Shea Weber se laisse gagner par l'émotion
Shea Weber a souvent paru stoïque devant les caméras, sur le banc et sur la patinoire. Mais quand il parle de l'honneur qui l'attend alors qu'il sera immortalisé au Temple de la renommée du hockey lundi, le gentil géant est souriant et parfois même émotif.
« Quand on m'a appelé pour m'annoncer la nouvelle, je n'y croyais pas. Je ne savais même pas que j'étais admissible, a raconté Weber vendredi, après avoir reçu une bague commémorant son intronisation. Maintenant, d'être ici, de voir ma plaque avec celles de légendes qui ont joué avant moi... wow! C'est une sensation spéciale. »
L'ancien capitaine du Canadien de Montréal et des Predators de Nashville sera officiellement intronisé lundi, en compagnie de Jeremy Roenick et Pavel Datsyuk, des hockeyeuses américaines Natalie Darwitz et Krissy Wendell ainsi que David Poile et Colin Campbell dans la section des bâtisseurs.
Tour à tour, les sept nouveaux membres ont raconté le moment où ils ont reçu l'appel du comité de sélection du Temple de la renommée du hockey le 24 juin dernier. La plupart ont d'abord rejeté l'appel avec l'indicatif régional en provenance de Toronto.
Après avoir enfin appris la nouvelle lors d'un appel de Lanny McDonald et Mike Gartner, Weber a raconté s'être laissé tomber sur les genoux, les mains sur la tête. Il était sur le neuvième vert d'un parcours de golf et n'a pas joué le 10e trou, appelant plutôt ses proches pour partager la bonne nouvelle.
« Je n'arrivais pas à parler à mon père tellement je pleurais, a raconté Weber. À l'autre bout, il se demandait ce qui se passait avec moi. J'essayais de lui dire que j'étais admis au Temple de la renommée, mais je n'arrivais pas à parler. »
« Quand j'ai fini par lui dire, il était mort de rire! », a-t-il ajouté.
Weber a reconnu qu'il sera spécial pour lui de vivre ce week-end à Toronto en famille. Il a de nouveau perdu la parole quand il a eu une pensée pour sa mère, décédée en 2010 en raison d'un cancer du cerveau.
« Je sais qu'elle me regarde d'en haut. C'est un peu étrange, mais je sais qu'elle serait très fière. Je ne peux pas rien dire de plus sans perdre le contrôle de mes émotions», a-t-il dit en ayant de la difficulté à terminer sa phrase. »
Weber a aussi admis qu'il aura probablement de la difficulté à contenir ses émotions le 16 novembre, quand il sera ajouté à l'Anneau d'honneur du Canadien avant son match face aux Blue Jackets de Columbus.
Le Britanno-Colombien âgé de 39 ans mettra alors les pieds sur la patinoire du Centre Bell pour une première fois depuis le quatrième match de la finale de la Coupe Stanley contre le Lightning en 2021. Le Canadien a rendu les armes lors de la partie suivante à Tampa Bay.
Lors du point de presse virtuel après ce match ultime, Weber et Carey Price ont pris la parole ensemble. Les deux n'étaient jamais passés aussi près de gagner la coupe Stanley, et bien que Price ait disputé cinq parties en fin de saison l'année suivante, les deux étaient au bout du rouleau, le visage long.
« C'est pour ça que ça faisait si mal, parce que je me doutais que c'était la fin, a reconnu Weber. Pour les jeunes comme (Nick) Suzuki et (Cole) Caufield, ce n'était pas pareil. Ils ont atteint la finale si tôt dans leur carrière. »
« C'était mon message pour eux, de leur rappeler que ce n'est pas facile de se rendre ici. J'ai disputé 16 saisons et je n'y ai participé qu'une fois. Vous ne savez jamais si vous allez y retourner. Et moi, sachant que ce serait probablement la fin, ç'a rendu le résultat final encore plus difficile à accepter. »
Durant la saison 2021, Weber avait de la difficulté à se lever le matin. Il a encore aujourd'hui des ennuis à descendre des escaliers et à se déplacer de manière latérale.
