La 3e fois est la bonne pour Marie-Philip Poulin et la Victoire
LAVAL – Marie-Philip Poulin n'est pas parfaite. Mais si vous lui donnez une troisième chance de vous battre, vous pouvez commencer à faire vos prières.
La capitaine de la Victoire de Montréal a marqué le seul but d'une séance de tirs de barrage sous haute tension samedi à la Place Bell, procurant à son équipe une victoire de 4-3 sur la Charge d'Ottawa.
Poulin venait de rater deux duels contre Emerance Maschmeyer. Dans les dernières secondes de la prolongation, son tir avait raté la cible à la droite de la gardienne. Au tout début de la fusillade, elle avait visé l'autre côté sans plus de succès.
Mais la LPHF permet d'envoyer la même tireuse à plus d'une reprise dans l'ultime bris d'égalité. Après avoir vu ses quatre premiers choix arriver à court, l'entraîneuse Kori Cheverie a décidé de jouer les probabilités. Son instinct ne l'a pas trompée.
« Ce n'était pas une décision planifiée. On a fait des calculs rapides et on s'est dit qu'elle n'en manquerait pas trois de suite », a expliqué Cheverie, sourire en coin, à son passage devant les médias.
« Elle a raté sa première échappée, elle était en colère contre elle-même. La deuxième fois, elle n'est pas allée du même côté qu'à l'habitude, ça a piqué ma curiosité. La troisième fois, elle a opté pour sa feinte la plus connue... et elle a marqué! »
« C'est ça le hockey, hein? Des fois, il faut s'ajuster, a réagi Poulin avec son humilité habituelle. La troisième fois, j'ai essayé de changer un petit peu et j'ai été chanceuse, ça a rentré. »
Après avoir reçu les félicitations de ses coéquipières au banc, Poulin, survoltée, a envoyé un index complice en direction de sa gardienne Ann-Renée Desbiens. Cette dernière a répondu au défi en complétant son balayage, arrêtant la tentative de Kateřina Mrázová.
Desbiens a ainsi eu le dernier mot sur Maschmeyer, sa partenaire en équipe nationale. Cette dernière a failli réaliser un vol de grand chemin en réalisant 43 arrêts en 65 minutes de jeu. Mais si la Victoire a quitté Laval avec deux points au classement, elle le doit autant à sa cerbère étoile qu'à son attaquante phare.
Moins sollicitée dans les deux premières périodes, Desbiens s'est signalée avec quelques refus culottés à la fin du temps réglementaire. Avec 4:44 à jouer, elle a réalisé un petit miracle en allongeant la mitaine alors qu'elle était étendue sur le dos, gobant un revers de Gabbie Hughes. Quarante secondes plus tard, la muraille de Charlevoix a dit non à Alexa Vasko en échappée.
En prolongation, juste avant le premier échec de Poulin, Desbiens a assuré la survie de son équipe en remportant un autre duel à 1-contre-1, cette fois contre Anna Meixner.
Elle a terminé la rencontre avec 29 arrêts.
Deux déficits, deux remontées
Les joueuses de la Victoire ont commencé la rencontre avec une énergie proportionnelle à celle qui circulait dans les gradins, occupés par 10 033 spectateurs, lors des cérémonies d'avant-match. Pourtant, grâce à une bonne dose de chance, les visiteuses se sont payé le luxe d'une avance de deux buts avant la 23e minute.
En première période, Emily Clark a été créditée du premier but de la rencontre quand l'attaquante montréalaise Abigail Boreen a poussé sous Desbiens la rondelle que la gardienne venait de repousser. Puis au tout début de la deuxième, une remise de la recrue Danielle Serdachny devant le filet a ricoché sur la lame d'un patin de la défenseuse Katie Tabin avant de glisser derrière Desbiens.
« Je n'ai pas aimé les bonds malchanceux dont nous avons été victimes, mais je ne dis pas qu'on ne les méritait pas, a relativisé Cheverie. On a pris quelques mauvaises décisions qui leur a donné un 3 contre 1. Je n'ai vraiment pas aimé le but qu'elles ont marqué de l'arrière de notre filet. On savait qu'elles essaieraient ça et on s'est quand même laissé surprendre. »
« Mais je connais la force de caractère qu'il y a dans notre vestiaire et je n'étais pas inquiète pour la suite », a ajouté l'entraîneuse.
« Sur le banc, vous n'auriez jamais deviné qu'on perdait par deux buts, a confirmé Erin Ambrose. J'ai regardé le tableau indicateur après leur deuxième but et elles avaient dix tirs au but. Deux d'entre eux étaient directement notre faute. Mais j'ai été impressionnée par la façon dont est restées fidèle au plan initial, sans paniquer. »
La réplique n'a pas tardé. Boreen s'est rachetée avant la mi-match, plaçant un tir parfait au-dessus du bloqueur de Maschemeyer. Laura Stacey a créé l'égalité six minutes plus tard grâce à un missile décoché en avantage numérique.
Ottawa a repris l'avance juste avant le deuxième entracte, quand l'ancienne Montréalaise Tereza Vanišová a déjoué Desbiens en échappée. Mais les joueuses locales ont de nouveau profité d'un jeu de puissance pour niveler le pointage au début du dernier tiers. Comme elles l'ont fait si souvent à l'Université Ohio State, les recrues Cayla Barnes et Jennifer Gardiner, les deux premiers choix de l'équipe au dernier repêchage, ont fait équipe pour porter le score à 3-3.
Les visages familiers se sont occupé du reste.