Un génie qui a coûté cher au CH
Canadiens mercredi, 11 juin 2014. 09:55 dimanche, 22 déc. 2024. 17:43Mis à part le fait que le Canadien soit venu à deux matchs près d'accéder à sa première finale de la coupe Stanley en 21 ans, la plus forte déception des observateurs montréalais et des partisans de l'équipe durant les séries de 2014 a été de constater à quel point l'erreur d'offrir le jeune défenseur Ryan McDonagh sur un plateau d'argent aux Rangers de New York a été coûteuse pour l'organisation.
Les défenseurs de cette qualité ne courent pas les rues. Il faut les obtenir par la voie du repêchage tellement les organisations, qui détiennent un tel joyau, offrent un non catégorique quand on les approche dans le but de transiger. Ça ne s'échange tout simplement pas un jeune défenseur aux ressources illimitées. À l'heure du repêchage, McDonagh était considéré comme un bel espoir. Il appartient aujourd'hui à l'élite de la ligue.
La perte de McDonagh est survenue au moment où Bob Gainey a fait maison nette en 2009 en remerciant une dizaine de joueurs. Dehors Kovalev, Koivu, Tanguay. Higgins, Kostopoulos, Brisebois, Dandenault, Komisarek, Bouillon, etc. Bienvenue aux Gomez, Gionta, Cammalleri, Moen, Gill et Spacek, notamment.
L'ancien directeur général avait endormi la haute direction de l'équipe en lui expliquant que s'il n'avait pas obtenu Scott Gomez (et son contrat pesant une tonne), Gionta et Cammalleri n'auraient jamais accepté de joindre les rangs du Canadien. Un fou dans une poche. Gionta avait une proposition de trois millions de dollars sur la table au New Jersey. Gainey lui en a offert cinq. Cammalleri s'est vu offrir six millions par année pour une période de cinq ans, lui aussi. Pour Gainey, le richissime Gomez représentait celui qui allait rapidement s'imposer comme le centre numéro un de l'équipe. Il a d'ailleurs obtenu ce statut sans jamais le mériter. Il a été le premier centre de l'équipe pendant trop longtemps parce que la monnaie d'échange pour l'obtenir justifiait qu'il soit l'homme clé de l'attaque du Canadien.
Comment Gainey et son conseiller de l'époque, Pierre Gauthier, ont-ils pu imaginer que Gomez représenterait une solution quelconque aux problèmes d'une équipe qui, après une décevante récolte de 93 points, avait été éliminée en quatre matchs par les Bruins de Boston? Est-ce qu'ils avaient vu souvent McDonagh en action avant de prendre une décision qui, cinq ans plus tard, retarde toujours l'éclosion de la défense du Canadien?
Généralement, les directeurs généraux ne sont pas ceux qui vont observer les espoirs le plus souvent. Ils doivent donc s'en remettre aux connaissances de leurs hommes de hockey à l'heure des décisions importantes. Dans ce cas bien précis, il est permis de penser que le directeur du recrutement Trevor Timmins est celui qui le connaissait le mieux. On se souvient encore de la pluie d'éloges qu'il avait fait déferler sur McDonagh après en avoir fait le premier choix du Canadien en 2007. Il était même allé jusqu'à le comparer à Chris Chelios, ce qui n'était pas rien. Fidèle à l'entreprise, Timmins n'a pas exprimé publiquement ce qu'il a ressenti quand McDonagh a été sacrifié dans la transaction pour Gomez. Des gens de son entourage affirment toutefois qu'il a très mal encaissé la décision de son patron.
L'acquisition de Subban a-t-il faussé les données?
Ou Gainey n'avait pas vu jouer le jeune Américain ou son jugement comme évaluateur de talent était plutôt pauvre. Pour la petite histoire, on ne saura probablement jamais si Gainey s'est tourné vers Timmins pour lui demander son avis avant de tomber dans le panneau de Glen Sather. S'il l'a fait, il n'a sûrement pas tenu compte de son opinion.