Tout a particulièrement déboulé après une fracture à un pied subie lors du premier match de la saison 2017-18 après avoir bloqué un tir de Jack Eichel, à l'époque avec les Sabres de Buffalo.
« L'examen aux rayons X à l'aréna n'a rien révélé. Probablement que nous aurions dû en effectuer un autre un peu plus tôt. Mais dès que c'était juste une question d'endurer la douleur, je voyais ça un peu comme un défi », a reconnu Weber.
Et au-delà de ses 224 buts, ce qui est bon pour le 15e rang de l'histoire de la LNH parmi les défenseurs, c'est peut-être plutôt de la mentalité de Weber dont on se souviendra.
« J'ai joué chaque match comme si c'était mon dernier. J'ai tout donné et je suis fier d'avoir tout laissé sur la glace », a dit Weber.
Tout ce qui lui reste, c'est un peu plus d'une saison à écouler à son contrat qui l'attache présentement à l'Utah HC. Et même si Weber a reconnu que le hockey lui manque chaque jour et qu'il s'amuse à laisser entendre qu'il pourrait effectuer un retour au jeu tant qu'il aura un contrat valide, il a le coeur en paix et n'a pas de regret.
« Le hockey m'a donné tellement de choses dont je suis reconnaissant », a-t-il insisté.
Son seul pincement au coeur lui vient en rappelant que le parcours du Canadien jusqu'en finale en 2021 s'est fait devant des gradins vides ou peu garnis, en raison de la pandémie de COVID-19.
« Je peux seulement imaginer à quel point ç'aurait été fou dans l'aréna », a-t-il dit.
Il aura néanmoins l'occasion d'entendre à nouveau les partisans l'acclamer au Centre Bell le week-end prochain.
Shea Weber n'imitera pas Gordie Howe
L'ancien défenseur des Predators de Nashville et des Canadiens de Montréal fera son entrée même s'il est techniquement toujours sous contrat. N'ayant pas foulé la patinoire depuis qu'il a participé à la finale de la coupe Stanley avec les Canadiens contre le Lightning de Tampa Bay à l'été 2021 en raison des blessures, Weber a depuis vu son contrat être échangé aux Golden Knights de Vegas et aux Coyotes de l'Arizona, maintenant le Club de hockey de l'Utah.
Le pacte de 14 saisons écoulera sa dernière année lors de la campagne 2025-2026. Il n'en fallait pas plus pour que l'athlète âgé de 39 ans se fasse poser la question s'il avait l'intention d'imiter Gordie Howe comme seul joueur ayant disputé un match après avoir fait son entrée au Temple. La question n'était évidemment pas sérieuse et c'est avec le sourire que l'ancien capitaine du Canadien s'est prêté au jeu.
« Le retour au jeu s'en vient », a-t-il lâché.
Il a cependant rapidement enchaîné qu'il y avait « zéro chance » qu'il effectue un retour au jeu.
Weber est aussi brièvement revenu sur ses passages, tant avec les Predators qu'avec les Canadiens, lors de sa carrière.
« C'était différent. À Nashville, j'étais évidemment plus jeune et je dirais que le marché était différent, a-t-il mentionné avec un petit rire dans la voix. C'était deux belles expériences. À Nashville, il y avait David (Poile) et Barry (Trotz) qui m'ont aidé à faire mon chemin et nous avions de nombreux vétérans. »
« Ensuite, il y a Montréal avec sa riche histoire et les nombreux joueurs qui y sont passés avant moi. Il n'y a aucun sentiment qui s'y rapproche », a-t-il enchaîné. Weber et les intronisés en 2024 pourront partager encore plus sur leur carrière lors d'un plus long discours lundi soir dans le cadre de la cérémonie d'intronisation.