravageait sa ville. Malgré tout, il a décidé d’endosser l’uniforme et d’affronter les Stars.
« Le hockey a une valeur thérapeutique, vous savez. Il offre une sortie d’urgence invitante. Le fait de compétionner, de se retrouver au sein d’une équipe, d’être entouré de coéquipiers qui savent ce que tu vis et qui t’épaulent est une grande source de réconfort. En arrivant ici hier (mardi) je savais que mes proches étaient en sécurité. J’ai reçu un tas de messages textes qui m’invitaient à jouer pour la ville. C’est devenu une source de motivation », a expliqué Upshall.
L’attaquant des Blues est l’un des nombreux joueurs de la LNH à avoir des liens directs, ou indirects, avec Fort McMurray. Son jeune coéquipier défenseur Colton Parayko, un géant natif de St-Albert en banlieue nord d’Edmonton a défendu les couleurs de Fort McMurray – située à quatre heures de route au nord de la capitale albertaine – pendant deux saisons entre 2010 et 2012.
Son bon ami Chris Phillips, vétéran défenseur des Sénateurs d’Ottawa, a aussi grandi et joué à Fort McMurray. « Je lui ai parlé ce matin. Sa mère, sa sœur et les membres de sa famille proche sont tous en sécurité. Il est aussi bouleversé que moi, mais on se console en se disant qu’on a évité le pire puisque personne n’a été blessé. On organisait conjointement un tournoi de golf pendant plus de dix ans pour venir en aide aux enfants de notre ville. Je ne sais pas ce que nous ferons, mais nous ferons certainement quelque chose cet été encore. Je crois aussi que l’Association des joueurs (NHLPA) fera quelque chose pour aider Fort McMurray également », a expliqué Upshall.
Hitchcock touché également
L’entraîneur-chef des Blues Ken Hitchcock assurait compter une centaine de complices et anciens adversaires croisés dans le monde du hockey au fil de sa carrière qui sont aujourd’hui installés à Fort McMurray.
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« Cette ville comptait 10 000 habitants il n’y a pas longtemps. L’exploitation du pétrole a fait bondir la population à plus de 120 000 au fil des dernières années. Une fois sortis du hockey, les gens montaient là-bas pour y trouver un bon emploi. Pour y trouver une bonne et belle vie. Cet incendie remet les choses en perspective. Il démontre qu’il y a des choses bien plus importantes que le hockey. J’échange des textos et des messages téléphoniques avec un tas d’amis afin de les savoir en sécurité. C’est vraiment renversant de voir ce qui arrive là-bas. »
À titre d’entraîneur-chef, Ken Hitchcock s’est assuré d’avoir une conversation avec Scotty Upshall avant de lui donner le feu vert mardi. «Tu veux parler avec le gars. Tu veux comprendre ce qui lui arrive. Tu veux savoir où il est dans sa tête. Tu veux t’assurer qu’il est rassuré. Car s’il est rongé d’inquiétude, il n’y a aucune raison de l’habiller. Mais en parlant avec Scotty hier (mardi) j’ai vite compris qu’il était serein. Et comme les nouvelles sont bonnes aujourd’hui en ce sens que le vent a tourné, que la température a baissé un peu et que toutes les personnes que nous connaissons sont saines et sauves, que tout le monde est sain et sauf en fait, on peut reprendre le travail tout en gardant un œil sur les développements là-bas», a conclu l’entraîneur-chef des Blues.
Choix de première ronde des Predators (6e sélection) en 2002, Scotty Upshall a joué à Nashville, Philadelphie, Phoenix, Columbus et en Floride avec les Panthers avant de joindre les rangs des Blues l’automne dernier à titre de joueur autonome. En 70 rencontres cette saison, il a marqué six buts et récolté 14 points. Après 10 rencontres de séries ce printemps, Upshall revendique un but et une passe.