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RÉSULTATS

D'entraîneur à dépisteur, pas une transition facile au début pour Réal Paiement

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MONTRÉAL – « Ce n'est pas le travail glamour que bien des gens imaginent. Je te parle de Sydney, Nova Scotia et non Tampa, Florida », a imagé Réal Paiement en riant.

Ce métier, c'est celui de recruteur. Un boulot que Paiement a dû apprivoiser après avoir travaillé pendant plus de 30 ans comme entraîneur.

« Ç'a été un peu difficile les premières années », a-t-il admis d'entrée de jeu.

Nul doute, Paiement n'a pas perdu sa franchise d'entraîneur. Mais il a eu à ajuster son œil d'entraîneur en lui ajoutant des lunettes de recruteur.

« C'est assurément un gros ajustement. Il a fallu que j'arrête de regarder la game pour regarder le joueur. J'ai eu besoin de deux ans pour que mon cerveau puisse vraiment se concentrer sur le joueur et non le match », a expliqué celui qui agit comme dépisteur amateur des Maple Leafs de Toronto depuis 2015-2016.

Si son œil avisé de tacticien et de technicien peut demeurer un atout par moments, il le rendait trop sévère pendant ses premières années.

« Dans mes premières années, je remarquais surtout la technique, la tactique et plein de petites choses. Donc je n'aimais pas un joueur! J'étais encore dans le mode entraîneur », a lancé Paiement avec une réponse savoureuse.

« Mes patrons me parlaient d'un joueur. Je disais ‘Il a été correct, mais il fait ci et ça. Et là, ils me disaient ‘Arrête, ils ont tous des bobos, tu dois voir l'ensemble de leur jeu (pour prévoir leur développement) », a poursuivi le dépisteur.

Bien entouré par ses collègues des Leafs, Paiement a été en mesure de repérer les points importants chez les espoirs et son cerveau a migré dans le monde des recruteurs. Un univers dans lequel il s'amuse.

« Oui, beaucoup. Il y a une belle amitié entre les dépisteurs amateurs. On me dit plus que du côté professionnel parce qu'on se voit plus souvent et les arénas sont petits », a décrit Paiement qui, à 65 ans, s'imagine continuer quelques années.

« Comme entraîneur, j'ai quand même négligé ma famille et mes enfants. J'aimerais être en mesure de ne pas négliger autant mes petits-enfants et les voir grandir un peu plus que mes enfants », a-t-il admis avec un souhait honorable.

S'habituer à peu de choix dans les premières rondes

Heureusement pour lui, les Leafs ont démontré de belles valeurs progressistes pour la conciliation travail-famille.

Paiement est établi à Ottawa et son mandat axé autour de la LHJMQ le fait voyager de la maison jusqu'à Terre-Neuve-et-Labrador. À l'occasion, ses patrons lui demandent d'aller observer d'autres joueurs. Il a notamment cité un séjour à Detroit pour épier Michigan et Michigan State.

Son bagage de 10 ans comme recruteur lui procure une perspective intéressante.

Encore plus, quand il repense à son premier repêchage alors que les Maple Leafs avaient sélectionné Auston Matthews. Une entrée en la matière qui n'était pas banale.  

« Ce qui m'a frappé, ce sont les débats. Ça m'a surpris qu'on n'avait pas pris notre décision trois mois avant. C'est facile à dire aujourd'hui (Patrik Laine et Pierre-Luc Dubois ont été repêchés après lui en 2016). Je savais que la préparation était importante, qu'on fouillait partout. Mais là, c'était un autre niveau », s'est rappelé Paiement.

Mais avec le succès des Leafs en saison régulière, l'organisation n'a pas disposé de plusieurs sélections dans les rondes hâtives depuis 2021. On recense seulement deux choix de première ronde en quatre ans et deux choix de deuxième ronde.

« Dans les dernières années, on nous a vraiment préparés à cette réalité. Cette année encore, on n'a pas de sélection en première ronde (elle a été transigée à Chicago). On est conscients qu'il faudra sortir un lapin de notre chapeau pour continuer d'avoir une banque de joueurs qui vont évoluer avec nous avec un salaire abordable de premier contrat professionnel », a expliqué l'homme de hockey.  

La réalité demeure que ce sont, majoritairement, les choix de première et deuxième ronde qui aident les équipes à garnir leur formation.

Il était impératif de le questionner sur la cuvée intéressante du Québec en 2025. Une cuvée, avec les Caleb Desnoyers, Justin Carbonneau et compagnie, qui fera oublier la sécheresse deux éditions précédentes en première ronde. 

Mais il ne pouvait pas trop s'en réjouir pour une raison bien simple.

« Pas vraiment, parce qu'on n'a pas de choix de 1re ronde! Les autres dépisteurs me taquinent en me disant ‘Que fais-tu ici, tu n'as pas de choix de première ronde' », a raconté Paiement qui doit toujours être prêt pour une éventuelle transaction.  

L'ancien entraîneur des Saguenéens, des Wildcats, du Titan et des Fog Devils ne cache pas qu'il aimerait voir les Leafs piger plus souvent dans la LHJMQ.

« C'est difficile parce que tu investis les heures, les kilomètres et les nuits dans les hôtels. Donc tu aimerais voir le produit de ta ligue être mieux représenté dans ton organisation. Mais mes patrons n'ont jamais eu de réticence envers les joueurs de la LHJMQ », a-t-il assuré.

Avec sa vivacité d'esprit, il ne serait sûrement pas dépassé derrière un banc. Est-ce qu'il s'ennuie de cette profession ?

« Non… Le plus difficile, quand tu es entraîneur, c'est que tu vis avec les victoires et les défaites. Tu as l'adrénaline de la victoire. Tandis que, comme recruteur, je dors bien tous les soirs! Je n'ai pas perdu de match en 10 ans. Mais je n'en ai pas gagné non plus », a conclu Paiement avec répartie.

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