Alexandra Labelle a profité d'une audition inespérée
MONTRÉAL – En laissant Kristin O'Neill de côté pour le premier match préparatoire de son équipe, Kori Cheverie a créé un trou dans le deuxième échelon de sa ligne de centre. Pour le combler, son choix s'est arrêté sur Alexandra Labelle.
Cette décision fut probablement la proposition tactique la plus intrigante parmi celles mise de l'avant par Cheverie dans ce test de 60 minutes contre le Fleet de Boston. Labelle a passé la saison inaugurale de la LPHF dans un rôle strictement défensif avec les Sirens de New York. Elle avait affiché des statistiques offensives acceptables, mais pas transcendantes, pendant ses cinq saisons dans le réseau universitaire canadien avec les Carabins de l'Université de Montréal.
« Je ne vais pas vous le cacher, j'ai été un peu surprise de me retrouver là », admettait elle-même l'attaquante de 28 ans après la rencontre.
Pour cette joueuse invitée sans promesse au camp de la Victoire, l'une des cinq attaquantes toujours sans contrat à une dizaine de jours du début de la saison, l'occasion était platine. Elle a été traitée en conséquence.
Le trio que Labelle formait avec Maureen Murphy et Abby Boreen a été le meilleur du clan montréalais. En première période, c'est une mise au jeu gagnée par Labelle en zone défensive qui a initié la séquence qui a mené au seul but du match de la Victoire. La Québécoise a aussi provoqué un revirement qui lui a permis d'orchestrer une descente en surnombre avec Murphy. Sa passe vers cette dernière fut irréprochable, mais la gardienne Klára Peslarová a réalisé l'arrêt.
Labelle a rôdé autour du filet adverse durant tout l'après-midi, a fait dévier des tirs et a provoqué une pénalité mineure. Son trio était rapide en transition et intransigeant le long des rampes. Ce n'était qu'un match hors-concours, mais le courant passait clairement avec ses deux partenaires.
« J'ai un côté offensif qui était plus caché l'année passée, prétend celle qui a inscrit trois points en 24 parties la saison dernière. Je n'ai pas eu beaucoup d'opportunités de le montrer. Mais cet été j'ai beaucoup travaillé là-dessus et je sais que je l'ai, ce côté-là. Je dois juste être un peu plus confiante et selfish, comme on dit. Je suis une joueuse très généreuse, je vais donner la rondelle, je peux bien distribuer la rondelle et jouer un bon rôle défensif. Mais je pense que j'ai la tête de hockey pour bien jouer offensivement. Kori m'a donné l'occasion et j'ai essayé de répondre du mieux que je le pouvais. »
Cheverie a justifié sa décision en citant son désir de donner des « grosses minutes » à certaines joueuses pour voir si elles peuvent s'avérer à la hauteur de la situation. « J'ai aimé le match de Labelle », a-t-elle statué, soulignant son apport en zone offensive et la profondeur que sa présence offre à la position de centre.
Ironiquement, c'est le jeu défensif de l'ancienne du Cégep André-Laurendeau qui a irrité l'entraîneuse. « Je vais garder le contenu de nos conversations entre elle et moi, mais disons qu'on a rigolé à quelques reprises à propos de sa couverture défensive », a partagé Cheverie.
« Je ne sais pas ce qui lui était demandé à New York, alors je ne pourrais dire [s'il s'agit pour elle de s'ajuster à un nouveau système], mais on demande beaucoup à nos joueuses dès le début de ce camp et même si ce n'est qu'un premier match, on ne les épargnera pas si on constate qu'elles oublient leurs responsabilités dans notre territoire. On en a parlé et elle l'a bien géré, on est passées à autre chose. Mais elle sait qu'elle devra faire mieux la prochaine fois. »
Labelle n'a été froissée ni par les interventions, ni par les commentaires de l'entraîneuse qu'elle tente de convaincre.
« Je pense que je le lui ai déjà dit, je suis une joueuse qui est très réceptive aux commentaires. Je veux m'améliorer, je veux améliorer ma game chaque jour, chaque seconde que je peux. Alors les commentaires, je vais les prendre à bras ouverts. Et c'est vrai, je n'avais peut-être pas assez en tête de garder ma joueuse. Ça fait longtemps qu'on n'a pas joué des matchs. En défensive, je ne pense pas que j'ai fait des grandes erreurs, mais quand elle m'a dit ça, j'ai réfléchi, je me suis dit qu'elle avait raison. J'étais très offensive à ce moment-là, mais il ne faut pas que j'oublie mon côté défensif. »
Labelle aurait pu retourner tenter sa chance au camp de New York. Elle a plutôt choisi d'accepter l'invitation de la Victoire. Après un bref exil, son but avoué est de rentrer au bercail. Si elle connaît un camp à l'image du match qu'elle a joué mercredi, on ne voit pas comment l'équipe de sa ville natale pourrait se passer d'elle.