Chez la Victoire, l'heure des décisions a (déjà) sonné
MONTRÉAL – Le onzième jour du camp d'entraînement de la Victoire de Montréal s'est conclu vendredi et déjà, l'heure est aux décisions. Enfin, presque.
En battant la Charge d'Ottawa 6-3, l'équipe de l'entraîneuse Kori Cheverie a bouclé son court calendrier de matchs préparatoires. Elle n'a plus que deux entraînements à l'horaire avant le 27 novembre, date fatidique à laquelle les six équipes de la LPHF doivent transmettre à la ligue la formation avec laquelle elles amorceront la saison.
On peut présumer que Cheverie, ses adjoints et la directrice générale Danièle Sauvageau ont déjà une bonne idée de l'identité des 23 joueuses régulières et des trois réservistes qui émergeront du camp avec un contrat. Mais l'entraîneuse assure qu'il reste des trucs à vérifier et que les débats à l'interne jusqu'à l'heure H.
« Dans cette ligue, le temps est un luxe. On va prendre tout le temps dont on a besoin pour prendre nos décisions parce qu'elles ne seront pas faciles à prendre », anticipait la tacticienne.
La Victoire compte déjà onze attaquantes sous contrat. Deux d'entre elles, toutefois, sont présentement sur la touche. On sait déjà que Kennedy Marchment ne sera pas rétablie pour le début de la saison. Le statut de Catherine Dubois est plus nébuleux.
C'est donc dire qu'entre deux et quatre postes pourraient être disponibles pour les cinq attaquantes qui se sont présentées au camp sans contrat.
De ce groupe, Alexandra Labelle semble posséder les meilleures chances de gagner son pari. La joueuse de centre québécoise a connu un deuxième bon match consécutif, marquant notamment le but d'assurance sur un superbe tir en troisième période.
Les trois prétendantes rassemblées sur le quatrième trio ont aussi bien répondu à l'appel. Clair DeGeorge et Gabrielle David ont combiné leurs efforts pour produire le deuxième but des Montréalaises au premier tiers. L'unité était complétée par la Néo-Brunswickoise Sarah Bujold, qui a joué 21 matchs la saison dernière mais qui a plus difficilement tiré son épingle du jeu dans les deux matchs d'exhibition.
Bujold est la plus rapide des trois, mais a plus de difficulté à monétiser ses chances autour du filet adverse. DeGeorge présente un profil unique en ce sens qu'à 5 pieds 11 pouces, elle est l'attaquante la plus imposante au camp de la Victoire. Elle a aussi l'avantage d'avoir joué 33 matchs avec l'équipe championne de la première saison de la LPHF.
La recrue Dara Greig, choix de quatrième ronde au dernier repêchage, est l'autre candidate qui milite pour un contrat.
« Si on parle juste du match de ce soir, on a commencé de très belle façon, mais j'ai dû demander au groupe d'apporter des ajustements entre la deuxième et la troisième période. J'ai trouvé que les joueuses [qui sont sur la corde raide] ont vraiment trouvé le moyen de nous donner de bonnes minutes. C'est positif pour elles. »
À noter que trois attaquantes possèdent des contrats qui ne sont pas garantis. Si elle est en santé, Dubois est en sécurité. Même chose pour Mikyla Grant-Mentis, qui a été l'une des attaquantes les plus dynamiques et productives (deux buts, dont un de toute beauté en échappée) de Montréal contre la Charge. Elle ne s'en va nulle part.
Claire Dalton pourrait patiner sur une glace plus mince. Elle n'a convaincu personne aux côtés de Marie-Philip Poulin et Lina Ljungblom vendredi et a perdu sa place sur le premier trio avant la fin de la partie. Un scénario impliquant son départ apparaît improbable, mais n'est pas impossible.
L'absence de Barnes, l'importance de Boulier
En défense, l'absence de deux éléments importants pour commencer la saison rétrécit considérablement le champ des possibilités. Sans Cayla Barnes et Dominika Lásková, on retrouve huit candidates pour sept postes réguliers. Le dilemme final devrait impliquer la vétérane Catherine Daoust et la jeune Kelly-Ann Nadeau.
Le match contre Ottawa fut marqué par le retour au jeu d'Amanda Boulier, qui avait dû faire l'impasse sur le début du camp en raison d'une blessure. La miniature quart-arrière a démontré qu'elle sera un élément crucial de la brigade montréalaise. Impassible sous pression, mobile comme pas une et toujours précise dans ses relances, son apport sera d'autant plus précieux dans un top-4 hypothéqué.
Les nouvelles venues Anna Kjellbin et Anna Wilgren poursuivent discrètement leur adaptation à leur nouvelle ligue et devraient pouvoir contribuer à la cause sans ralentir le groupe dès le début de la saison. Kjellbin, la capitaine de l'équipe nationale suédoise, apparaît comme la valeur la plus sûre des deux.
« Elle offre du jeu très mature, a vanté Cheverie. Elle apporte beaucoup d'expérience, de calme et de sang-froid. Elle est capable de jouer dans plusieurs situations différentes, ce qui est important. On l'a utilisé à toutes les sauces pour voir comment elle allait réagir et on est satisfaits de ce qu'on a vu. »
À ce stade-ci de la saison, le plus gros point d'interrogation dans le camp de la Victoire, et celui qui pourrait déboucher sur la réponse la plus potentiellement dommageable, demeure la durée de l'absence de Barnes. Le choix de première ronde de l'équipe l'été dernier a semblé se blesser sérieusement alors qu'elle portait les couleurs des États-Unis dans le plus récent chapitre de la Série de la rivalité. Publiquement, l'organisation reste opaque sur le sujet et refuse de dévoiler le moindre détail.
Des éclaircissements seraient pourtant pertinents afin d'analyser lucidement les différents angles de la prochaine mouture de la formation montréalaise.
« Selon ce que j'observe chez elle sur une base quotidienne, on a l'impression qu'elle progresse bien, a dit Cheverie. On veut juste s'assurer qu'on ne précipite rien. Elle est évidemment une joueuse importante pour nous et sa santé est notre priorité. On veut s'assurer qu'elle est en pleine forme avant de revenir. Mais avec ce qu'on a vu de notre brigade, je suis confiante qu'on puisse tenir le fort jusqu'à ce que ce moment soit venu. »