Sather, de son côté, n'a jamais caché qu'il ne connaissait pas du tout le défenseur américain au moment de la transaction. Toutefois, ses recruteurs le connaissaient fort bien après l'avoir observé plusieurs fois. Cela l'a placé dans une position pour effectuer un échange majeur impliquant sept joueurs, dont les cinq autres ne constituaient que de la dentelle. C'était Gomez contre McDonagh, point final.
Qui sait ce qui a incité Gainey à croire qu'il pouvait se priver d'un athlète qu'on disait fort talentueux et qui sera une valeur sûre pour les 10 ou 12 prochaines années? Il ne serait même pas étonnant que le pilier de la défense des Rangers gagne le trophée Norris éventuellement.
Peut-être que le duo Gainey-Gauthier s'est cru en bonne posture après avoir repêché P.K. Subban durant la même séance de repêchage. Si on avait pensé plus loin que Subban, le Canadien serait actuellement servi par un « Big Three » qui ferait saliver la concurrence, Subban-McDonagh-Markov, en plus des Tinordi, Beaulieu et Pateryn qui arriveront bientôt.
Ce qui fait surtout mal à l'administration actuelle du Canadien, c'est de réaliser que l'équipe aurait éliminé les Rangers avec McDonagh dans ses rangs. L'ex-premier choix du Canadien a été la vedette incontestée de cette série. En plus d'avoir exercé beaucoup de leadership, il a récolté 10 points, dont deux buts. Il a dirigé pas moins de 17 tirs en six matchs sur les deux gardiens du Canadien. Imaginez la différence s'il avait porté un chandail tricolore.
L'une des transactions les plus désastreuses dans la riche histoire du Canadien a contribué à ralentir la progression du Canadien à la ligne bleue. Gomez, qui a connu des saisons respectives de 12, 7 et 2 buts à Montréal, n'a vraiment rien apporté à l'organisation. L'aspect qui fait le plus mal est de réaliser que la carrière de Gomez est terminée alors que celle de McDonagh, âgé de 24 ans, commence à peine.
L'ex-propriétaire, George Gillett, avait qualifié Gainey de génie. Comme il s'y connaissait assez peu en hockey, il avait sans doute entendu ce commentaire quelque part au septième étage. Le génie ne s'est jamais manifesté. Gainey a été un joueur de hockey exceptionnel. Sa carrière aurait dû s'arrêter là.
Lafleur précise
Guy Lafleur n'a pas été réprimandé par Geoff Molson et n'a pas reçu l'appel de Marc Bergevin quand il a déclaré que le Canadien n'a pas besoin de joueurs comme Max Pacioretty et Thomas Vanek dans ses rangs. Il a fait cette déclaration après avoir vu le Canadien perdre le dernier match de sa série contre les Rangers, 1-0.
Selon lui, Pacioretty ne s'est pas présenté dans un match au cours duquel le Canadien luttait pour sa survie. Quant à Vanek, il croit qu'il s'est comporté comme un athlète qui n'avait pas le goût de jouer à Montréal.
Lafleur apporte une nuance, aujourd'hui. « Mon commentaire au sujet de Pacioretty concernait surtout le dernier match, dit-il. Je ne comprends pas qu'un joueur d'un tel calibre ait été invisible dans un match aussi important. C'est rare que je me fâche en regardant un match de hockey, mais ce soir-là, j'étais furieux dans mon salon. Une équipe qui ne se présente pas dans un moment aussi crucial des séries ne peut pas espérer gagner une coupe Stanley. »
Par ailleurs, Lafleur n'apprécie pas que les amateurs se satisfassent d'une participation à une ou deux séries pour ainsi conclure que l'équipe a connu une bonne saison. « C'est quoi cette façon d'être content d'une simple présence en séries? Montréal est une ville fière qui doit viser rien d'autre qu'une coupe Stanley », souligne-t-il.
Lafleur ne s'y prend pas toujours de la bonne manière pour exprimer ce qu'il pense, mais sa dernière déclaration était le cri du coeur d'un vrai Glorieux. À son époque, aucune défaite, aucune élimination, n'était acceptable. Ce qui explique qu'ils aient tous beaucoup gagné.